vendredi 19 avril 2024

Les dix défis qui attendent Julian Alaphilippe

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Après le maillot jaune en 2019, le maillot arc-en-ciel en 2020, les défis ne manquent pas en 2021 pour le puncheur français de 28 ans qui arrive au sommet de sa forme. Jeux, Tour, grandes classiques, l’horizon de Julian Alaphilippe est sans limites. Ou presque.

1

Devenir champion olympique

La course en ligne des Jeux Olympiques lui a échappé de peu en 2016. Au pied du podium (4ème), à 22 secondes du champion olympique Greg Van Avermaet, après une chute dans la descente de Vista Chinesa, Alaphilippe était sorti aussi frustré que déterminé à avoir sa revanche. Autant que le championnat du monde, l’Olympiade était une priorité en 2020 avant que la crise sanitaire reporte l’épreuve d’un an… pour la placer en même temps que le Tour de France et d’obliger la Grande Boucle à décaler son calendrier pour ne pas que les deux événements se chevauchent. Résultat, il y aura une semaine pour préparer une course olympique taillée à sa mesure. A un jour près le même écart qu’entre la fin du Tour 2020 et le Mondial d’Imola. Forcément bon signe.

2

Ramener le maillot jaune à Paris

De tous les défis qui s’offrent au champion du monde, ramener le maillot jaune à Paris est, de loin, le plus difficile. Dans un Tour 2019 plus ouvert que jamais, d’aucuns pensent qu’il a manqué l’occasion unique d’en profiter pour ce qui eut été un petit hold-up eu égard à ses difficultés à exister dans la haute montagne. Bernard Hinault ne dit pas autre chose à ce sujet : « Pour qu’il puisse gagner, il faudrait que les meilleurs en montagne cèdent et ne soient pas à leur niveau. Or, ils sont trop nombreux à postuler et sont tous jeunes donc avec de belles années devant eux. » A 28 ans, Julian n’a pas de marge de progression en montagne, à moins de savoir rester patient et de profiter des circonstances, ce qui ne va pas vraiment avec son tempérament. Son défi sur le Tour sera surtout d’accumuler les victoires d’étapes. Il en est à 5, et peut espérer entrer dans le cercle très fermé des 32 coureurs à 10 victoires et plus.

3

Rester ou partir de la Deceuninck

Après avoir prolongé en 2019 de deux années son contrat avec Deceuninck, Alapahilippe aura l’accent belge au moins jusqu’en 2021. Au-delà, tout est possible pour un nouveau champion du monde qui est déjà très sollicité. A 28 ans, l’Auvergnat se situe à la croisée des chemins avec la possibilité de poursuivre avec une équipe tournée vers les courses d’un jour ou de se tourner vers un collectif qui le mettrait au coeur de son projet sportif à l’instar d’un Bernal, d’un Roglic ou d’un Pogacar. L’émergence du petit phénomène belge, Remco Evenepoel, et la manière avec laquelle son équipe s’adaptera à ses exigences et à son potentiel, est aussi à considérer dans le futur à court terme du champion du monde. De ses résultats de 2021 devrait dépendre sa destination de 2022.

4

Découvrir le Giro

S’il a déjà participé une fois, en 2017, à la Vuelta (68ème), y remportant même une étape (8ème), il ne s’est encore jamais aligné dans le Giro où plus aucun Français n’est monté sur le podium depuis Charly Mottet (2ème en 1990), Laurent Fignon étant le dernier vainqueur en 1989. Alaphilippe peut-il effacer trente années de disette ? Après tout, Carapaz ou Dumoulin, qui ont déjà inscrit leur nom au palmarès en 2017 et 2019, n’ont pas plus de talent que le Français, même s’ils passent mieux la montagne.

5

Disputer Paris-Roubaix

En raison de la COVID, il faudra attendre avril 2021 pour voir comment il passe les pavés. « Il n’y a pas de raison qu’il ne soit pas aussi à l’aise et que sa science de la course ne lui permette pas de la gagner un jour », insiste Bernard Hinault. En attendant, Julian ne s’est jamais présenté au départ de la classique française la plus prisée, la plus atypique aussi et qui échappe à la gourmandise des coureurs français depuis 1997 (Frédéric Guesdon)… la même année que le titre mondial de Laurent Brochard que Julian a dépoussiéré en 2020 à Imola. Un signe ?

