Longtemps psychologue et préparatrice mentale d’AG2R La Mondiale, Virginie Dalla Costa continue de suivre quelques coureurs du peloton à titre individuel.
La dépression est-elle un sujet tabou dans le peloton ?
Si la santé mentale est de plus en plus prise en compte, la dépression reste encore quelque chose de tabou, à l’image d’une société dont le cyclisme est le miroir. Pour un cycliste, il demeure plus facile d’assumer une fracture qu’une dépression qui est considérée comme une fragilité alors qu’il s’agit d’une vraie maladie.
Les dépressions sont-elles bien diagnostiquées ?
À lireTour de France Femmes : Squiban exceptionnel, au tour de Ferrand-PrévotLes cyclistes n’en ont pas toujours conscience notamment parce qu’il existe différents degrés de dépression. Lorsqu’ils sont fatigués, moins performants, ils l’attribuent souvent à du surentraînement, un mauvais passage… Or, si c’est récurrent et que ça a aussi des conséquences sur leur vie privée, s’ils sont irascibles, s’ils n’ont plus confiance en eux, si le plaisir a disparu de leur quotidien, s’ils dorment mal, ils doivent en parler autour d’eux. Le problème, c’est qu’ils se mentent souvent à eux-mêmes.
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« Les nouvelles générations sont plus sensibilisées »
Que doivent-ils faire alors quand ils se sentent mal ?
Aller voir le médecin de l’équipe qui les dirigera vers un spécialiste, un psychiatre, pour établir un diagnostic. Malheureusement, peu effectuent cette démarche parce qu’en tant que sportif professionnel, ils ont une obligation de résultats qui se heurte à la précarité de leur contrat. Ils pensent : « J’ai juste besoin de récupérer… »
À lireBernard Thévenet : « Bientôt une équipe chinoise sur le Tour de France ? »Comment jugez-vous la prise en charge de ces risques mentaux par les équipes professionnelles ?
Les clubs n’ont pas le choix, ils se doivent d’être à l’écoute. De plus en plus de structures ont intégré des psychologues du sport dans leur staff donc les nouvelles générations sont plus sensibilisées. Mais ça ne change pas grand-chose si on ne considère pas la dimension humaine des sportifs, si on oublie qu’ils sont aussi des hommes et des femmes avec des histoires parfois compliquées, si on ne prend pas en compte le contexte familial, les antécédents, les éventuels traumatismes passés, qui sont autant de facteurs de fragilité pour le présent.
Comment faire pour mieux anticiper les dépressions ?
Il faut d’abord créer une vraie relation de confiance qui ne peut naitre qu’en considérant justement l’homme avant le coureur cycliste. La communication n’en sera que meilleure pour révéler d’éventuels soucis plus personnels. Ça peut se passer sur une table de massage, remonter jusqu’à l’entraîneur qui alertera le psychologue pour une vraie prise en charge.
À lireTop 5 des kits d’électrification vélo en 2025 : Comparatif indépendant (Syklo, Bafang, OZO, Cycloboost)C’est l’affaire de tout le staff. Au très haut niveau, les sportifs sont à la limite, toujours sur le fil du rasoir, donc il est indispensable d’être très pointu dans la prise en charge, pour adapter les entraînements, offrir plus de plages de récupération… s’adapter à la situation de chacun.
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