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Mathias Lacombe pourrait devenir le premier joueur français à disputer un match de Major League Baseball, ce qui pourrait, à l’instar d’un Tony Parker en basket, aider à développer le baseball en France.
Né à Libourne, le lanceur de 22 ans est actuellement dans les ligues mineures de la Major League Baseball. Objectif, s’en sortir le plus rapidement pour atteindre la MLB et jouer au côté des plus grands du baseball mondial. Dans une interview exclusive, Mathias Lacombe nous raconte son parcours et ses rêves.
La saison dernière vous étiez en Rookie League, où en êtes-vous ?
Je ne sais pas encore, parce que la saison n’a pas encore commencé. Actuellement, c’est le spring training, c’est la préparation ou la pré-saison. Je ne sais pas où est-ce qu’ils vont m’envoyer.
« J’ai commencé le base-ball par hasard, à l’âge de 8 ans »
Quand saurez-vous ?
Deux jours avant le début de la saison. Ils font une liste. C’est vraiment comme à l’école. Si t’es reçu au bac ou pas, il y a une liste et tu regardes ton nom pour savoir où tu vas. En début de saison dernière, il n’y avait pas mon nom sur la liste, ça voulait dire que je restais en rookie league en fait. Ça c’était dur.
Comment avez-vous découvert le baseball ?
À lirePSG : la valeur des joueurs a gagné plus de 200 M€ !J’ai commencé par hasard en fait. Je cherchais à faire un sport, j’avais fait du rugby avant, ça m’avait pas plu. Donc j’ai fait un forum des associations dans ma commune de Pineuilh, ils faisaient des démonstrations pour montrer leur sport aux jeunes. On pouvait y aller et tester. J’ai essayé le baseball, ça m’a plu, et je me suis inscrit. J’ai commencé comme ça par hasard, à 8 ans.
Quand est-ce que vous vous êtes dit que vous aviez quelque chose à faire dans le baseball ?
C’est compliqué comme question, mais c’est par étape, petit à petit. Quand j’avais 11 ans, j’ai fait ma première sélection avec l’équipe de France, moins de 12. Je me suis dit, c’est sûr, c’est mon sport, je ne vais jamais arrêter ce sport-là. Après, en avançant, j’ai intégré le Pôle Espoir baseball à Bordeaux, et ensuite le Pôle France à Toulouse.
Quand j’étais au Pôle France, je me suis dit, ça commence quand même à être pas mal, je suis dans la meilleure institution française pour le baseball. Et puis après, quand j’ai voulu partir aux Etats-Unis, je me suis dit, c’est bon, c’est ça que je vais faire de ma vie. Je vais vraiment en faire mon métier, tenter le tout pour le tout, partir aux Etats-Unis et jouer en professionnel.
Du coup vous êtes déjà aux Etats-Unis, maintenant il reste des étapes.
Exactement, c’est ça. Si je n’étais pas parti, ça n’aurait pas été possible.
« Si je me fais un nom, que je fais une bonne carrière. Les gens vont parler de moi, et donc ils vont beaucoup plus s’intéresser au baseball »
Voudriez-vous que le baseball soit plus développé en France ?
Bien sûr. Si les White Sox, c’était les White Sox de Bordeaux au lieu de Chicago, ça m’irait vraiment bien. Ça m’aiderait, parce que partir et quitter ma famille pendant un an, tous les ans c’est dur. Maintenant je suis habitué, donc ça va. J’ai mes repères ici, ma copine, ma voiture. Ma vie est ici. Mais c’est toujours dur de pas avoir sa famille, de juste avoir des FaceTime une fois toutes les deux semaines, de pas voir mon frère, je le vois pas pendant longtemps, alors que je suis vraiment très très proche de lui. Donc rentrer en France, ça fait énormément de bien, mais le jour du départ, pour revenir aux Etats-Unis, c’est un peu difficile.
Votre famille est déjà venue vous voir aux Etats-Unis ?
À lireOFFICIEL : le 11 du PSG contre Leverkusen avec une énorme surpriseMon frère et mes parents sont venus une fois, quand j’étais à l’université à Cochise. Et ensuite, l’année dernière, mes parents sont venus, séparément, et mon frère n’a pas pu venir.
Vous oeuvrez pour le développement du baseball en France…
Oui, j’essaie de faire un maximum d’interviews, d’être le plus actif possible. Parce que si le sport n’est pas médiatisé, personne n’en parle, donc ça ne va pas se développer. Après, des actions pour développer le baseball en France, c’est pas facile.
