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Yérime Sylla (entraîneur de la sélection féminine de handball chinoise) : « Pour bosser, la Chine, c’est génial ! »

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A 55 ans, l’ancien défenseur de Dunkerque ou Pontault-Combault, entraîneur de Cesson-Rennes, Dunkerque et Nancy, a posé ses valises en Chine cet été. Deux ans après avoir permis à la Belgique de vivre ses premiers championnats du monde, il a cette fois l’objectif de qualifier les féminines pour les JO de 2028 à Los Angeles. 

Yérime, après la Belgique, la Chine, que recherchez-vous dans ces projets quelque peu atypiques ?

Avant tout la progression individuelle des joueurs ou des joueuses. Car à la base, je n’avais pas vocation à devenir entraîneur. Après ma carrière de joueur, je me suis tout de suite dirigé vers une formation de préparateur physique. C’était davantage mon truc. Et finalement, en revenant à Dunkerque intégrer le staff, je suis tombé complètement dedans. Gagner en 2011 le premier titre (coupe de France) de l’histoire du club a été un moment important qui a renforcé ma confiance. 

Et qui vous a donc poussé vers le poste d’entraîneur ?

A Dunkerque, j’ai aussi été très marqué par la disparition de Nicolas Bernard (ancien président du club, décédé en 2010 : ndlr), qui n’a malheureusement pas vécu la victoire en coupe de France. Ce fut très dur pour moi car je le considérais vraiment comme mon mentor. C’est pour lui que je me devais de continuer et que j’ai bifurqué vers Cesson-Rennes (2014-2018) tout en étant avec la sélection de Belgique (entre 2011 et 2014 puis 2016 et 2018 et 2022-2023 : ndlr). Avec seulement douze pros, nous avons réussi à qualifier les Red Wolves pour leurs premiers championnats du monde, justement en axant le travail sur la progression individuelle des joueurs.

« Je suis dans l’échange, dans l’humain. Je ne recherche pas les titres ou les trophées »

Est-ce plus facile à faire avec une sélection qu’en club ?

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Disons qu’avec mon profil, et l’évolution du hand français, je ne vois pas ce que je peux apporter de plus à un club. Pour exercer mon métier, j’ai besoin de me sentir bien. Or, mes dernières expériences en la matière ont généré plus de déceptions que de satisfactions. Je n’ai donc pas candidaté pour rejoindre des clubs avec des joueurs déjà au sommet. Je suis dans l’échange, dans l’humain. Je ne recherche pas les titres ou les trophées. Faire de Vincent Gérard, en un an, le meilleur gardien du championnat (avec Cesson-Rennes), c’est ça qui est intéressant ! 

On imagine donc que le projet chinois va dans ce sens ?

Il me correspond vraiment bien. Ici, j’ai le sentiment d’être utile. Je découvre le handball féminin, c’est nouveau pour moi et je me sens chanceux. Nous avons pris une génération prometteuse qui a participé aux Coupes du monde U18 puis U20 et passé deux ans en Hongrie. Ils voulaient continuer à avoir un entraîneur européen, nous sommes là pour leur permettre de s’étoffer physiquement. Dans le centre d’entraînement où sont tous les derniers champions olympiques du pays, à Pékin, nous avons de magnifiques infrastructures. Pour bosser, c’est génial. Il y a moins de problèmes d’ego, beaucoup plus d’humilité ce qui permet forcément aux joueuses de progresser plus vite. 

« La sélection fonctionne comme un club en participant à la SuperLeague chinoise »

Quels sont les objectifs de la sélection ?

Le groupe fonctionne comme un club en participant notamment au championnat national, la China Super League. Les connexions entre les filles sont bonnes, les progrès sont déjà visibles qui doivent nous permettre d’aborder avec ambition les qualifications pour les JO 2028 pour laisser derrière nous le Japon et la Corée du Sud (vainqueurs et finalistes des derniers championnats d’Asie, quand la Chine a fini 5ème : ndlr). Professionnellement, c’est top… même si c’est loin (rires) ! 

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Que pensez-vous de l’idée initiée par Sebastian Coe, candidat à la présidence du CIO, de déplacer le handball vers les JO d‘hiver ?

Sportivement, ça peut être une bonne idée car cela laisserait de vraies vacances en été à des joueurs qui, on l’a vu cette année avec l’équipe de France, ont eu du mal à enchainer un Euro et une Olympiade. Faire les JO en hiver est dans la même logique de calendrier que les Mondiaux. Médiatiquement par contre, je m’interroge davantage car les JO d’été ont quand même un impact nettement plus important, le hand y est présent du premier au dernier jour. Surtout, le hand ne colle pas vraiment à l’idée qu’on se fait des Jeux d’hiver à savoir la neige et la glace.



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