mardi 10 décembre 2024

[Rétro] 1978, « Nanard » signe à Saint-Etienne !

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En prenant l’A47 pour parcourir les 64 kilomètres qui séparent Lyon de Saint-Etienne, Bernard Lacombe « Nanard » brisait un tabou qui rendait jusqu’alors inimaginable tout transfert entre les deux meilleurs ennemis du foot français.

De retour de la Coupe du Monde 1978, où il a inscrit le but le plus rapide de la compétition (face à l’Italie), l’avant-centre de l’équipe de France devient le premier joueur de l’OL à être transféré à l’ASSE.

Neuf ans après avoir atterri à Lyon, où il avait suffisamment côtoyé les légendes locales, Chiesa ou Di Nallo, pour en devenir une lui-même, il quitte un club avec lequel il a gagné la Coupe de France en 1973, mais qui vient d’éviter de peu la relégation (au goal-average), pour prendre un train stéphanois lancé à pleine allure après ses exploits européens.

Mais c’est moins pour franchir un palier sportif que pour satisfaire à une réalité financière difficile qui poussait les Gones à vendre ses meilleurs éléments que “Nanard” a effectué le grand saut. Dans un article qui revenait sur cet épisode de la rivalité stéphano-lyonnaise, la prescription des faits poussait l’ancien bras droit de Roger Michaux, le président lyonnais de l’époque, à témoigner sans détour :

“Nous étions dans une situation financière catastrophique et nous n’avions pas d’autre choix que de vendre Lacombe.” Meilleur buteur du club depuis cinq ans, l’attaquant de 26 ans est avec Chiesa le plus bankable de tous les Gones. Sauf que Chiesa ne voulant pas entendre parler d’un départ…

C’est Lacombe qui s’y colle. Un an après avoir vendu Domenech à Strasbourg pour 600 000 francs, l’OL vendait Lacombe à Sainté pour près de trois millions de francs…

« Saint-Etienne est un bon club, j’espère y terminer ma carrière »  

Sa manière à lui de participer au sauvetage de son club de coeur pour un transfert qui, de l’avis de Jean-Claude Chuzeville, le secrétaire général de l’OL, laissait deviner les prémices de l’affaire de la caisse noire qui n’allait plus tarder à éclater.

En plus du prix officiel, il y avait une soulte en cash que j’ai dû aller chercher à Saint-Etienne. Au siège du club, une valise était posée sur la table, il y en avait pour un million de francs (environ 150 000 euros) rangés en piles. On se serait cru dans un film. Pour rentrer à Lyon, avec la valise posée sur le siège avant à côté de moi, je n’ai jamais dépassé les 50 de peur de me faire arrêter par la police !”

La patrouille, c’est le président Rocher et les Verts qui l’ont pris en pleine tête quelques mois plus tard. Mais avant, Lacombe avait eu le temps de retrouver ses anciens potes du bataillon de Joinville, les Santini, Lopez, Sarramagna, ou ceux qu’il côtoyait avec les Bleus d’Hidalgo, Rocheteau et Janvion.

Le début des transferts entre Sainté et Lyon avec Nanard

A une époque où l’amour du maillot fait encore partie de la panoplie des footeux, le transfert fait la Une et agit paradoxalement comme un révélateur pour Lacombe. Sa première interview accordée au magazine du club, ASSE Actualités accrédite en tout cas cette thèse :

“Ce public de Geoffroy-Guichard, il applaudit, il grogne, il pleure. A Gerland, il est plus souvent indifférente et c’est triste. (…) Saint-Etienne est un bon club, j’espère que j’y terminerai ma carrière.”

Hébergé chez les Santini pendant ses quatre premiers mois de néo-Stéphanois, le Lyonnais ne reste qu’une saison avec la panoplie verte, le temps de se tromper de vestiaires (véridique !) avant de passer à côté du derby à Sainté (0-2) et de prendre sa revanche à Gerland en marquant le premier des trois buts de la victoire (3-0).

Victime collatérale des mauvais résultats des Verts, privés du titre de champion pour la troisième fois d’affilée, il ne fera que croiser Platini et Rep recrutés à grands frais par le président Rocher. Après un dernier match amical face à… l’OL, il pouvait rappeler Didier Couécou qui l’avait déjà sollicité un an avant pour rejoindre Bordeaux. Là-bas, il préparerait l’arrivée de Jacquet, un autre ancien stéphanois qui, en son temps, avait pris l’A47 dans l’autre sens…

Tom Boissy

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