Bochum, onze ans après
Il y a onze ans, une défaite face à Hanovre 96 scellait la relégation du VFL. Il aura donc fallu onze saisons pour que l’un des plus emblématiques et anciens clubs allemands retrouve la Bundesliga… l’année du 700ème anniversaire de sa commune. Pour l’occasion, les joueurs de Reis porteront un maillot spécial pendant toute la préparation de la saison, avec les armoiries de la ville sur la poitrine, édité à 4630 exemplaires seulement, le rappel de l’ancien code postal de Bochum… Il s’agit de la septième accession d’un club
qui a assumé de bout en bout de la saison son statut de favori. Dans la Ruhr, la principale raison de cette remontée s’appelle Thomas Reis. Lorsque l’entraîneur a pris ses fonctions, le 6 septembre 2019, pour remplacer Robin Dutt, l’équipe ne pointait qu’en 17ème position. Un an après, la 8ème place participait à une montée en régime inéluctable qui ne pouvait que déboucher sur la remontée tellement le collectif s’était montré solide et régulier.
Après la victoire décisive face au SV Sandhausen, l’ancien joueur formé au club, l’international allemand de Manchester City, Ilkay Gündogan ne tardait pas à poster ce message sur Twitter : « Je suis très heureux de l’accession de mon club de jeunes. Il était temps que vous reveniez en Bundesliga ! »
Greuther-Fürth remet ça
Dix ans après avoir découvert la Bundesliga pour la première fois (en 2012), le temps d’une seule petite saison, l’entente entre Vestendergsgreuth et Fürth (deux villes proches de Nuremberg), effective depuis 1996, a gagné de haute lutte le droit de tenter sa chance une seconde fois en espérant qu’aient été retenues les leçons du si difficile exercice 2012/2013 (4 victoires seulement en 34 matches). Car lors de cette funeste saison, finie en dernière position, les Cloverleaves (fleur de trèfle, le surnom du club) avaient établi un triste record, celui de n’avoir gagné aucun match à domicile. Dans ce registre, il ne sera pas difficile aux joueurs de Stefan Leitl (arrivé en février 2019) de faire mieux.
LIGA
Eternel Espanyol Barcelone
Les Catalans ne se seront pas éternisés en Liga SmartBank (Segunda Division). Chaque fois que l’autre club de Barcelone est descendu (à cinq reprises), il n’est jamais resté plus d’une saison avant de remonter.
La dernière fois, c’était en 1994. Sous la férule de Vicente Moreno, qui avait fait monter Majorque de Segunda Division B à la Liga, et qui connait bien l’antichambre de l’élite espagnole, il efface une parenthèse qui avait été d’autant plus inattendue que la relégation s’était effectuée à l’issue d’une saison où les Catalans participaient pourtant à la Ligue Europa. Si la chute avait été plus difficile à vivre encore pour un club sensé être plus ambitieux depuis son rachat par des investisseurs chinois (Rasta Group), ce rebond immédiat a rassuré les supporteurs.
Le real Majorque a le vertige
C’est seulement la troisième fois depuis 1990 que deux équipes reléguées sont promues en Liga dès leur première saison de D2. Le Real Majorque a effectivement suivi la même trajectoire que l’Espanyol en renforçant sa position lors d’une série de 17 matches sans défaite qui lui a permis de monter sur le podium en novembre et de ne plus jamais en redescendre. Ironie du sort, c’est avec Vicente Moreno, le coach qui a fait remonter l’Espanyol, que Majorque était descendu il y a un an, avant d’appeler Luis Garcia à la rescousse.
Suffisant pour perpétuer la tradition d’un club qui a connu sa gloire au début des années 2000 en atteignant la finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe (1999) puis en participant à la Ligue des Champions après une 3ème place en Liga (2001/2002) et en gagnant la Coupe du Roi en 2003.