Si je me fais un nom, que je joue en MLB, que je fais une bonne carrière. Les gens vont parler de moi, et donc ils vont beaucoup plus s’intéresser au baseball, comme c’était le cas pour Tony Parker quand il a commencé à jouer en NBA. Je pense que ça peut passer par là. Après, moi, j’essaie toujours de faire ce qui est possible pour développer le baseball en France, mais ce n’est pas facile.
Il y a eu le Superbowl au Grand Rex, vous aimeriez bien qu’il y ait des événements comme ça, pour le baseball ?
Carrément. Ce serait incroyable.
Seriez-vous prêt à venir pour aider, pour amener de la visibilité à l’événement ?
Si c’est pas pendant ma saison et que je suis libre, franchement, je serais vraiment chaud pour faire des trucs comme ça, ça serait vraiment cool. Je sais qu’il y a plein de passionnés en France qui attendent que ça, que des projets se montent, que des choses se fassent, ils seront prêts à aider, c’est sûr.
À lireLes notes de Leverkusen – PSG (2-7) : Vitinha (9) stratosphérique, Doué (7,5) étincelantVous êtes le deuxième joueur français drafté après Joris Bert. Qu’est ce que ça vous fait ? Et, il n’y a toujours pas eu un seul Français qui a joué en MLB, ça serait incroyable pour vous d’être le premier ?
C’est une grande fierté. Je suis hyper fier de pouvoir dire ça, d’être le deuxième joueur français drafté. Et puis après, c’est un objectif aussi, c’est un rêve d’être le premier à jouer en MLB, tout court, parce que c’est un rêve pour tous les joueurs de baseball, même les Américains. D’être le premier Français à jouer en MLB, c’est un objectif.
Vous avez refusé une offre des Royals de Kansas City avant la draft. Vous n’avez pas eu peur en la refusant ?
Si, carrément. En fait, avant la draft, j’avais beaucoup discuté avec mon agent, et on avait choisi un montant financier, on s’était dit, pour moins de 500 000, je signe pas. Et du coup, quand j’ai eu des offres, les premières offres, forcément, c’est la négociation, donc les premières offres, ils vont me demander vraiment en dessous, et voir ma réaction, pour essayer, eux, de me payer moins, comme ça ils peuvent payer d’autres joueurs.
J’ai refusé froidement toutes les premières propositions, parce que c’était pas assez par rapport à ce que j’avais convenu avec mon agent. On avait un plan de draft. Et donc j’ai refusé, la draft, c’est trois jours, le premier jour, c’est les deux premiers tours, le deuxième jour, c’est du tour 3 au tour 10, et le troisième jour, c’est du 11 au 20.
Donc, moi, j’avais des offres pendant le jour 2, et j’ai tout refusé, et à la fin du jour 2, j’étais toujours pas drafté, alors que mon agent m’avait prédit que je serais drafté le deuxième jour. Et je me suis dit, merde, est-ce que j’ai pas fait de la merde à refuser toutes les offres, parce que c’était pas assez, et en fait, on va jamais me proposait mieux. Et au final, je m’y attendais pas du tout, je me suis dit qu’en fait je serais pas drafté, le jour 3, en général, ils ne donnent pas beaucoup d’argent. C’est des joueurs qui sont un peu plus vieux, qui ont beaucoup de talent, mais qui ont moins de marge de progression que moi.
Et donc, j’y croyais plus trop, et là, il y a les White Sox qui m’ont appelé pour me proposer 425 000, et j’ai refusé. Et parce que à la fin du deuxième jour, je m’étais dit, bon, 500 000, je l’aurais peut-être pas, donc je vais descendre à 450 000 et voir. Donc on a dit ça à toutes les équipes. Les White Sox m’ont proposé 425 000, et j’ai refusé. Parce que je suis déjà descendu à 450 000, c’est pas pour que, ensuite, je descende encore. Les Oriols (de Baltimore, Ndlr) m’ont appelé, et m’ont dit, nous on te prend à 450 000. Donc, j’ai bien fait de refuser 425 000.
« La MLB ? Dans l’idéal, ça serait dans 2-3 ans »
Où étiez-vous pendant la draft ?
J’étais chez moi, en France, avec mon père. J’étais rentré cet été-là, parce que, vu que je n’avais pas encore été drafté, la saison est pendant le printemps, donc l’été, je rentrais pour les vacances.
À lireLigue des Champions : pour l’OM, c’est l’heure de confirmerParce que les saisons, même en Rookie League, elles sont très courtes, vous avez énormément de temps entre les saisons ?
