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Combien gagne un arbitre de Ligue 2 ?

60 000 € par an et une pression constante : les arbitres de Ligue 2 vivent un quotidien méconnu, bien loin des projecteurs. Enquête.

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Dans l’ombre des stars de Ligue 1, les arbitres de Ligue 2 tiennent la baraque. Leur fonction est capitale, leur rémunération, bien moindre. En moyenne, un arbitre central en Ligue 2 touche autour de 60 000 euros par an, une somme qui peut monter jusqu’à 80 000 euros pour les plus sollicités. Des montants sans commune mesure avec ceux de l’élite du football français. Pourtant, les exigences, elles, ne laissent que peu de place à l’approximation.

Une rémunération à deux étages

Le système de rémunération repose sur deux piliers : une indemnité mensuelle fixe, et une prime par match arbitré.

La base, c’est 2 106 euros brut par mois, soit 25 272 euros sur l’année. S’ajoutent 1 764 euros brut par match. Un arbitre qui officie vingt rencontres par saison, ce qui constitue une moyenne, empoche 35 280 euros supplémentaires. Total : environ 60 000 euros brut par an, frais inclus. Pour ceux qui arbitrent 25 matchs, la note grimpe vers 80 000 euros.

Certains chiffres évoquent encore des primes de 1 564 euros par match. Ils traduisent surtout les variations périodiques des grilles de rémunération appliquées par la LFP.

Les assistants, la deuxième ligne

Les arbitres assistants, ces juges de touche qui suivent le long de la ligne, sont logés à une autre enseigne. Leur indemnité mensuelle plafonne à 1 403 euros, et ils perçoivent 792 euros par match. Une rémunération nettement inférieure, à la hauteur d’une responsabilité jugée moindre par l’institution, même si la pression reste bien réelle.

Le grand écart avec la Ligue 1

Le fossé est impressionnant. En Ligue 1, l’indemnité mensuelle monte à 7 239 euros, plus 3 375 euros par match. Soit en moyenne 165 000 euros annuels, près de trois fois plus que leurs collègues de Ligue 2. Pour les assistants de première catégorie, la grille indique 4 666 euros mensuels et 1 646 euros par match. En deuxième catégorie, ce sera 2 553 euros par mois, avec la même prime.

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L’explication est simple : visibilité médiatique, enjeux financiers et niveau d’exposition bien plus élevés dans l’élite.

Un statut à part

Depuis la loi Lamour de 2006, les arbitres ne sont ni salariés, ni bénévoles. Leur statut est hybride : travailleurs indépendants exerçant une mission de service public. Pas de lien hiérarchique direct avec la Fédération. Côté fiscal, leurs revenus relèvent des bénéfices non commerciaux (BNC). Une exonération d’impôt et de cotisations existe sur les indemnités, mais elle est plafonnée : 6 800 euros par an environ. Au-delà, les règles classiques s’appliquent.

Une professionnalisation lente

Un plan de professionnalisation a été lancé en 2016. En Ligue 1, les effets sont visibles : +55% sur les rémunérations. La LFP y consacre 14 millions d’euros par an. En Ligue 2, les hausses ont été plus modestes : +15% en 2016. Le budget global est passé de 1 million en 2002 à 2,4 millions d’euros en 2013. Rien de spectaculaire.

Préparation physique, discipline militaire

L’arbitrage, ce n’est pas que courir derrière le ballon. Les arbitres suivent un programme physique rigoureux, validé plusieurs fois par saison. Le Test Helsen est la référence : sprints, courses fractionnées, récupération active. Une condition physique irréprochable est obligatoire.

Les entraînements sont quasi quotidiens, encadrés par les préparateurs de la Direction Technique de l’Arbitrage (DTA). Certains s’entraînent au Camp des Loges. Les stages réguliers permettent de travailler l’analyse vidéo, la gestion des conflits ou le positionnement sur le terrain.

Les arbitres élite passent 22 semaines par an à Clairefontaine. Ce n’est pas une activité secondaire.

Frais pris en charge

Déplacements, hébergements, repas : tout est remboursé par la Ligue. Une indemnité kilométrique est prévue. D’autres primes existent pour les compétitions annexes comme la Coupe de France, avec des montants qui varient selon le prestige du match.

Carrière : l’ascenseur existe, mais il est étroit

Chaque saison, les meilleurs arbitres de Ligue 2 peuvent accéder à la Ligue 1. La marche est haute : de 60 000 à 165 000 euros annuels, avec un changement d’environnement radical.

Mais avant la Ligue 2, il faut passer par le championnat National, où les revenus sont bien plus faibles. La progression prend souvent plusieurs années.

Et tout en haut, l’élite internationale. Les arbitres UEFA bénéficient d’un bonus mensuel de 2 000 euros, plus des primes à cinq chiffres pour les grandes affiches européennes. Une finale peut rapporter jusqu’à 10 000 euros. La France compte aujourd’hui quatre arbitres Elite UEFA : Frappart, Bastien, Letexier et Turpin. Leurs revenus dépassent les 270 000 euros par an.

La VAR ? Toujours pas en Ligue 2

Annoncée, repoussée. La VAR n’a pas été mise en place en Ligue 2 pour la saison 2024-2025. Le coût estimé de 7,7 millions d’euros est jugé trop élevé, dans un contexte de baisse des droits TV. C’est un recul, même si peu contesté dans un environnement sous tension.

Des budgets qui coincent

Le financement de l’arbitrage reste sous pression. La LFP gère la rémunération, mais les arbitres dépendent de la FFF. Les clubs de L1 et L2 ont réclamé 10 millions d’euros d’aide à la Fédération pour les deux prochaines saisons.

Le budget de l’arbitrage professionnel s’élève à 25 millions d’euros. En Ligue 2, le budget moyen d’un club tourne autour de 15 millions, avec des écarts marqués : 7 millions pour Martigues ou Rodez, jusqu’à 23 millions pour le Paris FC.

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Dans ces conditions, une revalorisation des arbitres de Ligue 2 paraît peu probable à court terme.

Une formation précoce, une reconnaissance en retard

Les arbitres peuvent commencer dès 13 ans, après 26 heures de formation en présentiel et 4 heures de modules en ligne. Les clubs ont d’ailleurs l’obligation de fournir au moins 10 arbitres à leur District, dont au moins une femme, trois nouveaux et six majeurs.

Mais malgré l’engagement, la reconnaissance reste faible. Et l’essentiel du discours public sur l’arbitrage tourne encore trop souvent autour des polémiques plutôt que du professionnalisme.



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