Les montagnes russes allaient suivre avec une relégation en D3 en 2017, un retour en Liga en 2019, la redescente en 2020 et la remontée en 2021. Présidé depuis 2016 par l’ancien tennisman américain Andy Kohlberg, associé à l’investisseur Robert Sarver, ce Real là abordera son retour en Liga avec une obsession légitime : s’éloigner le plus possible de l’ascenseur.
PREMIER LEAGUE
Les Bees l’ont fait…
C’est à l’issue des barrages, après avoir éliminé Bournemouth (0-1, 3-1), puis Swansea, que les joueurs de Thomas Franck ont effacé 64 ans d’histoire. Avec un effectif très scandinave (7 Danois, 1 Suédois, 1 Finlandais), l’entraîneur… danois a réussi à s’extraire du marathon que représente ce Championship anglais en misant sur la data. Racheté par un ancien parieur professionnel qui a fait fortune dans son entreprise, Smartodds, Brentford a résolument axé son modèle sportif et économique, surtout en matière de recrutement, sur une approche mathématique du football.
Au moins pour cette saison, ça a marché. Plutôt que de dépenser plus (que les autres) sur le marché des transferts, les Bees essayent de dépenser mieux. Donc pour monter son équipe, Matthew Benham a utilisé les stats et a permis au 21ème budget de Championship de se classer dans le top 10 à cinq reprises d’affilée jusqu’à décrocher la timbale cette année, en battant Swansea 2-0 en finale, un an après avoir échoué au même stade des play-offs face à Fulham (1-2). Former son centre de formation pour mieux se consacrer au scouting a été une des décisions marquantes.
Pukki booste Norwich
« We’re back ! » « Mission accomplished », c’est avec ces deux slogans que le Norwich City FC a communiqué vers ses fans après l’officialisation de sa remontée en Premier League… la quatrième en une décennie, seulement un an après être redescendu. Pour continuer à chanter en Premier League la saison prochaine, il va désormais falloir tirer les leçons des trois dernières descentes, pour ne pas reproduire les mêmes erreurs, tout en conservant ses meilleurs éléments.
De leur capacité à s’adapter aux exigences de l’élite dépendra l’avenir de Norwich : on parle de Max Aarons (21 ans), considéré comme un des meilleurs défenseurs latéraux anglais, de l’atypique Finlandais de 31 ans, Teemu Pukki évidemment, une fois de plus énorme d’efficacité, et du gardien vétéran Tim Krul (33 ans), qui a gagné au passage sa place dans la liste de la sélection néerlandaise pour l’Euro.
Watford ne s’éternise pas en championship
C’est un penalty de l’ancien messin et rennais Ismaïla Sarr, pour une victoire décisive face à Millwall en avril, qui a sorti Watford du purgatoire pour le renvoyer au paradis de la Premier League seulement un an après l’avoir quittée. Dans les pas des Canaris, les Hornets n’ont pas chômé en Championship, bénéficiant notamment de la réussite de l’attaquant sénégalais Sarr, auteur de 13 buts et éminemment important dans les bons résultats d’une équipe qui avait changé de coach en décembre, Vladimir Ivic étant remplacé par Xisco Munoz après une défaite à Hudersfield.
Au sein d’un effectif pour le moins cosmopolite (14 nationalités), le jeune entraîneur espagnol de 40 ans qui n’avait qu’une expérience d’une saison avec le Dinamo Tbilissi, a vite inversé la tendance. Il s’agit désormais pour le club cher à Elton John de s’installer durablement en Premier League alors que dans son histoire il n’a jamais réussi à y rester plus de six saisons d’affilée dans les années 80.
SERIE A
Dionisi a réveillé Empoli
Pour les trente ans de présidence de Corsi, ses joueurs ont bien fait les choses en remontant. Grand architecte de ce renouveau, l’an cien entraîneur de Venise, Alessio Dionisi (41 ans), nommé en juillet 2020, a parfaitement exploité le potentiel d’un effectif porté par l’efficacité de son buteur, Leonardo Mancuso (20 buts). Pour le 7ème passage du club de Toscane en Serie A, le premier datant de 1986, le président Corsi espérait surtout pouvoir conserver un jeune coach très convoité et à qui on prête déjà un destin à la Spalletti ou Sarri.
