samedi 20 avril 2024

Patrick Chêne : « J’étais davantage un homme de télé que de cyclisme”

À lire

Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Les commentaires éclairés et enthousiastes de Patrick Chêne ont marqué à jamais l’histoire du Tour de France. 21 ans après, il revient sur cette période dorée.

Commentateur vedette du Tour pendant dix ans sur France Télévision, avec et après Robert Chapatte, Patrick Chêne est vraiment passé à autre chose. 21 ans après son dernier Tour, c’est au pied du Ventoux, dans son domaine viticole de Dambrun, qu’il suivra l’édition 2022. Sans aucune certitude de regarder plus de deux ou trois étapes de montagne…

Quel regard portez-vous sur le commentateur du Tour que vous étiez entre 1989 et 2000 ?

Au départ, j’étais davantage un homme de télé que de cyclisme. Quand je pense à cette période, c’est surtout l’aventure télé qui me passionnait. A la différence de ceux qui ont occupé le même poste, j’avais une vision plus globale qui incluait aussi la réalisation. Quand Robert Chapatte s’asseyait derrière un micro pour commenter, je voulais avoir aussi un oeil sur la réalisation. Je faisais clairement chier le réalisateur qui devait se demander de quoi je me mêlais ! J’avais les écrans devant moi, je ne voulais rien manquer et il ne fallait pas qu’il me raconte n’importe quoi (rires) !

Qu’a changé ce statut de commentateur du Tour pour vous ?

Il n’a pas changé ma vie, il a juste changé le regard que les gens portaient sur moi. C’est grâce au Tour que j’ai noué des liens avec le public et les téléspectateurs. Aujourd’hui encore, si les gens me connaissent, ou me reconnaissent, surtout à travers ma voix d’ailleurs, c’est à 90% parce que j’ai été commentateur du Tour, un personnage central de la grande boucle.

« Chapatte m’a appris le commentaire, Holtz la relation aux téléspectateurs »

Quels furent vos modèles en la matière ?

Robert Chapatte a été un des hommes qui a le plus compté dans ma vie. J’ai appris le commentaire avec lui quand Gérard Holtz m’a appris la relation aux téléspectateurs. J’avais humblement l’ambition d’entrer chez les gens. Je pense y être parvenu en raison de mon style, direct. Je parlais à l’antenne comme dans la vie.

A l’instar de Robert Chapatte, vous restez pour beaucoup de vos successeurs une référence. Cette reconnaissance vous surprend-elle ?

Sans fausse modestie, j’ai aimé faire ça et je pense que j’ai bien su le faire. J’ai aussi bénéficié d’un contexte qui était nettement moins concurrentiel. Quand je présentais Stade 2, il s’agissait de la seule émission de sport de la télévision française. Forcément, avec des audiences qui n’ont plus rien à voir avec celles d’aujourd’hui, ça marque. Mon après Tour a aussi joué en ma faveur dans le sens où j’étais le journaliste des sports qui parvenait à exister dans un autre domaine, la politique, puisque j’ai présenté le journal de 13h pendant trois ans avant de prendre la direction des sports de France Télévision.

« J’aimais bien laisser parfois la place au silence. Il n’y en a plus. Les nombreuses voix comblent ce vide en permanence. Je le regrette un peu. »

Que pensez-vous de ceux qui vous ont succédé au commentaire du Tour ?

Je ne me suis jamais permis de les juger, je ne vais pas commencer maintenant. Au delà des commentaires d’Alexandre (Pasteur), de Thomas (Voeckler) et des autres, qui sont très bons, de Marion Rousse, qui est excellente, je trouve juste qu’il y a beaucoup d’intervenants dans l’organisation, beaucoup de monde dans la couverture d’une étape. J’aimais bien laisser parfois la place au silence. Il n’y en a plus. Les nombreuses voix comblent ce vide en permanence. Je le regrette un peu.

Aimeriez-vous commenter le Tour 2022 ?

Pas une seule seconde ! Je suis tellement loin de tout ça. J’ai eu la chance de partir quand je le souhaitais. J’ai choisi mon départ et je l’ai fait avec enthousiasme. Je ne connais plus du tout les coureurs et je serai bien incapable de vous donner les prénoms des deux Slovènes qui dominent le peloton depuis deux ou trois ans (rires) ! Je vais regarder quelques étapes, deux ou trois de montagne, pas plus. Mon activité de vigneron me prend beaucoup de temps. Je serais plus assidu devant la télé si un Français avait des chances de gagner… J’adore Alaphilippe, Bardet, j’aime beaucoup l’état d’esprit des jeunes français qui montent, ils sont formidables, mais ça ne va pas au delà.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Actu

spot_img
spot_img

À lire aussi