Numéro un sur le foot

Robert Pirès : « Certains anciens joueurs sont dans la précarité »

Afficher le sommaire Masquer le sommaire

Président du tout nouveau comité de solidarité de l’UNFP, Robert Pirès explique sa démarche.

Champion du monde 1998, Robert Pirès veut maintenant aider le football français et les joueurs en difficulté. Avec une longue carrière et plus d’une dizaine d’années dans les médias, l’ancien Gunners a vu beaucoup de joueurs passer et connaît ces situations compliquées. Alors quand David Terrier, le président de l’UNFP, lui a proposé de prendre la tête du comité de solidarité de l’UNFP, il n’a pas hésité une seule seconde.  

Pourquoi être devenu Président du comité de solidarité de l’UNFP ? 

Parce que c’est important de ne pas oublier les autres. Quand on m’a sollicité, j’ai dit oui de suite, parce que j’ai réussi une belle carrière, j’ai atteint un certain niveau, et justement je ne dois pas oublier les autres, que ce soit les joueuses ou les joueurs, qui malheureusement se retrouvent en difficulté.

À lireEXCLU : Chelsea et le Milan AC veulent Joaquim Panichelli (Strasbourg)

Moi je n’ai pas été en difficulté, mais quand eux sont dans un moment un peu critique de leur vie, il faut être là. En fait, il faut être solidaire. Le mot veut dire ce qu’il veut dire. C’est donc pour ça que j’ai accepté l’invitation. Et puis après, il fallait que je choisisse les joueurs et joueuses qui allaient m’accompagner dans ce projet (Bafétimbi Gomis, Olivier Dacourt, Prince Oniangué, Johann Culianez, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Griedge Mbock et Siga Tandia, Ndlr).  

Vous avez eu une totale liberté sur le choix des joueurs et joueuses ? 

Oui. On a fait des demandes, et ça a été vite. Parce que tous ceux que vous voyez là, en fait, c’est les premiers qu’on a invité, et ils nous ont dit oui de suite. Ils n’ont même pas réfléchi. D’habitude, les gens te disent : « Je vais prendre un peu de temps, laisse-moi réfléchir. » Là, on leur a dit, ils étaient soit en face de nous, soit en visio, et à la fin de la visio par exemple, tout le monde avait dit oui. C’était hyper rapide dans la décision et hyper fluide.

« On ne veut pas oublier les joueurs ou les joueuses qui sont en difficulté »

Ça doit faire plaisir de voir que les gens s’attachent à un projet comme celui-ci. 

À lireCombien gagne Jonathan Clauss ?

Bien sûr, ça fait plaisir, mais après, je ne suis pas surpris, parce que tous ceux que vous avez vus, tous ceux qui font partie du groupe vont dans la même direction. On ne veut pas oublier les joueurs ou les joueuses qui sont en difficulté, parce que là, ils sont dans une certaine précarité. 

Les gens de l’extérieur, quand tu dis footballeur professionnel, de suite, ils vont dire, lui, il a réussi ou elle, elle a réussi. Donc en fait, ils n’ont pas besoin d’aide. Si, justement. C’est pour ça qu’aujourd’hui, ce que l’on veut, ce que je veux, c’est que ça se sache, qu’il y ait une certaine visibilité et que les joueurs ou joueuses, encore une fois, qui se retrouvent dans cette situation difficile, osent nous appeler. 

Et c’est dur pour eux ?

Oui, parce qu’il y a une honte, une pudeur. Ils ont honte parce qu’ils se sont dit, « attends, mais j’étais footballeur ou footballeuse professionnelle, j’ai gagné de l’argent, et qu’aujourd’hui, comment j’ai pu me retrouver dans cette situation ? » Alors après, il y a des choix, bien évidemment. Alors, il ou elle se retrouve dans cette situation, et ils n’osent pas appeler. Vraiment !

À lireEnlever son maillot après un but : cette joie irrationnelle qui peut coûter cher

Et justement, ce que l’on veut, c’est que les gens nous appellent. Et malheureusement, on ne va pas pouvoir traiter tous les dossiers. 500 000 euros, je vais être honnête avec vous, je pense que ce n’est pas assez. Mais aujourd’hui, c’est notre enveloppe. Et je suis sûr qu’avec cette enveloppe, on va en aider beaucoup. Et ça, c’est déjà une vraie victoire. 

Est-ce qu’il y a une enveloppe qui serait suffisante ? Parce que finalement, il y a toujours des problèmes. Il faut toujours faire plus. 

Déjà, on en fera toujours plus. Il faut toujours plus en termes de budget. Mais ça, on le sait. Mais aujourd’hui, déjà, l’UNFP nous donne cette enveloppe. On va bien la gérer.

« Tu as une activité, et tu te dis que tu as le temps. Mais non, ça passe très vite »

La plupart du temps, les footballeurs qui se retrouvent en difficulté financière, c’est dû à quoi ? C’est un mauvais entourage, des mauvais investissements ? C’est quoi la plupart des raisons qui reviennent ? Ça reste un truc assez flou finalement.

Il y a le gros cliché du footballeur qui gagne plein d’argent, qui vit sa meilleure vie. Mais ce n’est pas ça, la réalité. Mais le problème des gens, c’est qu’ils s’identifient toujours aux gros joueurs, qui ont un gros salaire. Sauf qu’un joueur moyen ne gagne pas ce salaire. Et c’est pour ça qu’il y a une mauvaise image du footballeur. C’est-à-dire que les gens ou les supporters mélangent tout le monde. Mais non, au final.

À lireCe joueur de la Juventus qui met déjà le feu au mercato d’hiver

Et c’est pour ça que, tu peux te retrouver en difficulté, dans une certaine précarité. Il y a des arnaqueurs autour des footballeurs et ils sont partout, même dans l’entourage proche. Parfois, c’est la famille qui te plante. Après tu te retrouves dans une certaine vulnérabilité, donc c’est compliqué.

Vous, votre parcours, vous l’avez dit, vous n’avez pas ressenti ce besoin d’avoir une aide. Mais vous avez témoigné que c’était compliqué l’après-carrière. Et là, vous auriez aimé avoir de l’aide à ce moment-là.

Non, pas du tout. Je n’en ai pas eu besoin, grâce à Dieu ça s’est très bien passé. Après ma carrière, j’ai enchaîné tout de suite dans les médias. Je suis dans les médias depuis 2012. J’ai commencé avec Bein Sport. Aujourd’hui, je suis chez Canal. Et depuis, je suis dedans. Donc, je n’ai pas eu de soucis. 

Pendant le football, on m’avait dit de faire attention parce que l’après-carrière est difficile. Et en fait, on n’y pense pas. On ne pense pas à l’après-football parce que tu es dedans. Tu as une activité, et tu te dis que tu as le temps. Mais non, ça passe très vite.

À lireTransferts : comment Michele Kang compte faire venir Endrick à l’OL

Sauf que quand c’est fini, quand tu n’as plus de salaire, la première année, ça va. La deuxième année, ça va. Mais quand tu dois payer tes impôts sur le passé, ça fait mal. On n’est pas préservé par rapport à ça, on n’a zéro information. L’idée est d’anticiper, mais on n’anticipe pas. Moi, perso, j’avais anticipé. Mais il y en a beaucoup qui n’anticipent pas, il y en a plein qui sont dans le dur. Et, encore une fois, ils n’osent pas taper. Parce qu’ils ont honte.



Publiez un commentaire

Publier un commentaire