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Ces gamins à l’assaut du World Tour !

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Ces dernières années, le peloton n’attend pas pour offrir leur chance aux meilleurs juniors d’intégrer directement les équipes World Tour. A l’image de Paul Seixas et Albert Withen Philipsen. 

Comme chaque saison, le peloton voit arriver de nouveaux visages, et certains même très jeunes. En effet, il n’est plus rare de voir des juniors passer directement en professionnels et cela est encore le cas avec Paul Seixas (18 ans) chez Decathlon AG2R La Mondiale, en compagnie de Léo Bisiaux (20 ans le 14 février) et Oscar Chamberlain (20 ans), ou encore le champion du monde juniors, Albert Withen Philipsen (18 ans, Lidl-Trek, photo ci-dessus), Zak Erzen (19 ans, Bahrain-Victorious), Pablo Torres (UAE Team Emirates-XRG, 19 ans), Matthew Brennan (Visma Lease a Bike, 19 ans) et Jorgen Nordhagen (Visma Lease a Bike, 20 ans).

A la tête de l’équipe de France juniors depuis 2014, Julien Thollet est un témoin privilégié de ce changement de stratégie des équipes professionnelles. « On a des coureurs plus précoces qu’il y a une dizaine d’années et qui sont armés pour aller affronter le peloton professionnel grâce à la charge de travail. On a eu un tournant avec l’avènement d’Evenepoel. C’était un déclencheur. Il était junior en 2018. Il écrasait la concurrence. Dès qu’il est arrivé chez les pros, le regard a changé. Dès sa première année, il gagne la Classique San Sébastien. Les gens se sont rendu compte que ça pédalait chez les juniors. La Covid a impacté cela avec les charges de travail qui ont augmenté en juniors. Rapidement, tous les entraîneurs, et nous à la Fédération (FFC), on a essayé d’accompagner ce mouvement, on s’est dit que l’on avait des jeunes coureurs qui étaient capables d’encaisser des charges de travail. » 

« Des coureurs plus précoces qu’il y a 10 ans » 

Pour autant, Julien Thollet souhaite également pointer du doigt l’importance d’accompagner les juniors dans leur développement vers le haut niveau. « On a à faire à de jeunes coureurs qui sont lycéens et, à un moment donné, il faut organiser l’emploi du temps afin qu’ils puissent réussir et avoir le temps d’allier l’entraînement et le bac. Il fallait trouver l’équilibre entre l’augmentation des charges de travail et la vie scolaire. A l’étranger, on avait pu observer certains abus. On l’a vu avec l’Américain Quinn Simmons qui a été champion du monde Juniors en 2019, il était rendu à 27-28 000 km en juniors ! Ça nous paraissait démentiel. »

Avant de rejouter. « On est passé d’un cyclisme qui ne regardait pas le peloton juniors, avant 2018, à l’inverse. Les équipes professionnelles et les recruteurs regardent exclusivement ce peloton. L’augmentation des moyens, grâce à la hausse des budgets, permet d’avoir des équipes de Développement. On ne mesure encore pas l’impact, mais on fait passer beaucoup de juniors en professionnels et tous ne sont pas prêts. »

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« Il y a 10 ans, on pensait que les juniors n’étaient pas prêts alors que certains l’étaient. On les a peut-être freinés. Certains auraient pu passer pro. Maintenant, c’est l’inverse, on fait passer tout le monde. Tous ne sont pas adaptés et il faudrait les voir continuer en Espoirs ou amateurs pour continuer à faire leurs gammes et s’endurcir pour aller affronter le monde professionnel. »

L’UCI et les institutions doivent se montrer attentives à l’évolution des attentes et des exigences du haut niveau que ce soit physiquement et mentalement
car il se pourrait bien qu’à l’avenir les carrières soient plus courtes. A croire que l’émergence du projet « Mbappé » dans le cyclisme pourrait devenir une réalité.

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Le temps presse pour Paul Seixas et sa génération

« Certains coureurs ou leur environnement se rendent compte que le temps est compté. Un cadet première année sait qu’il a trois ans pour se faire repérer et être performant, éventuellement signer un contrat professionnel. Ils sentent cette forme de pression qui arrive chez les cadets et qui était déjà présente dans la catégorie juniors. On a le devoir d’être vigilant, mais on est en mode compresseur. On le sait. »

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Paul Seixas est désormais un exemple à mettre en avant. A 18 ans, le jeune Français découvre le World Tour, mais ce n’est pas une surprise pour Julien Thollet. « Je l’ai côtoyé pendant deux ans. Il est armé physiquement et mentalement. Paul coche pas mal de cases malgré son jeune âge que ce soit physiquement, tactiquement et techniquement pour s’adapter au cyclisme professionnel.Il doit encore apprendre beaucoup de choses. Ça passera par son équipe pro. Il devra sûrement passer parfois par l’équipe Devo, mais il est armé. Il fait partie des Juniors qui ont marqué la catégorie. »

Mais il ne sera pas le seul coureur à suivre. « On peut aussi évoquer Léo Bisiaux. Les autres devront sûrement patienter et travailler. Mais on l’a vu chez Paul Magnier, ça peut être intéressant de faire des aller-retours avec l’équipe développement. C’est important d’aller gagner et de redescendre d’un cran pour jouer les premiers rôles, ça permet de garder cette bonne habitude qui leur sera utile au-dessus. Il faut leur faire goûter à la cour des grands, mais qu’ils continuent aussi à prendre plaisir en levant les bras. » Les juniors sont désormais prêts à ne pas attendre pour exploser. C’est une réalité. Et cela pourrait ne plus être surprenant à l’avenir.

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