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Alors que les stades turcs affichent complet et que les grands clubs livrent des affrontements toujours plus spectaculaires, un séisme ébranle les fondations du football national. Une enquête interne de la Fédération turque de football (TFF) a révélé que plus de 150 arbitres pariaient illégalement sur des compétitions sportives. L’affaire, rendue publique le 27 octobre, expose une crise inédite, remettant en cause l’intégrité des compétitions nationales et la crédibilité des institutions du football turc.
Un système généralisé
L’enquête, lancée par la TFF au cours de l’été 2025, a révélé des chiffres alarmants. Sur les 571 arbitres recensés au niveau national, 371 possédaient un compte actif sur des plateformes de paris sportifs. Parmi eux, 152 ont été identifiés comme pariant régulièrement, en violation directe du règlement disciplinaire fédéral, qui interdit formellement toute activité de ce type.
Les cas les plus graves mettent en lumière un phénomène d’ampleur : dix arbitres ont effectué plus de 10 000 paris chacun. L’un d’eux a enregistré à lui seul 18 227 mises. Au total, 42 arbitres ont parié sur plus de 1 000 matchs chacun. Si la majorité des paris concernait des rencontres étrangères, 22 des arbitres impliqués – dont 7 arbitres centraux et 15 assistants – officiaient en Süper Lig, le championnat de première division.
Suspensions massives et enquête judiciaire en cours
Face à l’ampleur du scandale, la commission de discipline de la TFF (PFDK) a suspendu 149 arbitres pour une durée allant de huit à douze mois. Trois autres dossiers restent en cours d’instruction. L’affaire a également été transmise au parquet d’Istanbul, qui a ouvert une enquête pour déterminer s’il existe des cas de conflit d’intérêts ou de paris placés sur des matchs dirigés par les arbitres eux-mêmes.
À ce stade, aucune preuve directe de manipulation de match n’a été rendue publique. Les autorités judiciaires et fédérales restent prudentes, mais les soupçons pèsent lourdement sur la fiabilité de certaines rencontres, y compris au plus haut niveau.
Les clubs demandent des comptes
La révélation de ces pratiques a provoqué une onde de choc dans tout le football professionnel turc. Les quatre plus grands clubs du pays – Galatasaray, Fenerbahçe, Besiktas et Trabzonspor – ont rapidement exigé une transparence totale sur l’identité des arbitres concernés. Tous appellent à une réforme en profondeur du corps arbitral et des mécanismes de contrôle de la TFF.
Dans les médias et sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre consternation et colère. Certains journalistes évoquent déjà « l’une des pages les plus sombres de l’histoire du football turc », et de nombreux observateurs soulignent l’impact potentiel sur les classements passés et à venir.
À lireEurope : nouveau doublé pour Mbappé (Real Madrid), Cherki brille avec City, le Bayern B gagne avant ParisLe scandale devient affaire d’État
Au-delà du monde du sport, le scandale a pris une tournure politique. Le président du principal parti d’opposition, Özgür Özel (CHP), a saisi l’occasion pour attaquer la gouvernance du football turc, qu’il accuse d’être étroitement liée au pouvoir en place. Dans une déclaration publique, il dénonce « la faillite morale et institutionnelle d’un système gangrené depuis plus de vingt ans », mettant en cause la politisation de la TFF et l’absence de mécanismes indépendants de régulation.
La TFF promet une purge du corps arbitral
À lireTransferts : l’OM de nouveau sur la piste Jonathan David (Juventus) !De son côté, le président de la TFF, Ibrahim Haciosmanoglu, assure vouloir aller au bout de la procédure disciplinaire. Lors de la conférence de presse du 27 octobre, il s’est montré ferme : « L’arbitrage est une profession d’honneur. Quiconque ternit cet honneur ne participera plus jamais au football turc. » Il promet une réforme complète du système d’arbitrage et la mise en place de nouveaux protocoles de vérification.
Mais plusieurs voix s’élèvent déjà pour critiquer l’opacité des premières mesures et réclamer une instance indépendante pour mener l’enquête. La confiance envers la TFF, elle aussi, semble ébranlée.
Un championnat sous tension, une crédibilité à reconstruire
Malgré la gravité des révélations, les tribunes des stades continuent de se remplir. Le week-end des 1er et 2 novembre a encore offert deux affiches de haut niveau, avec un nul entre Galatasaray et Trabzonspor, et une victoire de Fenerbahçe sur Besiktas. La ferveur populaire reste intacte, mais l’ambiance a changé.
À lireLuis Enrique (PSG) : « Ousmane Dembélé va jouer »Dans les couloirs des clubs, chez les entraîneurs comme chez les supporters, une question domine : peut-on encore faire confiance au système ? Alors que le football turc s’apprête à entrer dans une période cruciale pour son avenir, l’enjeu n’est plus seulement sportif. Il est institutionnel. La transparence, la responsabilité et la réforme deviennent les seules conditions possibles pour rétablir l’intégrité d’un sport aujourd’hui plongé dans le doute.
