Dans des championnats européens de plus en plus fermés, et réservés aux plus grands, rares sont aujourd’hui les clubs qui découvrent l’élite. C’est pourtant ce qui est arrivé au SV Holstein Kiel, club du nord de l’Allemagne, qui évoluera la saison prochaine en Bundesliga. Découverte.
Créée en 1963, la Bundesliga aura attendu 2024, 59 ans, pour sacrer le Bayer Leverkusen certes… mais aussi accueillir Holstein Kiel pour la première fois de leur histoire ! Habitué des divisions intermédiaires, jusqu’à la 2ème division, son quotidien depis 2017, Holstein avait déjà été à deux doigts de monter en 2018 et 2021, n’échouant qu’en matches de barrage face à Wolfsburg et Cologne.
Cette fois, pas besoin de se faire de frayeurs, les hommes de
Marcel Rapp ont assuré le coup en terminant 2èmes, juste derrière Sankt Pauli, pour devenir la 58ème équipe différente à participer au championnat d’Allemagne, la première de la région du Schleswig-Holstein. Le 11 mai 2024, jour du nul libérateur face au Fortuna Dusseldorf (1-1), restera donc une date historique pour tous les supporteurs du petit Holstein Stadion et ses 15 000 places. Sur X, le club fondé en 1900 pouvait ironiser en parlant du « plus beau match nul du monde » !
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Les cigognes sortent de leur nid
Pourtant, au bord de la mer Baltique, Kiel était jusque-là plutôt habitué à vibrer aux exploits de son équipe de handball, le THW Kiel, championne d’Allemagne à 23 reprises, quatre fois vainqueur de la Ligue des Champions et qui a notamment accueilli certains de nos internationaux, Nikola Karabatic, Daniel Narcisse, Thierry Omeyer ou cette saison Vincent Gérard et Samir Bellahcene.
Même si le parcours jusqu’en demi-finale de la Coupe d’Allemagne en 2021, après avoir sorti le Bayern en 16èmes avait déjà mis les Störche (les Cigognes) en pleine lumière, jamais un tel engouement n’avait envahi la ville portuaire de 250 000 habitants. Huitième la saison passée, rien ne présageait un tel parcours, surtout pas lorsque les Bleu, Blanc et Rouge ne passaient qu’en 7ème position au tiers de la saison, longtemps en retard face à un Sankt Pauli invaincu jusqu’à la trêve et inaccessible lors d’un match aller à sens unique (1-5), comme au retour à domicile (3-4).
Mais la dynamique de cinq victoires consécutives en hiver allait les ramener au premier plan pour profiter de l’irrégularité de ses deux principaux concurrents Düsseldorf et St-Pauli. Avec une ossature de joueurs expérimentés, beaucoup formés à Schalke 04, dont Timon Weiner (25 ans), le gardien, Timo Becker (27 ans), l’imposant défenseur central, Steven Skrzybski (31 ans), le buteur, et Lewis Holtby (33 ans), le métronome, unique international du groupe (3 sélections en 2010), véritable leader de jeu de cette équipe. Arrivé à Kiel en 2021, après cinq ans à Hambourg et un passage en Angleterre, aux Blackburn Rovers, à Tottenham et à Fulham, il rêvait de rejouer en Bundesliga avant d’arrêter sa carrière.
« C’est vraiment très amusant d’être avec cette équipe jeune et affamée », disait-il à mi-saison sur le site du club, loin d’imaginer qu’il fêterait la montée quelques mois plus tard. « J’ai de très, très bonnes relations avec tout le monde au club, parce que les gens ici sont tout simplement honnêtes, nordiques et directs ! »
Ils sont à l’image du coach, Marcel Rapp (45 ans), ancien défenseur central et milieu qui a joué en Bundesliga 2 pour Karlsruhe et passé la majeure partie de sa carrière dans les bas-fonds du football allemand. Dans la mouvance des jeunes techniciens allemands qui montent, à l’instar d’un Julian Nagelsmann avec qui il partage le même club de ses débuts, Hoffenheim (qu’il a qualifié pour la Ligue Europa en 2020), Rapp est arrivé à Kiel en octobre 2021 pour remplacer Ole Werner, imposer une philosophie qui tient en quelques mots :
« Restez calmes, mettez la pression sur le ballon et soyez courageux » ! C’est ainsi qu’il souhaitait (sur Bundesliga.com, le site officiel de la ligue allemande) que ses joueurs abordent la victoire cruciale de la 30ème journée contre Hambourg. C’est ainsi que Kiel a joué toute la saison, avec générosité et courage, sans individualité forte (Tom Rothe, le défenseur gauche international Espoirs allemand prêté par Dortmund est le plus valorisé à seulement 6 M€), mais avec un collectif capable de marquer l’histoire.