Numéro un sur le foot

Christian Karembeu : « Mbappé, c’est la France qui gagne, il faut le soutenir ! »

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

Champion du monde en 1998 et d’Europe en 2000, Christian Karembeu (53 ans) est le parrain des Journées de l’Arbitrage La Poste (du 4 au 27 octobre). Il nous a accordé une interview exclusive.

Pourquoi avez-vous accepté d’être le parrain des Journées de l’Arbitrage ?

Je suis très fier d’être le parrain, de sensibiliser les jeunes, d’essayer de recruter de nouveaux arbitres, de les fidéliser et d’essayer de transmettre les valeurs de l’arbitrage.

En 1993, en finale de la Coupe de France, vous aviez été exclu pour avoir bousculé l’arbitre et suspendu 6 mois (une sanction ramenée à 3 mois)…

C’était une première dans le monde du foot d’avoir une aussi grande suspension. Ensuite, je ne me suis plus jamais plaint auprès des arbitres ! (sourire) Mais, le plus important, c’est de connaître véritablement les règles du jeu. Quand on dépasse une certaine limite, évidemment on doit être sanctionné. Et moi j’ai dépassé la limite. Je suis conscient de ce que j’ai fait. La dissuasion peut être une alternative, mais je crois que l’explication et la communication, c’est quand même mieux. 

À lireTransferts : Rémy Cabella (Olympiakos) arrive à Nantes

Que devenez-vous depuis votre retraite de joueur en 2005 ?

Aujourd’hui, je suis toujours dirigeant à l’Olympiakos. Je suis le conseiller du président. J’ai aussi été directeur sportif et conseiller technique du club. On fête très prochainement notre centenaire. On va inviter le monde entier, chez nous, au Pirée. On est aussi en quête d’une autre coupe européenne ; la Ligue Europa (après la Ligue Europa Conference gagnée en 2204, Ndlr). On a perdu à Lyon (2-0), mais on s’est rattrapé depuis contre Braga (3-0). 

Pourquoi faites-vous bénéficier la Grèce de votre expérience et pas la France ?

L’Olympiakos m’a accueilli. C’est une famille. J’ai été joueur là-bas (de 2001 à 2004, Ndlr) et ils m’ont donné cette opportunité de rester dans l’environnement du football. J’étais parti sur des documentaires. Ils m’ont rappelé et depuis je suis très heureux en Grèce. Le projet est d’amener l’Olympiakos à faire ce qu’on a réussi dernièrement : gagner une Coupe européenne. Avec le centenaire, on aspire à aller plus haut, plus loin.

« J’ai eu une discussion avec Monsieur Kita quand il est arrivé à Nantes »

Un club français ne vous a-t-il pas proposé quelque chose ?

J’ai eu une discussion avec Monsieur Kita quand il est arrivé à Nantes (en 2007, Ndlr), mais c’était il y a très longtemps et ça ne s’est pas concrétisé. C’est la vie. J’ai eu des approches en Europe, en Espagne, aux Etats-Unis, mais pas en France et aujourd’hui je suis en Grèce.

À lirePourquoi vous ne trouverez pas un mot de John Textor ici

Vivez-vous en Grèce ?

Je vis entre la Grèce et le Liban (son épouse Jackie Chamoun a été la première skieuse libanaise à participer aux Jeux Olympiques en 2010, Ndlr). La situation est très compliquée et elle impacte tout le monde. On a besoin d’un vrai juge-arbitre.

On va fêter les 30 ans du titre de champion de France que vous avez décroché avec Nantes en 1995. On est aujourd’hui loin du jeu à la Nantaise…

Le jeu à la Nantaise n’a pas disparu. Mais je crois que le concept est parti avec Coco Suaudeau et Raynald Denoueix. C’étaient eux les garants du jeu à la Nantaise. Avant eux, il y a eu Jean Vincent et José Arribas puis Raynald et Coco avec qui je continue d’échanger. Coco est une encyclopédie du foot dans sa manière de voir les choses, de voir le foot, de voir le jeu. C’était déjà un visionnaire à notre époque et j’espère qu’il y aura un autre Coco très prochainement. 

La situation actuelle du club ne vous attriste-t-elle pas ?

