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Ancien de Lyon, Marseille et Saint-Etienne, Bafétimbi Gomis veut redonner et transmettre aux jeunes générations ce que le football lui a donné ou appris. En rejoignant le comité de solidarité de l’UNFP très tôt après sa retraite, Gomis se lance dans un projet au long terme qui lui tient à coeur.
Vous êtes un jeune retraité, pourquoi s’inscrire aussi dans ce projet ?
Je ne me suis pas inscrit, on a fait appel à moi. Quand j’étais joueur, j’ai toujours eu ce discours de solidarité, on est dans un sport collectif et c’est important d’essayer d’être rassembleur, de montrer l’exemple, de véhiculer une belle image du club. Ça m’a suivi, on a fait appel à moi et j’ai trouvé que ça avait du sens d’essayer de transmettre, de redonner ce que le football nous a donné, et aussi d’embellir des histoires.
Il y a des joueurs et des joueuses qui vont faire carrière et je pense que c’est important de leur venir en aide, en faisant des formations. Ce n’est pas que des histoires où les personnes sont dans des situations précaires, il y a aussi des formations qui nécessitent un coup. Il y a des joueurs très intelligents qui n’ont pas forcément eu la rémunération qui pourraient l’aider à bénéficier de certaines choses. Ce comité viendra en aide à ce joueur-là, qui, en réussissant sa formation, aidera d’autres joueurs. Je pense que c’est ça qui est beau et qui est à mettre à l’honneur.
« J’ai des petits frères que je devais orienter et amener dans le bon chemin »
Vous auriez aimé avoir ça pendant votre carrière ?
À lireCombien gagne Jonathan Clauss ?J’aurais aimé, mais par la grâce de Dieu, je n’en ai pas eu vraiment besoin. Après, j’ai eu à échanger avec les membres de l’UNFP qui m’ont donné des bons conseils et des orientations. J’ai été quelqu’un de plutôt curieux, qui parlait avec les grands frères qui m’ont montré la voie. Après, j’ai été performant et je n’ai pas eu de « blessures ». J’ai pu faire des grands clubs avec des grandes rémunérations, mais c’était aussi une responsabilité parce que j’avais aussi des jeunes frères, des petits frères que je devais orienter et amener dans le bon chemin. C’est aussi ce que je vais continuer à faire avec ce comité-là, à être en prévention, ne pas attendre la fin de carrière pour donner des conseils aux jeunes générations et aussi leur montrer ce qu’ils peuvent avoir entre les mains et bénéficier de certaines formations afin de préparer la suite.
C’est Robert Pirès qui est venu vous chercher. Qu’est ce que ça vous fait qu’il ait pensé à vous ?
Pour moi, Robert représente beaucoup. C’est France 98. C’est une génération dorée qui nous a fait rêver, je me rappelle, dans mon modeste appartement, dans mon quartier à Toulon, célébrer ce succès de tout un pays derrière son équipe et aussi ce qu’il a fait dans ce championnat de France avec le FC Metz, les PP flingueurs, tout ça. Quand je le vois, je revois un peu une partie de ma jeunesse, mais surtout, maintenant, je vois l’homme, parce qu’il ne marque plus de buts. Je connaissais le joueur et je prends vraiment plaisir à découvrir l’homme qu’il est, plein de valeurs.
À lireEnlever son maillot après un but : cette joie irrationnelle qui peut coûter cherIl a dit qu’un des enjeux, c’est de permettre aux joueurs d’oser demander de l’aide. Je pense qu’on ne s’en rend pas compte, mais c’est dur quand on est footballeur de demander de l’aide.
Vous savez, personne ne réussit tout seul. Si je suis devant vous et que j’ai réussi ma première carrière, c’est parce qu’on m’a aidé. Et si je veux réussir la prochaine, c’est parce qu’on va m’aider aussi. On débute et il ne faut pas avoir peur. Je pense que pour tendre la main, il faut de la pudeur, du respect, de la discrétion. C’est à nous de faire en sorte que ces personnes-là soient protégées. Pour moi, l’UNFP, c’est la maison des footballeurs et des footballeuses. Chacun doit être traité avec le respect et l’amour.