En Rookie League, elle est vraiment courte, mais moi, je suis resté au complexe. Car il y a le Spring Training, pendant deux mois. Donc là, j’ai février et mars, avec que des entraînements, et aussi quelques matchs amicaux. Ensuite, la saison commence le 1er avril. En Rookie League, c’est différent, c’est vraiment plus court, mais même en A-/A+, les saisons, elles vont jusqu’en septembre, c’est quand même assez long. Et après, de septembre à novembre, j’étais resté au complexe pour m’entraîner, finir de soigner ma blessure. Et après, je suis rentré six semaines en France. Et puis je suis reparti. La saison est courte, mais elle est longue à la fois. Ça prend du temps, ça passe vite.
Quand vous dites que vous êtes resté au complexe de novembre à décembre, vous êtes tout seul, vous avez un entraîneur, ça se passe comment ?
En fait, au complexe, on a des entraîneurs par niveau de ligue mineure, donc t’as un entraîneur des lanceurs, un entraîneur des catchers, un manager, etc, par niveau. Et au complexe, il y a des entraîneurs de blessés. Donc l’entraîneur des lanceurs blessés, il est au complexe toute l’année à Phoenix, il aide les joueurs qui veulent rester pour s’entraîner quand la saison est finie. Pour tout ce qui est kiné, préparation physique, il y a toujours des gens qui sont là pour aider au complexe. C’est toujours ouvert pour les joueurs.
Vous vous voyez en MLB dans combien de temps ?
C’est vraiment impossible à savoir. Franchement, en plus, j’ai même pas joué l’année dernière à cause de ma blessure. Donc, je peux pas vraiment dire. Moi, je sais à peu près mon niveau. Je sais ce que je vaux. Mais je ne sais pas comment je performe à ce niveau-là. Donc, c’est compliqué de savoir. Dans l’idéal, ça serait 2-3 ans. C’est long quand même.
À lireLes notes de Sporting Portugal – OM : Paixao (6) a essayé, Emerson (2) a fautéAprès, on sait pas. Ça se trouve, je ferai une saison de fou malade cette année. L’année prochaine, je serai en MLB. Ou alors, ça se trouve, ça va prendre 10 ans, on n’en sait rien. Ça se trouve, ça ne se fait pas. Mais bon, ça, j’ai pas trop envie d’y penser.
Sur quoi travaillez-vous pour progresser actuellement ?
Renforcer mon corps pour éviter d’autres blessures. Souvent, quand on a une blessure, en fait, on va beaucoup travailler son muscle clessé et on va travailler un peu moins les autres. On va prendre moins de temps pour les autres. Et on va se re-blesser autre part. Et puis après, on va travailler le nouveau muscle où on est blessé. Et on va se re-blesser où l’on s’était blessé avant. C’est un peu un cercle vicieux, quoi. Donc là, mon but, c’est de bien préparer mon corps pour pouvoir faire une saison en forme et sans blessure.
Niveau baseball, les choses que j’ai à travailler, c’est de là précision, du contrôle sur mes effets, lancer plus précisément. Et puis après, j’ai travaillé la partie mentale, donc le fait de choisir le bon lancer au bon moment. C’est plus de l’ordre mental, et de la précision, plutôt que de lancer fort. Parce que, en général, je lance toujours fort. Je suis dans la partie haute des vitesses de lancer des joueurs, donc je n’ai pas besoin d’améliorer ma vitesse de lancer, mais plutôt mon contrôle des effets.
Votre objectif ultime ?
Ça serait de faire une carrière assez longue, 10 ans ça serait bien. Déjà, c’est que je sois confortable en MLB, que je n’ai pas de redescente en ligue mineure, et de devoir remonter en MLB toutes les saisons. Après, forcément, un de mes rêves, c’est de gagner un Cy Young Award, c’est la récompense du meilleur lanceur de l’année en MLB. Ça s’appelle le Cy Young, car c’est un lanceur de légende. Et ensuite, gagner un MVP ou les World Series. Gagner, être champion de la saison, avoir la bague et tout, c’est un rêve. Donc forcément, si c’est un rêve, c’est un objectif.
À lireSporting Portugal – OM : comment Roberto De Zerbi est passé à côté de son matchJe suis allé voir le Super Bowl chez mon agent, et il avait invité tous les joueurs de MLB qu’il représente. Donc il y avait des joueurs qui jouent actuellement en MLB. Et il y avait un gars qui était au Texas Rangers quand ils ont gagné, donc il est champion, et il a la bague, c’était incroyable. C’est vraiment quelque chose d’incroyable.
Si vous gagnez la bague, vous en faites quoi ?
Je pense qu’elle ira dans un coffre-fort (rires). Et que je la sortirais pour de grands événements, comme un mariage…