À lireNeymar prolonge à Santos et peut croire à la Coupe du Monde

Evidemment, ça m’attriste de voir que le club (où il a joué de 1988 à 1995, Ndlr) ne joue pas le haut de tableau ou la Coupe Europe, même si dernièrement avec Antoine (Kombouaré), ils ont réussi à gagner une Coupe de France (en 2022, Ndlr) et à jouer la Ligue Europa. Ce qui m’attriste, c’est que ce club se doit de faire plus, mais encore une fois il faut respecter l’investisseur sur place. Monsieur Kita a beaucoup investi pour que le club puisse aller très haut. Mais ce n’est pas facile. On voit que la Ligue 1 est aussi en déficit par rapport à ce qu’elle doit fournir aux clubs pour pérenniser leur développement. C’est une période difficile et j’espère que la Ligue 1 pourra redevenir comme elle était avant parce qu’elle a des atouts, le FC Nantes aussi.

« J’aime bien le petit Zaïre-Emery »

Michel Platini a avancé l’idée qu’on joue à 10, qu’en pensez-vous ? 

C’est peut-être un clin d’œil par rapport à aujourd’hui où les clubs, ou plutôt certains clubs, proposent une défense compacte à l’arrière. Ça manque parfois de buts. Mais ça fait partie de l’évolution du coaching. En Angleterre, à l’époque, c’étaient des balles longues. Arsène Wenger est arrivé et a fait poser le ballon. Depuis, tout le monde joue comme ça. Guardiola aussi. Mais je vais réfléchir à ce qu’a dit Michel parce qu’il a toujours de bonnes idées (sourire).

Supprimer le hors-jeu ne pourrait-il pas faciliter le travail des arbitres ? 

Il ne faut pas aller jusque-là ! Même si, quand on était gamins, on jouait sans arbitre et sans hors-jeu, et on jouait bien. Mais pour les professionnels, c’est différent. 

Vous qui avez joué au Real (de 1998 à 2000), comprenez-vous le désamour entre la France et Kylian Mbappé depuis qu’il a rejoint Madrid ?

Le problème n’est pas Kylian. Le problème, ce sont nos médias. On doit soutenir un Français. Il incarne la France qui gagne et on doit le respecter et le supporter. Evidemment, s’il se met en aparté par rapport à sa responsabilité, peut-être, mais aujourd’hui ça a été le seul qui a marqué 3 buts en finale de Coupe du monde, le seul qui frôle les 400 buts. La France qui gagne, ce n’est pas seulement sur le territoire, c’est aussi à l’extérieur. Quand on voit tous les produits français qui sont sublimés à l’extérieur, c’est pareil, il faut sublimer Kylian, c’est un produit français ! Le retour est fructueux pour la France et pour nos médias.

À lireGardiens de but français : des talents en voie de disparition…

A votre poste, quels joueurs aimez-vous bien aujourd’hui ?

J’aimais bien Claude Makelele, puis Ngolo Kanté. J’espère que bientôt ce sera Zaïre-Emery. Il est beaucoup plus offensif, mais il peut aussi tenir ce rôle-là. Une chose est sûre, les générations ont changé. Ils sont plus grands, plus costauds, plus techniques. Ils ont la vidéo pour mieux analyser le jeu, des statistiques pour mieux analyser leurs performances. Nous, on n’avait pas tout ça, c’était le coach qui nous fournissait ces données. Les joueurs sont très bien entourés. Tous les clubs sont très structurés. 

Quelle est la situation du football en Nouvelle-Calédonie où le climat est tendu ? 

Je suis très proche de la Fédération où j’ai conseillé de continuer à pratiquer le football malgré ce qui se passe et c’est ce qu’on a fait. Aujourd’hui, même si le championnat est actuellement arrêté, les sélections continuent de jouer pour permettre aux gamins de continuer à rêver, de se respecter les uns les autres. C’est la valeur même de notre sport d’échanger, d’écouter et de se respecter. Aujourd’hui, le foot calédonien, je ne vais pas dire qu’il est en bonne santé par rapport à ce qui se passe, mais on continue à animer le jeu. 

À lireFilipe Luis (Flamengo), l’entraîneur du futur

Y a-t-il un nouveau Christian Karembeu en Nouvelle-Calédonie ? 

J’espère ! Que ce soit un Christian Karembeu ou un Antoine Kombouaré ou un Jacques Zimako ! On en a beaucoup. Mais il faut leur donner les structures pour qu’ils puissent aller très loin. 



Publiez un commentaire

Publier un commentaire