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Trois médailles : deux en judo et une en… rugby à 7, c’est le défi complètement fou d’Amandine Buchard, doublé médaillée olympique en Judo pour Los Angeles. Pour le relever, la judokate de 29 ans a rejoint le Stade Français.
A 29 ans, Amandine Buchard s’attaque à l’un des plus grands défis de l’Olympisme. Déjà médaillée à deux reprises en judo dans la catégorie des moins de 52 kg (en argent à Tokyo et en bronze à Paris), la Martiniquaise, vise deux nouvelles médailles dans sa discipline, mais aussi une autre en rugby, le deuxième sport qu’elle pratique avec talent. Pour mener à bien son projet démoniaque, l’ancienne licenciée du PSG a rejoint le Stade Français. Si elle va représenter le club en judo, elle reste toutefois pour l’instant licenciée au club de rugby de Noisy-le-Grand – Marne-la-Vallée (qui évolue en Fédérale 2), avant d’espérer monter en puissance, aidée par les préparateurs sportifs du Stade Français. Elle revient sur ce défi fou.
Pourquoi ce défi fou ?
Pourquoi ? Plus les challenges sont haut, plus ils me donnent envie de travailler haut avec des objectifs ambitieux. Le rugby est un sport que j’ai beaucoup pratiqué et aimé. A un moment donné, j’ai fait un choix. Je suis rentré en structure de haut niveau au judo. A cette époque (plus jeune), il n’était pas possible de concilier les deux. J’avais des objectifs dans cette discipline, devenir championne d’Europe, championne du monde et championne olympique de judo. Cela s’est fait au fur et à mesure des années.
« L’objectif, c’est d’avoir trois médailles, deux en judo et une en rugby à 7 »
C’est un dossier (le rugby) porté notamment par votre papa, quel regard porte vos parents sur ce choix-là ?
Franchement, je n’ai pas eu d’avis négatif. On m’a poussé pour le faire. Mes amis et mes proches m’ont poussé pour choisir les disciplines que je souhaitais. Ils me soutiennent quoi que je fasse. Ils vont m’accompagner du mieux possible.
À lireLuka Mkheidze, le réfugié politique devenu champion olympiqueLe défi, c’est deux médailles à Los Angeles dans les deux sports ou la possibilité de lâcher le judo parce que le corps….
L’objectif (rires) c’est d’avoir trois médailles (deux en judo et une en rugby). Je vais essayer d’avoir 3 médailles ! Je suis au début de mon projet dans ces deux sports. Je veux être performante dans les deux. Je n’imagine pas le judo sans le rugby et inversement. J’ai hâte.
Vos copines du judo, elles vous ont dit quoi, elles vous connaissent…
Elles m’ont dit : « Tu es folle, tu es une grande malade ». Elles étaient à fond dedans. Elles ont eu beaucoup de compliments, elles me disent que je suis capable de le faire. Me dire cela, c’est très stimulant parce que tout le monde y croit, c’est vraiment possible. J’ai beaucoup de plaisir et c’est une grande fierté. Je suis très honoré d’être au stade Français aujourd’hui. J’aime beaucoup ce côté humain que je retrouve. C’est très intéressant d’avoir des gens qui nous écoutent et nous accompagnent. Les sportifs, nous ne sommes pas des machines, nous restons des êtres humains avec des émotions.
Vous n’allez pas vous ennuyer pour le coup, c’est quelque chose d’assez dingue…
À lireJudo : comment Joan-Benjamin Gaba est devenu le chouchou des FrançaisAh non, je ne m’ennuie pas depuis janvier. Je suis à deux à trois entraînements au quotidien y compris le week-end. Je ne m’ennuie pas. Je suis très épanouie à pratiquer du sport. A partir du moment où je sais mettre le frein au bon moment, c’est que je sais le faire. J’ai déjà adapté ma charge de travail et fait l’impasse sur un entraînement si je suis fatigué. J’ai la chance de pratiquer deux sports que j’aime.
« La qualification pour Los Angeles en judo ? Je ne vais pas leur laisser le choix, en étant la meilleure »
Justement au niveau du calendrier, il peut y avoir des petits problèmes…
Il y aura des choix à faire. Franchement, je vais prioriser les championnats d’Europe, du monde et les Jeux Olympiques. En haut niveau du judo, je suis la seule. Je n’aurai que les compétitions individuelles à réaliser. Pour le rugby, les matchs sont de l’automne jusqu’au début du printemps. Le judo prend la suite derrière. Ce sera une organisation. Je ne reprendrai pas sur Bercy pour le judo. C’est une compétition de très haut niveau plus relevé qu’un championnat du monde. Je ne vais pas arriver les mains dans les poches sur le grand slam de Paris, il n’est pas question d’une participation. Je ferai peut-être la Turquie ou la Géorgie.

De manière très pratique, il n’y a qu’une qualifiée par catégorie au Judo en France, est-ce que vous n’avez pas peur que la Fédération vous bloque vis-à-vis de quelqu’un d’autre… si vous priorisez le rugby
Je ne vais pas leur laisser le choix. En étant performante, la meilleure de ma catégorie en judo, je ne leur laisserai pas le choix de me sélectionner. Au final, si je passe plus de temps au rugby et moins au judo, cela ne change rien. J’ai eu des performances au judo sans avoir beaucoup d’entrainement. Mon profil et ma méthode de travail me permets d’être performante. Pour être sélectionné, je devrais être performante. Si je suis numéro une française, ils n’auront pas le choix.
Vous n’avez pas la crainte de la blessure, par exemple si vous êtes blessé au début des J.O au rugby… Est-ce que les calendriers ne se chevauchent pas pour les deux ?
À lireXV de France : Fabien Galthié est-il encore l’homme de la situation ?Je pourrai me blesser au rugby, en faisant du five le dimanche. Je pourrais me blesser en faisant de la trottinette, en traversant la rue. Je suis assez grande pour manager mes semaines, être à l’écoute de mon corps. Je ne pense pas à la blessure, c’est le haut niveau, je n’en fais pas un focus.
Est-ce que Florent Manaudou ou Antoine Dupont qui font deux sports vous ont donné des conseils ?
On se donne des conseils mais cela ne nous empêche pas de pratiquer. Nous en parlons sans réellement en parler. Ils me poussent à le faire parce que j’aime ça comme eux.
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