Quand vous voyez l’évolution du foot, l’évolution de la société, vous pensez que c’est quoi les grands enjeux ? C’est quoi les grands enjeux à venir pour aider ces nouvelles générations qui arrivent ?
Je pense qu’il faut s’adapter à ces générations qui sont dans les réseaux sociaux. Ça sera un très bon outil de communication pour ce comité. Avant, c’était le bouche-oreille, il fallait qu’ils se déplacent. Aujourd’hui, à travers tous ces réseaux sociaux, on peut les toucher. Je pense qu’on aura très vite des retours et les demandes seront assez nombreuses, assez vite.
« Redonner ce que la vie m’a offert »
Est-ce que vous pouvez nous parler plus en détail de votre projet au Sénégal ?
À lireCe joueur de la Juventus qui met déjà le feu au mercato d’hiverAvec mes agents, on s’est toujours dit d’essayer de redonner ce que la vie m’ a offert, une belle éducation, d’essayer de sauver des personnes. Je l’avais déjà fait avec une dame qui travaillait à Lyon. À l’époque, on a adopté une petite fille qui s’appelle Sacha. Ça m’avait mis une idée dans ma tête, qu’un jour je devrais essayer de faire un orphelinat. Ça s’est passé, on s’est rapproché avec mon agent et on s’est dit qu’on allait le faire. C’est bien d’essayer de redonner le sourire à des personnes qui n’ont pas de parents, qui ont un quotidien difficile. C’est apporter ma pierre à l’édifice.
Ça se passe bien les premiers mois de retraité ?
Parfois c’est difficile à vivre pour un footballeur. C’est difficile à vivre, même si j’étais préparé, parce que j’ai joué jusqu’à 39 ans. Et quand tu as été un grand joueur, c’est dur pour toi d’accepter que tu n’as plus cette importance-là dans un groupe. Tu sais que pour toi, c’est mieux d’arrêter que de donner une image qui n’est pas forcément la tienne. J’étais prêt à ce niveau-là. Mais c’est vrai que de se lever sans un réel objectif, d’avoir un quotidien différent, ce n’était pas évident.
On se laisse un peu aller, on profite avec les enfants, on mange un peu trop, on commence à prendre du poids (rires). Mais j’avais besoin de ça pour lâcher, parce qu’en termes de carrière, il y a une rigueur à tenir. J’avais besoin de me lâcher, mais j’ai des sollicitations dans ce comité. Tu t’occupes. C’est bien d’aller vers les autres. Ce comité, ça m’aide parce que je vois la chance que j’ai déjà en ayant terminé cette carrière. Et puis essayer de donner la force qu’on a et l’adrénaline qu’il nous manque avec les matchs. C’est d’autres combats, c’est d’autres matchs à gagner ensemble.
À lireTransferts : comment Michele Kang compte faire venir Endrick à l’OLVous avez fait trois clubs ennemis en passant par Lyon, Marseille et Saint-Etienne. Qu’est-ce que vous pensez des supporters et notamment du cas Rabiot ?
C’est très difficile par rapport à ce qui est arrivé à Adrien. Je suis de tout cœur avec lui. Je pense qu’on doit épargner les familles. Qu’ils se fassent huer, je n’ai pas de problème avec ça. Je pense que ça va même le galvaniser, parce que c’est un très bon joueur. Il a fait un très bon match.
Mais de là à attaquer les familles qui viennent regarder le match, de les traiter de tous les noms, je ne suis pas d’accord. Je pense qu’on devrait bannir tout ça de notre football. Après, je ne veux pas que nos stades deviennent des églises. Il faut qu’il y ait cette rivalité, cette animosité, mais qu’il y ait une limite à ne pas dépasser.