Au tout premier abord, on pourrait considérer l’Autriche comme le maillon faible du groupe D. Il n’en est rien. Dirigée par Ralf Rangnick, la sélection affiche une forme impressionnante et se place comme l’équipe à surveiller durant cet Euro.
Lorsque le tirage au sort de la phase finale a eu lieu le 2 décembre à Hambourg, nombreux étaient les amateurs de foot à voir l’Autriche comme le point faible de ce groupe D composé de la France, des Pays-Bas et de la Pologne. La réalité risque d’être tout autre.
Les Autrichiens, dirigés par le prestigieux tacticien Ralf Rangnick (passé par le RB Leipzig, Manchester United…), semblent être dans la forme de leur vie à la veille de l’Euro qui sera aussi leur 3ème d’affilée, un record dans l’histoire de l’Autriche. Lors de l’Euro 2016, les Burschen étaient sortis dès les phases de poules, et s’inclinaient contre l’Italie (qui gagnera le tournoi) lors des huitièmes de finale de l’Euro 2021.
À LIRE AUSSI : toute l’actualité du foot dans votre mag
Rangnick a tout changé
La mentalité sera bien différente pour cette édition. Malgré la difficulté du groupe, l’Autriche se veut ambitieuse et compte bien continuer sur la même lancée qui les a qualifiés. Si les débuts sous la houlette de Ralf Rangnick ont été laborieux (1 victoire en 6 matches), les bons résultats s’enchainent depuis maintenant un an et demi avec seulement une défaite au compteur en 14 matches : 3-2 contre la Belgique.
Et rien de tout ça n’est dû au hasard. Depuis sa nomination en 2022, le successeur de Franco Foda a drastiquement changé le fonctionnement interne de la sélection, apportant des progrès dans toutes les directions, qu’ils soient sur le plan purement tactique ou organisationnel jusqu’aux infrastructures. Des progrès qui en réalité n’étonnent personne, Ralf Rangnick étant connu comme un manager très méthodique avec une vision stratégique.
C’était d’ailleurs l’objectif principal de la fédération autrichienne quand l’entraÎneur a été invité à diriger l’équipe nationale. Et le tacticien remplit sa tâche à merveille. Dès sa nomination, la nouvelle philosophie était claire : l’Autriche veut gagner en jouant un beau football, et ce quel que soit l’adversaire.
Le style Red-Bull pour se sentir pousser des ailes
Pour ce faire, Ralf Rangnick a mis en place un football bien connu par la majorité des joueurs évoluant pour la sélection autrichienne, à savoir le style Red Bull. Cultivé à Salzbourg et à Leipzig, le style Red Bull est fait de verticalité, de transitions offensives, de tempo élevé, de contre-pressing et porte un nom bien précis : le Gegenpressing. Considéré comme son père fondateur, Ralf Rangnick et son Gegenpressing inspirent certains des meilleurs coachs de la planète tels que Pep Guardiola ou Jürgen Klopp.
L’objectif est de récupérer le ballon le plus haut possible et d’attaquer rapidement avec des courses dans la profondeur. Quand les joueurs ont le ballon, ce n’est pas pour le garder. L’amélioration des coups de pieds arrêtés semblent également devenir une arme de plus en plus redoutable dont il faudra se méfier.
La sélection autrichienne compte dans ses rangs de jeunes talents comme Christoph Baumgartner ou Nicolas Seiwald qui évoluent au RB Leipzig, leur présence facilite la mise en place de la philosophie prônée par Ralf Rangnick. Ce dernier est un grand artisan du succès Red Bull en Allemagne et sait comment instaurer sa vision aux joueurs.
