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- « Je ne veux pas programmer mon dernier match. Le programmer, ça veut dire qu’il faut s’y tenir, et je ne veux pas y penser »
- « Pour les cent ans du Parc Lescure, il y a eu un match entre le VCF et les anciens des Girondins. Le président Lopez est allé saluer le Variétés, mais il n’est pas entré dans le vestiaire des anciens »
A l’occasion du 2500ème match du Variétés Cub de France, nous avons rencontré Alain Giresse. Dans un entretien exclusif, le champion d’Europe 1984, demi-finaliste de la Coupe du Monde 1982, évoque son incroyable longévité, mais aussi la situation des Girondins de Bordeaux, qui continue à l’inquiéter.
A 72 ans, vous êtes toujours sur les terrains, vous avez un secret ?
Pas de secret, je n’ai rien fait pour… C’est naturellement. J’ai un organisme qui le permet, pas trop de problèmes articulaires… Après, il faut avoir envie, la passion reste le moteur principal. Si derrière physiquement ça suit, il faut en profiter.
Après une longue carrière professionnelle, c’est l’occasion de prendre du plaisir…
À lireOL : ça se complique pour le prêt d’Endrick (Real Madrid)Mais le football a toujours été du plaisir. Etre sur un terrain, autour d’un terrain… Tant qu’on est dans un domaine qui nous plait, tant mieux si ça peut durer.
Vous savez à combien de matchs vous avez participé sur les 2500 ?
Non, c’est une bonne question. Je pourrais le retrouver. J’ai commencé en 1982, mais je faisais surtout les grands matchs… Des jubilés ou autre, comme le match à Jericho (en octobre 1993, contre la Palestine)…
« Je ne veux pas programmer mon dernier match. Le programmer, ça veut dire qu’il faut s’y tenir, et je ne veux pas y penser »
Si vous deviez retenir un seul match ?
À lireLes choix forts d’Habib Beye (Rennes) pour sauver sa peauJe vous parlais du match à Jéricho contre la Palestine. C’était assez exceptionnel de jouer là-bas. Après, il y a mon jubilé, qui me touchait personnellement, d’autres jubilés, l’inauguration du stade à mon nom dans mon village… Mais tous les matchs comptent. On a cette capacité d’offrir des fonds à des associations.
En 53 ans, le Variétés a redistribué plus de 6 millions d’euros de dons, c’est aussi grâce à vous…
C’est le Variétés avant tout, qui permet ça. C’est quelque chose exceptionnel.
Vous avez fixé une deadline pour arrêter de jouer ?
À lireViré en Angleterre, il a du mal à gérer l’après ReimsOn a fait souvent des « derniers matchs ». Celui de Marius Trésor, celui de Jan-Michel Larqué… Moi j’ai dit à Jacques, tu ne penses pas à la préparation de mon dernier match. Je ne veux pas le programmer. Fatalement, il viendra, mais le programmer, ça veut dire qu’il faut s’y tenir, et je ne veux pas y penser. Ce sera peut-être dans un mois, dans un an, dans cinq ans… Je ne veux pas savoir. C’est mieux de penser que les choses continuent plutôt qu’elles s’arrêtent.
« La disparition de Johan Neeskens, c’est un moment qui a été très dur à vivre pour le Variétés »
A propos de mauvaises nouvelles, vous avez été très touché par la disparition de Johan Neeskens…
La disparition de Johan Neeskens a été un moment très douloureux. Je l’ai rencontré lors de l’Euro juniors en Ecosse. Après je l’ai croisé régulièrement en sélections, puis je l’ai connu à travers le Variétés Club de France. Il jouait encore avec nous au mois d’avril dernier. C’est un moment qui a été très dur à vivre pour le Variétés.
À lireLe football turc sali par ses propres arbitresParlons des choses qui fâchent, la situation des Girondins de Bordeaux…
Ça ne me fâche pas, ça m’attriste. Si ça me fâche, c’est par rapport aux responsables. Ceux qui ont mis le club dans cet état là. C’est dramatique. Ces gens là, ce sont des incompétents, qui n’ont pas su faire tourner le club, sportivement et financièrement.
On a appris que la famille Arnault avait envisagé Bordeaux avant de racheter le Paris FC, ça doit être rageant…
Le problème de Bordeaux, c’est qu’il y avait des dettes colossales. Si vous prenez un club avec des dettes importantes, vous commencez par combler, mais vous ne construisez pas. C’est peut-être ça qui les a fait hésiter. Maintenant, c’est en redressement judiciaire, les dettes vont être traitées, des gens vont perdre de l’argent, mais le club continue…
« Pour les cent ans du Parc Lescure, il y a eu un match entre le VCF et les anciens des Girondins. Le président Lopez est allé saluer le Variétés, mais il n’est pas entré dans le vestiaire des anciens »
Vous répondez quoi aux supporters qui demandent que les anciens joueurs aident le club ?
À lireEurope : nouveau doublé pour Mbappé (Real Madrid), Cherki brille avec City, le Bayern B gagne avant ParisOn fait quoi ? Il faut apporter un chèque ? Pour en faire quoi ? Le donner à ce monsieur (ndlr : Gérard Lopez), après ce qu’il en fait de l’argent ? Non, rien du tout ! Je me répète, mais le club est dans une telle situation que l’argent que l’on peut mettre va seulement combler les dettes. Après, on fait comment ? Il faut rajouter de l’argent pour construire. A Paris, la famille Arnault, elle n’est pas confrontée à ça. A Bordeaux, vous reprenez un club qui est en National 2. Et si vous le rachetez, cela ne vous met pas en Ligue 1, il va falloir construire jusqu’en haut. A soupeser tout ça, le choix est fait. Il y a un gain de temps, en reprenant un club bien parti pour aller en Ligue 1.
Des investisseurs peuvent-ils venir à Bordeaux si Gérard Lopez est toujours-là ?
Vous avez quelqu’un qui a mis le club dans cet état là, est-ce que vous pouvez avoirs confiance en sa capacité à relever le club en continuant comme ça ? Il n’y en a pas beaucoup qui vont y croire… Là, on voit le club de l’extérieur, sa situation sportive et financière, mais en interne, il faut voir ce qui se passait. Ce club a été complètement déconnecté de ce qu’il était. Régionalement, par rapport à la sphère bordelaise… Rien ne fonctionnait.
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À lireTransferts : l’OM de nouveau sur la piste Jonathan David (Juventus) !On a fait les cent ans du Parc Lescure au mois de mai dernier. Il y avait un match entre le Variétés Club de France et les anciens joueurs des Girondins. Le président Lopez est allé saluer le Variétés, mais il n’est pas entré dans le vestiaire des anciens. Rien que ça, ça dénote comment il perçoit le club. C’est le modèle économique que l’on voit de plus en plus. Les investisseurs arrivent, ils veulent rentabiliser leurs investissements et ils ne traitent pas le club comme on doit le traiter, par rapport à ses racines, ses caractéristiques régionales.
Vous êtes toujours pessimiste pour l’avenir des Girondins ?
Je suis toujours inquiet. Aujourd’hui, le club est en sursis. L’administrateur a prolongé. On n’a pas dit : « voilà, c’est terminé, tout est carré ». Il y a une situation sportive difficile, mais c’est toujours au niveau finance qu’il y a de l’inquiétude. La situation reste très compliquée.