6

Gagner d’autres Monuments

Après avoir conquis Milan-San Remo en 2019, la Flèche Wallonne en 2018 et 2019, la Classique Saint Sébastien en 2018 et la Flèche Brabançonne en 2020, avoir tourné autour de Liège-Bastogne-Liège depuis cinq ans (2ème en 2015, 4ème en 2018 et 5ème en 2020 après avoir été déclassé), avoir fait ses classes sur le Tour des Flandres cet automne, il restait pas mal de terres à conquérir au champion français. Outre Paris-Roubaix, l’Amstel Gold Race (qui se refuse à lui après cinq tentatives) et le Tour de Lombardie, où il a fini 2ème en 2017 derrière Nibali, représentent des challenges largement à sa portée. Et dans la course aux cinq Monuments, s’il n’a pour le moment que Milan-San Remo à son palmarès, il peut rêver aux quatre autres (Tour des Flandres, Liège-Bastogne-Liège, Paris-Roubaix et Tour de Lombardie) et rejoindre les trois seuls coureurs à avoir fait le grand chelem (Roger de Vlaeminck, Rik Van Looy et Eddy Merckx).

7

Gagner une grande course à étapes

5ème de Paris-Nice en 2017, c’est après un magnifique Tour de France en 2019 et un statut de favori qu’il avait attaqué, plein d’ambition, son deuxième Paris-Nice en mars 2020. Mais sa 16ème place finale, était venue refroidir ses ardeurs. Trop tôt dans son calendrier, la course printanière a pourtant le profil idéal pour lui permettre de briller et d’accrocher une ligne de plus à son palmarès, lui qui a déjà apprivoisé le Tour de Californie en 2016 et le Tour de Grande-Bretagne en 2018. 21ème du Dauphiné en 2018, 24ème en 2020, 6ème de Tirreno-Adriatico en 2019, la marge de progression d’Alaphilippe est immense. Elle doit lui permettre d’avoir les moyens de ses ambitions pour ces courses de quelques jours qui semblent faites pour lui.

8

Être champion de France

Deux fois troisième, en 2018 et 2020, laissant à Anthony Roux et Arnaud Démare le maillot tricolore, il a beau avoir apprécié à sa juste valeur sa présence sur le podium et sa capacité, à chaque fois, à animer la course, Alaphilippe n’en a pas encore fini avec ce titre de champion de France qui lui tient à cœur depuis qu’il fut titré en catégorie espoir en cyclo-cross. Battu au sprint en 2020 sur un parcours peu sélectif, il attend son heure. Peut-être en 2021, à Epinal, sur les terres du Vosgien Nacer Bouhanni.

9

(Re)devenir numéro un mondial

Mine de rien, depuis vingt ans, ils ne sont que trois français, avant lui, à avoir eu l’honneur d’être numéro 1 mondial : Charly Mottet, Laurent Fignon et Laurent Jalabert. Ce fut donc le cas en 2019 pour Alaphilippe pendant 25 semaines entre le 24 mars, après sa victoire dans Milan-San Remo, et le 14 septembre, avant de laisser le trône à Primoz Roglic depuis.

10

Ne plus faire de bêtises…

Sans ces moments d’égarement qui lui ont coûté très cher cette année, le maillot jaune sur le Tour pour un ravitaillement hors zone, Liège-Bastogne-Liège pour un sprint mal négocié par manque de lucidité ou (et) d’humilité, ou le Tour des Flandres pour ne pas avoir vu une moto arrêtée, le bilan 2020 aurait pu être encore plus beau. Il a promis que ça n’arriverait plus. « C’est la première fois que ça m’arrive dans ma carrière et je pense que c’est aussi la dernière, a-t-il expliqué. Dommage que ça arrive dans la Doyenne… » Dommage, en effet.

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