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Tanguy Le Turquais (17ème du Vendée Globe) : « Le plus dur a été d’être au départ »

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Pour sa première participation, Tanguy Le Turquais s’est offert un Vendée Globe de rêve avec une belle 17ème place, deuxième dériveur, au bord de Lazare. A 35 ans, le navigateur, compagnon de Clarisse Crémer, également présente, a bouclé son tour du monde en 84 jours, 23 heures, 19 minutes et 39 secondes. 

En arrivant de votre aventure du Vendée Globe, vous avez déclaré que vous avez changé, est-ce toujours le cas quelques semaines plus tard ? 

(Sourire) C’était incroyable, C’était un magnifique voyage. C’est bien évidemment une course et une régate, mais c’est bel et bien un voyage sur la terre, déjà, puis à l’intérieur de nous-même. J’ai vécu un petit condensé de vie en trois mois. 

Beaucoup évoquent la totalité de l’aventure du Vendée Globe, de la préparation à la course, en pensant déjà à repartir… 

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(Il coupe) L’épreuve la plus compliquée du Vendée Globe est d’être au départ justement. C’est vraiment pour moi la vraie épreuve. Ça parle moins aux gens. C’est moins concret et plus subtil, moins visuel. C’est moins impressionnant. Etre au départ du Vendée Globe, c’était déjà la grosse épreuve.

A côté, participer au Vendée Globe, c’était difficile émotionnellement et physiquement, mais bien moins que se battre pour être au départ. En revanche, je reviens du Vendée Globe avec la certitude de n’avoir pas envie d’y retourner. J’ai vécu un très bon moment. J’étais hyper heureux. J’ai apprécié chaque instant en mer, mais je suis très heureux qu’elle se termine. J’ai l’envie qu’elle reste unique dans ma vie. Je considère que ce n’est pas normal de faire ce genre de choses. J’ai envie que le souvenir de ce Vendée Globe qui a été réussi de A à Z continue de l’être dans les années à venir.

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« Je savais ce que j’allais vivre sur le Vendée Globe »

Est-ce différent de s’imaginer son aventure sur le Vendée Globe puis de le vivre ensuite ? 

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C’est très différent. J’ai fait pas mal d’années de bateau pour savoir ce que c’est de passer du temps en mer. Concrètement, je m’attendais à vivre ce que j’ai vécu. Mon gros point d’interrogation restait moi. Comment j’allais réagir ? C’était la grande découverte de voir comment j’allais réagir pendant trois mois, seul en mer. A notre époque, finalement, on n’est jamais seul. Il y a toujours un téléphone qui sonne. C’était, au final, plus facile que je ne le pensais. 

Est-ce aussi lié au fait d’avoir pour compagne, Clarisse Crémer, qui avait déjà cette expérience au moment de repartir pour cette édition du Vendée Globe et finir 11ème

Ça faisait partie de l’une des difficultés d’avoir également Clarisse sur le Vendée Globe. Il y a forcément plus d’angoisse. Un marin qui part seul et qui laisse sa famille à terre va d’abord s’angoisser pour lui. Nous, on s’angoissait pour l’autre qui était aussi en mer. L’approche était différente. On a laissé notre enfant sans ses deux parents. Ça apporte plus d’angoisse, mais aussi de la force. 

Comment s’est passée votre préparation à tous les deux ? 

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C’étaient deux projets différents. Donc chacun le faisait de son côté.

Tanguy Le Turquais deuxième de la classe dériveur

Etait-ce enthousiasmant d’avoir cette course et ce mano à mano avec Benjamin Ferré, premier dériveur, qui vous a devancé pour quelques minutes seulement sur la ligne d’arrivée ? (84 jours, 23 heures, 19 minutes et 39 secondes contre 84 jours, 23 heures, 35 minutes et 29 secondes, Ndlr). 

Il y avait toujours Benjamin qui n’était pas loin. On savait, depuis trois ans, que l’on se titre la bourre sur les régates, que ce serait serré entre nous. Ni l’un, ni l’autre n’allait lâcher le morceau. La seule inconnue dans notre catégorie de bateau allait être Jean Le Cam et Eric Bellion. Jean Le Cam nous a montré qu’il savait y faire avec son bateau dans les mers du sud. Il n’y a pas eu match. Il était loin devant.

Dans la remontée de l’Atlantique, Jean a fait un choix stratégique au niveau de Rio puis il a connu des soucis techniques, ça nous a permis de rester devant. Heureusement que la course n’a pas duré plus longtemps, il aurait fini par nous rattraper le Pépère Jean. On s’est livré à un beau mano à mano du sud de l’Australie jusqu’à la ligne d’arrivée avec Benjamin. C’est incroyable, moins de 16 minutes à l’arrivée.

N’importe quel sport rêverait d’un tel dénouement. Je suis celui qui arrive derrière, mais je n’ai pas de regrets. Quand on étudie la trace, je n’ai jamais réussi à vraiment le doubler. Il allait toujours un peu plus vite que moi. Si on rapporte à un marathon, on serait incapable de déterminer le premier du deuxième à la photo finish. 

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Que gardez-vous de l’arrivée ? 

C’est unique ! Quand on franchit la ligne, c’est toutes ces années de sacrifices qui sont concrétisées. C’est une récompense. C’est aussi fort que tous les efforts pour être au départ.

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