Afficher le sommaire Masquer le sommaire
- Salaire d’un arbitre de Ligue 1 : une base fixe et des primes par match
- Un revenu net proche de 100 000 euros
- Des disparités entre arbitres centraux, assistants et VAR
- Les arbitres français à l’international : des revenus bien plus élevés
- Une professionnalisation tardive mais décisive
- Les arbitres français restent sous-payés par rapport aux autres grands championnats
Ils ne marquent pas de buts, ne signent pas de contrats mirobolants, mais sans eux, aucun match ne peut se jouer. Les arbitres de Ligue 1, figures centrales du football professionnel français, exercent une fonction à la fois technique et symbolique, souvent critiquée, rarement valorisée. Longtemps cantonnée à un statut semi-professionnel, leur activité a été profondément transformée depuis une dizaine d’années. À combien s’élève réellement leur rémunération ? Quels sont les écarts entre les différents niveaux ? Enquête sur les revenus d’un métier sous haute tension.
Salaire d’un arbitre de Ligue 1 : une base fixe et des primes par match
La rémunération d’un arbitre central de Ligue 1 repose sur deux piliers : une indemnité mensuelle fixe et des primes liées aux matchs dirigés. Depuis la généralisation du statut professionnel en 2020, l’indemnité de préparation versée sur douze mois atteint 7 442 euros bruts. Ce montant constitue le socle de leur revenu et reconnaît leur engagement à temps plein dans la fonction.
À cette base s’ajoute une prime de 3 470 euros bruts par match, complétée par une indemnité journalière de 200 euros sur trois jours (soit 600 euros) couvrant les frais liés au déplacement, à l’hébergement et à la restauration. Un arbitre officiant sur une vingtaine de matchs par saison peut ainsi percevoir près de 81 400 euros de primes variables.
En cumulé, cela représente un revenu brut annuel d’environ 170 000 euros. Une somme confortable, mais qui doit être relativisée par les charges importantes supportées par les arbitres, considérés comme travailleurs indépendants.
Un revenu net proche de 100 000 euros
Contrairement aux joueurs professionnels, les arbitres ne bénéficient pas d’un statut salarié. Leurs revenus sont soumis à diverses charges sociales et fiscales, mais aussi à des dépenses professionnelles directes. L’accompagnement physique personnalisé, nécessaire pour répondre aux exigences de la fonction, coûte entre 500 et 1 500 euros par mois. À cela s’ajoutent les séances de kinésithérapie, les soins de récupération et l’achat de matériel.
À lireMonaco : l’effet Pocognoli fait pschitt…En tenant compte de ces charges, qui peuvent représenter jusqu’à 35 % du revenu brut, le revenu net moyen d’un arbitre central de Ligue 1 se situe autour de 100 000 à 110 000 euros par an.
Des disparités entre arbitres centraux, assistants et VAR
Tous les arbitres ne sont pas rémunérés de la même manière. Les arbitres assistants de première catégorie perçoivent une indemnité mensuelle de 4 666 euros bruts, complétée par 1 646 euros par match. Les assistants de deuxième catégorie reçoivent 2 553 euros mensuels, avec une prime de match équivalente. Les arbitres en charge de l’assistance vidéo (VAR), quant à eux, touchent une indemnité mensuelle de 2 000 euros et une prime de 1 000 euros par rencontre.
Ces écarts reflètent la hiérarchie technique en vigueur dans l’arbitrage français. L’attribution des matchs, le classement annuel et l’expérience influent directement sur les revenus.
Les arbitres français à l’international : des revenus bien plus élevés
Certains arbitres français figurent parmi l’élite européenne et sont régulièrement appelés à diriger des compétitions internationales. Clément Turpin, Benoît Bastien, François Letexier ou encore Stéphanie Frappart bénéficient du statut d’arbitre élite UEFA, assorti d’un bonus mensuel de 2 000 euros, versé par la FFF et la LFP. Leur indemnité mensuelle de préparation grimpe ainsi à 9 442 euros bruts.
La rémunération pour les matchs européens est bien supérieure aux standards français : environ 5 000 euros pour une rencontre de Ligue des Champions en phase de groupes, entre 6 000 et 10 000 euros pour les phases à élimination directe, jusqu’à 20 000 euros pour une finale de Coupe du Monde.
François Letexier, désigné meilleur arbitre du monde en 2024 par la Fédération internationale d’histoire et de statistiques du football (IFFHS), a dirigé 36 matchs lors de la saison 2023-2024, dont la finale de l’Euro. Il a perçu près de 270 000 euros bruts, faisant de lui l’arbitre français le mieux payé de la saison.
Une professionnalisation tardive mais décisive
Jusqu’en 2016, la plupart des arbitres français exerçaient un second métier. Le tournant est intervenu avec la mise en place d’un plan de professionnalisation porté par la FFF, la LFP et le syndicat SAFE. Ce programme a introduit les statuts F1-Élite et AF1-Élite, permettant aux meilleurs officiels de se consacrer exclusivement à leur fonction.
À lireOL – PSG : ce qu’on ne vous a pas dit sur l’arbitrage de Benoit BastienCe changement s’est accompagné d’une revalorisation salariale notable : les arbitres élite sont passés d’un revenu moyen de 83 000 euros annuels à 128 000 euros dès la première année. Le budget total consacré à l’arbitrage a explosé, atteignant 17 millions d’euros pour la saison 2021-2022, sans compter les coûts liés à la VAR (3,4 millions d’euros) et à la goal-line technology (1,5 million d’euros).
Les arbitres français restent sous-payés par rapport aux autres grands championnats
Malgré cette montée en gamme, les arbitres français restent les moins bien rémunérés du « Big Five ». Selon une enquête de La Gazzetta dello Sport (février 2025), un arbitre de Ligue 1 touche en moyenne 145 208 euros bruts annuels pour 20 matchs arbitrés.
En comparaison, les arbitres de Liga espagnole atteignent 264 504 euros (avec 167 000 euros de fixe), suivis par l’Allemagne (194 000 euros), l’Italie (159 708 euros) et l’Angleterre (157 895 euros). Ces écarts s’expliquent en partie par les droits TV plus élevés dans ces pays et la meilleure santé financière des ligues concernées.
Le syndicat SAFE plaide pour une revalorisation, estimant que le niveau d’exigence et de compétence des arbitres français justifie une rémunération alignée sur les standards européens. La crise actuelle des droits audiovisuels rend cependant cette ambition difficile à concrétiser.
Au-delà de la rémunération, l’arbitrage en Ligue 1 implique une exposition médiatique constante et une pression considérable. Chaque décision est analysée, décortiquée, parfois contestée publiquement par les joueurs, les entraîneurs ou les dirigeants.
À lireL’OL a joué le match idéal contre un PSG loin du compteLes erreurs arbitrales peuvent avoir des conséquences sportives et économiques majeures. Dans ce contexte, les arbitres doivent faire preuve d’une préparation physique et mentale irréprochable, tout en assumant une forme d’isolement inhérente à leur fonction.
