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Le Maroc peut-il gagner la CAN sans Hakimi ?

La blessure d’Hakimi rebat les cartes d’une CAN 2025 à domicile. Peut-on vraiment rêver de victoire sans le leader des Lions de l’Atlas ?

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La blessure d’Achraf Hakimi, survenue le 4 novembre face au Bayern Munich, a relancé un débat de fond à moins de deux mois du début de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). Le joueur phare des Lions de l’Atlas pourrait manquer tout ou partie du tournoi. Une absence qui redistribue les cartes pour une sélection appelée à confirmer son statut, à domicile, sous une pression inédite.

Une blessure qui fragilise le plan Regragui

Victime d’un tacle violent lors du match PSG–Bayern Munich en Ligue des Champions, Achraf Hakimi a quitté la pelouse en larmes, soutenu par le staff médical. Le diagnostic initial évoque une entorse de la cheville gauche, avec une indisponibilité estimée entre trois et six semaines. Les examens IRM doivent encore préciser la gravité exacte de la blessure.

Le calendrier rend la situation d’autant plus critique. La CAN 2025 débute le 21 décembre au Maroc. Si la durée maximale se confirme, Hakimi manquerait toute la phase de groupes, voire l’ensemble de la compétition. À ce stade, la Fédération marocaine reste prudente, suspendue à l’évolution médicale de son capitaine.

Un joueur irremplaçable sur le terrain et dans le vestiaire

L’absence d’Achraf Hakimi ne se limite pas à une perte sportive. Latéral droit de formation, il joue un rôle central dans le dispositif offensif et défensif de Walid Regragui. Avec 11 buts et 13 passes décisives lors de la saison 2024-2025, il est tout simplement le défenseur le plus décisif d’Europe. En Ligue des Champions, ses sept contributions directes à des buts égalent des records historiques.

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Mais c’est aussi le statut de leader d’Hakimi qui est en jeu. Capitaine depuis septembre, pilier depuis 2016, il incarne la génération qui a porté le Maroc jusqu’en demi-finale de la Coupe du Monde 2022. Son impact dépasse le rectangle vert : il est devenu une référence pour ses coéquipiers et un moteur psychologique pour le groupe.

Noussair Mazraoui en première ligne pour assurer la relève

En cas d’indisponibilité prolongée, c’est vers Noussair Mazraoui que se tournera en priorité le sélectionneur. À 27 ans, le joueur de Manchester United a enchaîné 57 matchs cette saison, un record personnel. Il a également démontré sa régularité et sa solidité au très haut niveau. En sélection, il compte déjà 33 capes et une expérience significative lors du Mondial 2022.

Sa récente déclaration témoigne de son ambition : le latéral s’est dit prêt à assumer ses responsabilités lors de la CAN 2025. Sa polyvalence, sa capacité à s’adapter à différents systèmes et sa fiabilité en font une option solide.

Adam Masina, l’alternative tactique polyvalente

Autre piste crédible : Adam Masina. Le défenseur du Torino a retrouvé un niveau compétitif cette saison après une longue absence. Désormais utilisé comme défenseur central dans une défense à trois, il offre à Regragui une flexibilité tactique supplémentaire. Il pourrait être aligné en latéral droit ou intégrer une charnière à trois axiaux.

Rappelé récemment en sélection, Masina présente un profil différent : technique, robuste, capable de jouer dans un système hybride. Son retour dans le groupe élargit les options dans une défense en pleine mutation.

Une défense encore instable à l’approche du tournoi

Au-delà du remplacement d’Hakimi, la défense marocaine dans son ensemble suscite des interrogations. Depuis la retraite internationale de Romain Saïss, l’ex-capitaine et figure centrale, Walid Regragui multiplie les essais. Nayef Aguerd reste une base fiable, mais aucun partenaire ne s’est imposé durablement à ses côtés.

Abdelkabir Abqar, Jamal Harkass, Achraf Dari ou Mohamed Chibi ont tous été testés, sans que l’un d’eux ne convainque définitivement. La CAN se prépare dans l’urgence d’une ligne défensive encore en construction, facteur de vulnérabilité face à des adversaires africains souvent explosifs.

