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Chevalier – Donnarumma : le comparatif

Entre l’expérience de Donnarumma et le potentiel de Chevalier, le PSG doit trancher. Analyse d’un duel explosif.

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Entre l’expérience de Donnarumma et le potentiel de Chevalier, le PSG doit trancher. Analyse d’un duel aux implications profondes.

Le Paris Saint-Germain est à l’heure d’un choix décisif entre deux profils que tout oppose. À 23 ans, Lucas Chevalier s’apprête à rejoindre le club pour 40 millions d’euros, fort d’une saison pleine et d’une progression linéaire à Lille. En face, Gianluigi Donnarumma, 26 ans, conserve un palmarès impressionnant et des références européennes saluées par toute l’Europe… À travers ce comparatif, c’est un duel de styles, de performances et de perspectives qui s’installe entre deux gardiens aux trajectoires inverses.

Volume de jeu et constance : le facteur Chevalier

La saison 2024/2025 met en lumière un écart de régularité flagrant entre les deux gardiens. Chevalier, titulaire indiscutable à Lille, a disputé 34 rencontres de Ligue 1, contre 24 pour Donnarumma, parfois relayé par Matvey Safonov. Le portier lillois a signé 11 clean sheets (32 % de ses matchs sans encaisser de but), quand Donnarumma n’en totalise que 4 (17 %). Le pourcentage d’arrêts confirme la tendance : 72,44 % pour Chevalier, contre 66,67 % pour l’Italien. Cette supériorité chiffrée découle d’une disponibilité constante et d’une fiabilité technique croissante, qui posent la base d’un profil solide à haut rendement.

Jeu au pied : Chevalier devant Donnarumma

Dans le football moderne, le gardien n’est plus un simple dernier rempart : il devient le premier relanceur. C’est précisément sur ce point que Chevalier devance Donnarumma. Selon Jérôme Alonzo, l’ancien portier parisien, le joueur formé à Lille montre une palette complète dans ses relances : courtes, lobées ou longues, avec une lecture intelligente des circuits de pressing. Un atout majeur dans le système de Luis Enrique, qui demande à son gardien de participer activement à la phase de construction.

À l’inverse, Donnarumma reste moins à l’aise dans cet exercice, malgré un taux élevé de passes courtes réussies (81 %, contre 73,8 % pour Chevalier). Le problème est ailleurs : l’Italien n’ose pas casser les lignes. Il ne totalise que 5 passes vers le dernier tiers sur l’ensemble de la saison, contre 28 pour Chevalier. Ce déficit de verticalité est d’autant plus préoccupant qu’il s’accompagne d’un souci physique : une gêne récurrente à la hanche gauche limite sa précision sur les passes longues du pied opposé. Résultat : son taux de réussite sur les transmissions au-delà de 35 mètres plafonne à 34 %.

Dans les airs, deux philosophies du poste

La gestion des ballons aériens reste l’un des angles morts du jeu de Donnarumma. Sa difficulté à intervenir dans les duels aériens s’est une nouvelle fois révélée en octobre 2024, face à Arsenal, où une sortie manquée a offert un but à Kai Havertz. Thierry Barnerat, conseiller technique auprès de Thibaut Courtois, évoque une influence culturelle italienne peu favorable aux sorties et un blocage mental persistant.

Chevalier, lui, compense sa taille inférieure (1,87 m contre 1,96 m) par une lecture du jeu plus claire et un timing plus sûr. Son positionnement et sa prise de décision dans les duels aériens témoignent d’une maîtrise émotionnelle déjà notable. Barnerat souligne même sa capacité à “lire les trajectoires comme un défenseur central expérimenté”, ce qui renforce sa crédibilité dans un système défensif haut.

Expérience et palmarès : le géant Donnarumma

Le seul domaine où Donnarumma domine clairement reste l’expérience. Vainqueur de l’Euro 2020 (et élu meilleur joueur du tournoi), multiple champion de France avec le PSG, détenteur d’une Ligue des Champions et auteur d’exploits décisifs (comme le penalty stoppé face à Bukayo Saka en finale de l’Euro), l’Italien possède un vécu irremplaçable. Sa solidité mentale dans les grandes compétitions ne fait aucun doute.

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Chevalier, de son côté, est encore en phase ascendante. Mais sa progression est constante : 13 clean sheets cette saison (dont deux en Ligue des Champions), 18 la saison précédente. Mickaël Landreau loue sa gestion des étapes et sa capacité à “grandir sans précipitation”. Benoît Costil évoque un profil “déjà prêt pour le très haut niveau européen”.

Une équation financière incontournable

Le facteur économique pèse lourd dans un PSG en phase de transition stratégique. Donnarumma, avec un salaire dépassant les 10 millions d’euros par an, représente un poids structurel élevé malgré sa venue libre. À l’inverse, Chevalier coûterait 40 millions d’euros à l’achat, mais son salaire reste modeste (environ 1,14 million annuel), ce qui rend l’investissement plus soutenable sur la durée. Ce différentiel ouvre une perspective de rentabilité sportive et économique, doublée d’un potentiel de revente bien supérieur.

Un basculement stratégique ?

Ce que révèle ce face-à-face entre Chevalier et Donnarumma dépasse la dimension technique. C’est l’illustration d’un basculement stratégique. Le PSG semble vouloir passer d’un modèle basé sur des individualités fortes mais disjointes à un système cohérent, où chaque poste participe activement à la construction collective.

Chevalier incarne cette mutation : gardien moderne, capable de jouer haut, de lire le jeu, de prendre des risques mesurés et de porter le ballon dans une logique de possession dynamique. Donnarumma, malgré ses qualités dans les grands rendez-vous, paraît moins aligné avec cette philosophie nouvelle.

Au fond, le choix entre les deux ne renvoie pas simplement à une opposition entre présent et avenir, mais à une décision identitaire. Veut-on au PSG continuer à miser sur la logique de jeu collectif, fluide et anticipatif installée par Luis Enrique ? Dans ce cas, l’option Lucas Chevalier semble inéluctable.



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