A part un bref passage par Angers en fin de carrière, la carrière de Loïc Amisse (62 ans) aura été 100% nantaise, comme joueur (22 ans), comme coach (8 ans). Licencié il y a deux ans et demi d’un staff où il était l’adjoint de Der Zakarian, l’ancien ailier gauche international trois fois champion de France (1977, 1980 et 1983), vainqueur de la coupe de france en 1979, revisite son passé jaune. Non sans quelques amertumes.
Quel est le meilleur joueur nantais avec lequel vous avez joué ?
Henri Michel certainement, qui était un très très bon joueur et un vrai personnage. Je débutais à peine dans le foot et lui c’était déjà Monsieur Michel ! On était tous à son écoute, respectueux, admiratifs de son parcours, de son talent. J’ai aussi connu José Touré et Vahid Halilhodzic qui avaient, tous les deux, quelque chose de plus que les autres.
Henri Michel, un talent pas suffisamment récompensé ?
Attendez, il a quand même eu une belle carrière avec Nantes et avec l’équipe de France puisqu’il a fait la Coupe du Monde 1978. Que pouvait-il espérer de mieux à cette époque là que d’être dans une des meilleures équipes de France, plusieurs fois champion de France, régulièrement qualifié pour la Coupe d’Europe ? Aujourd’hui, il pourrait prétendre jouer dans un grand club européen mais, dans les années 70, aucun joueur français ne jouait à l’étranger.
Ce fut aussi votre cas, fidèle au FC Nantes pendant presque toute votre carrière !
J’ai eu quelques opportunités de partir, notamment à l’OM dans les années 80, mais ça ne s’est pas fait pour pas grand chose finalement… Je n’en garde aucun regret, j’ai au contraire la satisfaction d’avoir tout connu avec Nantes. Je suis un pur Nantais qui a débuté le foot à Nantes, qui y a fait sa formation, qui est passé pro, puis éducateur et entraîneur de l’équipe première. J’ai fait ma vie à Nantes. Je me suis identifié à ce club.
Loïc Amisse : Nantais à 100%
Est-ce encore le cas aujourd’hui que vous n’y êtes plus ?
Oui, même s’il y a eu pas mal de tournants pris par le club ces dernières années, pas toujours pertinents. J’ai l’impression qu’il tente de rester sain, qu’il essaie de retrouver une certaine forme de stabilité, sinon chez les joueurs au moins dans le staff jusqu’au centre de formation et chez les dirigeants.
Que reste-t-il de votre passage comme coach principal (juillet 2003-décembre 2004), pas trop d’aigreur ?
Je suis resté un an et demi sur le banc, pour finir sixième en championnat, finaliste de la Coupe de la Ligue, qu’on perd sur la fameuse Panenka de Landreau, et demi-finaliste de la Coupe de France. Pas mal quand même, non ? Depuis, le club n’a jamais fait mieux. Il faut croire que je n’étais pas si mauvais que ça… Donc, oui, j’ai encore un peu d’amertume par rapport à cet épisode.
Etes-vous nostalgique des années 70/80 ?
Qui ne le serait pas après ce que nous avons connu… mais j’ai bon espoir de retrouver dans le club les valeurs qui ont fait sa force. Je constate malgré tout que la formation demeure un secteur important du FCN, et reste efficace avec les Rongier, Dubois, Touré… Quand ils ont le ballon, on sent qu’ils ne font pas n’importe quoi. Quelque part, ils représentent l’âme du FC Nantes, la preuve que la formation peut encore beaucoup offrir à ce club. Et il faut continuer à former et à faire confiance aux jeunes nantais sinon le club va perdre beaucoup.
« Je n’avais qu’une préoccupation : Déborder et centrer »
On n’évoque plus le jeu à la nantaise depuis longtemps. Pour vous, c’était quoi le jeu à la nantaise ?
C’était avant tout de penser que toutes les individualités, même les plus talentueuses, pouvaient se mettre au service du collectif, considérer qu’il n’y avait pas plus important que l’équipe, la manière avec laquelle on évoluait les uns par rapport aux autres. Au delà de la personnalité des coachs, ça reste quand même dépendant du talent des joueurs.
Quelles furent vos meilleures années de joueur à Nantes ?
La saison 1976/1977 reste à mes yeux la meilleure. On était jeunes, plein de fougue, et on rentrait des JO de Montréal avec Pécout et Baronchelli, pour finir champions avec dix points d’avance.
Quel est le joueur avec lequel vous vous êtes le mieux entendu ?
J’avais pas mal de complicité avec José Touré, Vahid Halilhodzic, pour l’année du titre en 1983, ou avec Victor Trossero pour celui de 1980, on savait comment se trouver…
Vous saviez comment le trouver car vous étiez plus un passeur qu’un buteur, on se trompe ?
C’est vrai, j’ai plus de passes décisives que de buts à mon actif. A ce moment là, les passes décisives étaient moins valorisées. Or, moi, je n’avais qu’une préoccupation : déborder et centrer (rires) !