Salernitana revient de loin
Longtemps à la lutte avec le Monza de Berlusconi et Balotelli, pour le dernier ticket, les Granata ont aussi fait le malheur de l’ancien club de Verratti, pour une victoire 3-0 qui leur offrait la montée en même temps qu’elle condamnait Pescara.
Le club de Salerno va donc retrouver un championnat dans lequel il n’a toujours pas réussi à se maintenir, avec notamment deux faillites, en 2005 et 2011, qui… faillirent l’envoyer par le fond. Repris en 2011 par le patron de la Lazio Rome, Claudio Lotito, vice-président de la Salernitana, toute la presse transalpine attend de voir dans quelles conditions vont s’effectuer les confrontations des deux clubs la saison prochaine, en sachant que le règlement de la fédération italienne interdit à un même propriétaire de détenir deux clubs du même championnat. Pour les supporteurs granata, l’attente se porte plutôt vers le derby de Campanie face au Napoli, un rêve qu’ils pensaient irréalisable lorsqu’en 2011 le club était rétrogradé en Serie D…
Venise sort la tête de l’eau
Vainqueur des barrages d’accession contre Cittadella, Venise va retrouver la Serie A, 20 ans après l’avoir quittée grâce à un but d’un enfant du pays, Riccardo Bocalon dans le temps additionnel du match retour (1-0 et 11). Sous pavillon américain depuis 2015, lorsque le club, alors retombé en Serie D, est passé sous le contrôle de Joe Tacopina, les Arancioneroverdi ont été rachetés en 2020 par Newco 2020 LLC qui a placé à sa tête Duncan Niederauer.
Aussi intéressés par le projet sportif que par les opportunités immobilières offertes par l’une des villes les plus connues du monde, les nouveaux patrons ont eu le nez creux en choisissant Paolo Zanetti (38 ans), licencié par Ascoli en février 2020 et embauché par Venise quelques mois après pour lui permettre de sortir enfin la tête de l’eau.
LIGUE 1
L’ESTAC ouvre une nouvelle ère
Il n’aura donc fallu qu’un an aux Emiratis pour ramener la Ligue 1 à Troyes. Dans la même mouvance City Football Group que Manchester City, l’ESTAC aura eu le grand mérite de faire confiance à un jeune coach
qui n’a pas tardé à se faire remarquer, par sa communication très sobre, son style de jeu atypique et résolument offensif, surtout par des résultats sans équivoque. Laurent Batlles a mis en pratique ses idées audacieuses sur le jeu, en même temps qu’ils offraient de la crédibilité au nouveau projet.
Trois ans de L2 auront suffi pour relancer le football dans l’Aube et reprendre le cours d’une histoire qui ne fait peut-être que (re)commencer. Car Troyes dans l’élite, c’est une récurrence depuis plus d’un demi-siècle, avant l’ESTAC et les trois accessions records de Jean-Marc Furlan, sous des appellations différentes. Après l’ASTS, le TAF ou l’ATAC d’Alain Perrin, à Batlles et aux coéquipiers de Gi-raudon de tracer leur propre chemin. La puissance financière de City Group, son réseau à l’international et son catalogue de jeunes joueurs ont de quoi leur faciliter la tâche.
Le Clermont foot 63 enfin en éruption
A défaut de la 1ère place, la 2ème a suffi pour ouvrir les portes de la L1 pour la première fois en 31 années d’existence du club. Grâce à l’expérience flegmatique de Pascal Gastien, élu meilleur entraîneur de L2 pour la deuxième année d’affilée, Gabriel Montpied peut se préparer à recevoir les stars de L1.
Tom Boissy