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Ce record honteux de Thierry Henry

Thierry Henry, buteur légendaire, traîne un lourd fardeau européen : son efficacité aux penaltys en Ligue des Champions est la pire de l’histoire moderne.

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La Ligue des Champions n’épargne personne. Même les plus grands noms de l’histoire du football y ont connu des échecs retentissants, souvent concentrés dans un geste unique : le penalty. En apparence simple, cette frappe à douze mètres devient, sous la pression européenne, un test de résistance mentale autant qu’un défi technique. Thierry Henry, Lionel Messi, Antoine Griezmann ou encore Radamel Falcao ont tous échoué là où ils étaient censés briller. En croisant les trajectoires individuelles et les études en psychologie du sport, une réalité s’impose : les penaltys en Ligue des Champions sont le miroir d’une fragilité universelle.

Thierry Henry, hanté par l’Europe

Avec un taux de conversion de 37,5 % en Ligue des Champions (3 penalties marqués sur 8), Thierry Henry détient le pire ratio parmi les joueurs ayant tenté au moins huit fois. Un paradoxe étonnant pour un attaquant de classe mondiale, auteur de 228 buts en Premier League et réputé pour sa régularité.

Le contraste est d’autant plus frappant que ses statistiques en championnat anglais sont excellentes : 23 penalties transformés sur 25 tentés (92 %). Tous ses échecs sont survenus exclusivement sur la scène européenne. Le plus symbolique reste celui de la finale 2006 face au FC Barcelone. À la 18e minute, Arsenal perdait déjà son gardien Jens Lehmann, expulsé. Quelques minutes plus tard, Henry manqua une occasion franche face à Victor Valdés, un moment-clé que l’ancien attaquant considère encore aujourd’hui comme un tournant définitif.

En 2024, dans une interview accordée à CBS Sports, Henry confiait que cette série d’échecs l’affectait encore : « Je me sens comme si j’avais déçu. J’ai toujours ce sentiment de ne pas avoir livré pour Arsenal en Ligue des Champions. »

Lionel Messi : cinq ratés, une faille dans l’armure

Lionel Messi partage avec Henry le record du plus grand nombre de penalties manqués en Ligue des Champions (5), mais sur un total bien plus élevé : 23 tentatives. Son taux de réussite de 78,3 % reste honorable, mais ses échecs n’en sont pas moins marquants.

Trois de ses manqués ont eu lieu avec le FC Barcelone entre 2010 et 2014, les deux autres sous le maillot du Paris Saint-Germain. L’un des plus notables s’est produit en février 2022 contre le Real Madrid. Thibaut Courtois, qui avait préparé cette rencontre en étudiant les habitudes de tir de l’Argentin, plonge du bon côté et arrête le penalty. L’épisode illustre une réalité contemporaine : les gardiens d’élite exploitent désormais chaque donnée disponible pour anticiper, réduisant la part d’improvisation du tireur.

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Ce type de préparation, couplé à la pression croissante de la Ligue des Champions, pousse même les meilleurs joueurs à la prévisibilité. À haute intensité, même les automatismes peuvent se dérégler.

Griezmann : une finale, un basculement

Antoine Griezmann affiche un taux de réussite en Ligue des Champions de 50 % (4 sur 8), bien en dessous des standards pour un joueur de son calibre. Son échec le plus marquant reste celui de la finale 2016 contre le Real Madrid. À la 47e minute, l’Atlético Madrid bénéficie d’un penalty alors qu’il est mené 1-0. Griezmann s’élance et frappe la barre transversale. L’égalisation aurait pu changer la physionomie du match. Elle ne viendra que tardivement, et les Colchoneros s’inclineront finalement aux tirs au but.

Depuis ce match, le Français n’a jamais totalement retrouvé sa sérénité face au point de penalty, ni son efficacité. En janvier 2025, il rate un penalty crucial contre Leganés en Liga. Ce pattern d’irrégularité alimente une lecture psychologique plus profonde.

Le professeur Geir Jordet, spécialiste en psychologie du sport, a identifié ce qu’il appelle la « status anxiety » : une baisse de performance observable chez les joueurs ayant atteint un haut niveau de reconnaissance. Selon ses travaux, les joueurs de statut établi convertissent seulement 59 % de leurs penalties, contre 89 % pour ceux dont le statut est en devenir.

Falcao : 0 sur 3, le pire bilan historique

Radamel Falcao détient un record unique : aucun but inscrit sur penalty en Ligue des Champions, malgré trois tentatives. Ce chiffre est d’autant plus étonnant que l’attaquant colombien affiche un taux de réussite de 93,75 % en Liga (15 sur 16).

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Son penalty raté contre Manchester City en 2017, alors que Monaco menait 2-1, reste emblématique. Falcao bute sur Willy Caballero, City égalise peu après, et le match bascule. L’entraîneur Leonardo Jardim identifiera ce moment comme le tournant de la rencontre.

Le style d’élan de Falcao — un départ lent suivi d’une accélération — a souvent été perçu comme un symptôme de doute. À l’échelle continentale, ce doute ne l’a jamais quitté.

Hazard : une technique unique devenue un handicap

Eden Hazard s’est construit une réputation de tireur de penalties méthodique, utilisant une technique basée sur l’observation du gardien jusqu’à la dernière seconde. Cette méthode, saluée en Premier League, s’est révélée moins efficace en Ligue des Champions : 3 échecs sur 8 tentatives, soit un taux de réussite de 62,5 %.

Face à Maribor en 2014, puis contre le Maccabi Tel-Aviv en 2015, Hazard manque deux penalties dans des matches pourtant abordables. Avec le temps, il modifie son approche et opte pour des frappes plus classiques. Un changement qui coïncide avec un déclin plus général de ses performances.

Les autres grands noms concernés

Sergio Agüero (4/15), Ruud van Nistelrooy (4/14), Thomas Müller (3/11), Luis Figo (3/13) ou encore Andriy Shevchenko (4/10) ont tous connu des échecs marquants à douze mètres. Le cas de Shevchenko reste attaché à la finale 2005 face à Liverpool, où il échoue en prolongation, puis lors de la séance de tirs au but. Malgré leur statut, ces joueurs n’ont pas toujours su gérer la spécificité mentale des grands rendez-vous européens.



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