Une histoire à écrire

Depuis 2004, le Maroc n’a remporté que trois matchs à élimination directe en Coupe d’Afrique. Une statistique qui tranche avec son image récente de puissance continentale. Lors de la CAN 2023, malgré un statut de favori, les Lions de l’Atlas ont été éliminés en huitièmes de finale par l’Afrique du Sud. Achraf Hakimi avait manqué un penalty crucial à la 85e minute.

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Ce passif pèse lourd dans les esprits. Même si l’équipe a su surmonter des absences ponctuelles par le passé, comme contre la Tanzanie en mars 2025, les grandes échéances africaines ont souvent révélé des failles collectives, mentales et tactiques.

La pression d’une CAN à domicile, entre chance et fardeau

Le Maroc n’a plus organisé la CAN depuis 1988. La perspective d’une victoire à domicile est autant une opportunité qu’une source de tension. L’attente populaire est immense. Walid Regragui l’a lui-même reconnu : son avenir à la tête de la sélection dépendra du résultat final. Malgré un contrat courant jusqu’en 2026, il a affirmé qu’il quitterait son poste en cas d’échec.

Dans un contexte social marqué par des contestations liées aux priorités budgétaires du pays, la réussite sportive de la CAN prend une valeur politique. Le football devient ici le théâtre symbolique d’une promesse nationale : celle de réconcilier fierté populaire et ambition continentale.

Un effectif solide malgré l’absence du capitaine

Malgré l’incertitude autour d’Hakimi, le Maroc conserve un noyau dur expérimenté. Yassine Bounou dans les buts, Nayef Aguerd en défense, Sofyan Amrabat au milieu, Hakim Ziyech et Youssef En-Nesyri en attaque : tous ont participé à l’épopée du Mondial 2022 et forment un socle de haut niveau.

Brahim Diaz, brillant avec le Real Madrid, a émergé comme meneur de jeu incontournable. Son profil créatif complète une ligne offensive capable de faire la différence, même sans le débordement et l’impact d’Hakimi sur le flanc droit.

Une dynamique de victoires comme moteur de confiance

La sélection marocaine aborde la compétition avec une série record de 16 victoires consécutives, battant le précédent record mondial détenu par l’Espagne. Cette dynamique, conjuguée à une qualification assurée pour la Coupe du Monde 2026, installe un climat de confiance autour du groupe.

Jouer à domicile, dans des stades rénovés ou neufs, dans des conditions logistiques optimales, représente un avantage certain. La CAN 2025 sera disputée dans six villes, avec des infrastructures aux normes internationales. Un cadre propice à la performance.

Un groupe abordable, mais sans marge d’erreur

Le tirage au sort a placé le Maroc dans le groupe A aux côtés du Mali, de la Zambie et des Comores. Si aucune nation n’y fait figure d’épouvantail continental, chaque adversaire présente un profil capable de perturber une équipe encore en rodage défensif.

Le match d’ouverture face aux Comores, le 21 décembre à Rabat, sera déterminant pour installer le Maroc dans sa compétition. Une entrée ratée pourrait raviver les doutes, tandis qu’un bon départ permettrait de canaliser la pression en énergie positive.

Une préparation technique ciblée

Pour affiner ses choix, Walid Regragui a prévu deux matchs amicaux face au Mozambique et à l’Ouganda. Ils serviront de tests grandeur nature pour les remplaçants potentiels d’Hakimi et pour les ajustements tactiques envisagés.

Le sélectionneur insiste sur un équilibre entre maîtrise technique, intensité physique et engagement mental. Il continue d’alterner entre 4-3-3 et 4-2-3-1, deux systèmes que les joueurs devront maîtriser avec précision d’ici le début du tournoi.

Une CAN très ouverte face à une concurrence dense

Le Maroc reste l’un des favoris, mais plusieurs nations prétendent au titre. L’Algérie, avec une nouvelle génération ambitieuse, le Sénégal, toujours compétitif, l’Égypte, forte de son palmarès, ou encore le Nigeria et la Côte d’Ivoire, championne en titre, nourrissent les mêmes ambitions.

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La CAN 2025 s’annonce ouverte, exigeante, et potentiellement imprévisible. La marge d’erreur sera étroite, et les détails – profondeur de banc, gestion de la pression, capacité d’adaptation – seront déterminants.



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