Sur les trois dernières saisons, le Stade Rennais a réalisé 130 millions d’euros de bénéfices sur les ventes de joueurs. Mais le club se traine à la 12ème place de Ligue 1, affichant un niveau indigne des places européennes…
A quoi joue la famille Pinault avec le Stade Rennais ? Si on salue souvent l’exception culturelle du club breton, un des rares, avec le MHSC de Laurent Nicollin à appartenir à une famille ancrée dans la région (François-Henri Pinault est né à Rennes), on s’interroge de plus en plus sérieusement sur le management du club.
Julien Stephan, 15ème entraîneur en 26 ans
Arnaud Pouille, dont l’arrivée a été officialisée samedi dernier, est ainsi le 10ème président du Stade Rennais (en sachant que Frédéric de Saint-Sernin et René Ruello ont été présidents à deux reprises chacun). Le 5ème depuis 2020, en tenant compte des conditions particulières du départ du regretté Nicolas Holveck (en raison d’un cancer qui aura raison de lui) et des deux mois d’interim de Jacques Delanoë à l’époque. Depuis 1998 et le rachat du club par le groupe Artemis (appartenant à François Pinault), Julien Stephan, dont c’est le deuxième passage sur le banc, est le 15ème entraîneur du club.
Si le club a la réputation de former d’excellents joueurs, il ne les garde pas. A l’image de Désiré Doué (vendu à 19 ans au PSG contre 50 millions d’euros), Ousmane Dembélé (vendu à 19 ans ans, 35 millions d’euros à Dortmund), cédé à Chelsea contre 30 millions d’euros, et bien sûr, Edouard Camavinga, parti au Real Madrid contre 31 millions d’euros.
Rien que cet été, le club a fait une bascule positive de 60 millions d’euros sur les transferts, vendant pour 138,3 millions, contre 78,3 millions d’achats. Parmi les ventes, Jeanuel Belocian (19 ans, parti à Leverkusen contre 15 millions) ou Mathis Abline (vendu 10 millions à Nantes), Guéla Doué, (21 ans, cédé à Strasbourg pour 6 millions).
Sportivement, la pêche sous l’ère Pinault est maigre : une troisième place en Ligue 1 au terme de la saison 2019/2020 (qui vaudra au club de jouer la phase de groupes de la Ligue des Champions, sans se qualifier pour les huitièmes), une Coupe de France en 2019 et une participation aux huitièmes de finale de la Ligue Europa dans la foulée.
Pas très glorieux, alors que les 10 joueurs achetés les plus chers de l’histoire du club, l’ont tous été par la famille Pinault. A l’image d’Amine Gouiri (28 M€), Jérémy Doku (26 M€), le gros flop Lucas Severino (21,3 M€), Rapinha (21 M€), Kalumuendo (20 M€) ou Le Féé (20 M€). En dehors de Gouiri et Kalimuendo, tous ont été revendus, en général avec une plus value, parfois importante, comme pour Doku (vendu 60 M€ à Manchester City), au maximum deux ans plus tard. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si aujourd’hui, Gouiri et Kalimuendo sont tous les deux pressentis pour un départ cet hiver. Tout particulièrement l’ancien Niçois et Lyonnais qui n’a pas le rendement exigé et qui ne sera pas conservé en cas de belle proposition.
Un été incompréhensible sur le front des transferts
Cet été, le club breton s’est mis tout seul dans la galère, avec un mercato surprenant. Si on peut comprendre le transfert de Martin Terrier à Leverkusen, qui a permis aux Bretons de faire une plus value de 8 millions d’euros (acheté 12 millions à Lyon en 2021, il a été revendu 20 millions), ou les 10 millions récupérés sur Benjamin Bourigeaud, vendu à Al-Duhail SC (Qatar), à 30 ans et à un an de la fin de son contrat, on comprend beaucoup moins le prêt d’Arthur Theate à Francfort. Le reste (les frères Doué, Belocian, Lambourde…) ressemble surtout à des opérations financières interessantes, au détriment du sportif.
Derrière le côté familial du club, on voit vite une toute autre image. Au cours des trois dernières saisons, le Stade Rennais a dégagé plus de 130 millions d’euros de bénéfices sur les transferts. Un choix. Avec Désiré Doué, Martin Terrier et Arthur Theate, les Bretons seraient sans doute plus haut dans le classement. Car si Rennes a beaucoup vendu cet été, il n’a pas mis plus de 15 millions sur un joueur : le Danois Albert Gronbaek, arrivé de Bodo/Glimt. Le milieu de terrain a 23 ans, la famille Pinault devrait rapidement le revendre…