11 victoires en 14 matchs pour l’Autriche
Les résultats le prouvent : 11 victoires, 2 nuls et 1 défaite sur les 14 derniers matches, et surtout une série de 5 victoires consécutives avec comme cerise sur le gâteau une humiliation infligée à la Turquie 6-1. Habituellement en 4-3-3, la composition autrichienne peut légèrement évoluer comme l’explique Anna Konovalova, journaliste freelance autrichienne :
« L’Autriche joue habituellement dans une configuration 4-3-3 très dynamique qui pourrait également être interprétée comme un 4-2-3-1 dans certains matches selon le rôle attribué à Baumgartner dans le match. » Précédemment évoqué, Christoph Baumgartner, devenu indiscutable du côté de Leipzig, est aussi devenu très important pour l’Autriche et sera une pièce maîtresse de l’animation offensive autrichienne lors de cet Euro.
Cette année, les attentes seront plus élevées pour les hommes de Ralf Rangnick. Les récents résultats ont montré que l’équipe nationale était capable de performer au plus haut niveau et ont redonné aux supporteurs une vraie envie d’être derrière leurs joueurs. Si l’ancien sélec tionneur Franco Foda avait bien débuté, les résultats en baisse et le jeu proposé ont rapidement eu raison de l’entraîneur allemand.
L’Autriche vise, au pire, une place dans les meilleurs troisièmes
Depuis la nomination de Rangnick, tout va mieux, avec des affluences retrouvées et un amour des supporteurs renouvelé. Et cet amour est aussi synonyme d’ambition, comme l’explique Anna Konovalova : « Les attentes sont élevées pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’équipe est désormais dirigée par un manager qui connaît parfaitement cette génération de joueurs, étant donné que la plupart d’entre eux ont été formés selon ses approches tactiques. Rangnick sait donc comment exploiter pleinement leur potentiel, ce qui marque un changement significatif après les années Franco Foda. »
« Bien que les résultats aient été relativement satisfaisants sur le papier durant cette période, le public en avait assez du style de jeu ennuyeux et peu efficace. Deuxièmement, à cause de la dernière expérience des Euros où ils ont été stoppés par l’Italie en huitièmes de finale après un match où l’Italie a dû beaucoup souffrir pour les battre. Maintenant, avec un contexte beaucoup plus positif avant le tournoi, la barre est encore plus haute. »
Aujourd’hui, il serait considéré comme un échec de ne pas sortir de la phase de groupes. S’il semble difficile, mais pas impossible, de terminer devant les Pays-Bas, l’Autriche a toutes les cartes en mains pour faire partie des meilleurs troisièmes. Un propos appuyé par Grégoire Margotton, la voix des Bleus sur TF1 :
« L’Autriche est une équipe sous-estimée qui pourrait surprendre de nombreux adversaires. Je suis convaincu que les Autrichiens possèdent un niveau réel et une confiance solide. Avec leurs capacités, ils ont largement les moyens de se qualifier pour le 2ème tour, notamment grâce à la possibilité de figurer parmi les meilleurs troisièmes. Personnellement, je considère que l’Autriche est supérieure à la Pologne et qu’elle se situe assez proche des PaysBas en termes de qualité. » Des mots qui confirment que l’Autriche ne sera pas là pour faire de la figuration.
1
1 défaite (contre la Belgique) sur les 14 derniers matches depuis le 16 novembre 2022. Bilan : 11 victoires, 2 nuls et 1 défaite pour 31 buts marqués contre 9 encaissés.
Pronostic
L’Autriche aborde l’Euro 2024 avec une confiance renouvelée sous Ralf Rangnick. Malgré un groupe difficile, l’équipe affiche une forme solide, avec 1 seule défaite sur les 14 derniers matches. Le style de jeu axé sur le Gegenpressing et l’émergence de talents comme Christoph Baumgartner renforcent ses chances. Bien que l’absence de David Alaba soit notable, des joueurs expérimentés comme Konrad Laimer et Marcel Sabitzer assurent le leadership. En tant qu’outsider, l’Autriche pourrait surprendre et se qualifier pour le tour suivant avec la manière.
Oscar Lachaize