samedi 20 avril 2024

Adrie Van Der Poel : « Mathieu a des aptitudes spéciales »

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Le père de l’étoile montante du cyclisme mondial, vainqueur notamment du Tour des Flandres en 1986, Adrie Van Der Poel, de Liège-Bastogne-Liège en 1988, de l’Amstel Gold Race en 1990, de deux étapes du Tour de France (1 jour en jaune en 1984) en 1987 et 1988 ou d’un titre de champion du monde de cyclo-cross en 1996, pense que le fiston Mathieu Van der Poel va encore surprendre…

Que faites-vous à 61 ans ?

Pas grand-chose (sourire). J’interviens parfois auprès de l’équipe (Alpecin-Fenix) sur des courses importantes. J’apporte ma contribution par-ci par là.

Quel regard portez-vous sur votre carrière ?

Je suis content de ce que j’ai réalisé. J’ai eu un palmarès assez sympa. J’aurais pu avoir quelques courses en plus à mon actif, mais j’ai aussi rempli mon rôle d’équipier. Ceci explique cela.

Si vous deviez comparer votre carrière et celle de Mathieu ?

On ne peut vraiment pas comparer. Ce sont deux époques différentes, des manières de courir différentes. Le matériel n’a plus rien à voir, les routes sont bien meilleures aussi. Les coureurs sont préparés différemment.

Malgré son âge Adrie Van del Poel toujours actif avec Alpecin-Fenix

Retrouvez-vous chez votre fils certaines caractéristiques que vous aviez ?

Non. Mathieu réalise des choses sur un vélo que je n’étais pas capable de faire. Par exemple, quand il part de loin, ce n’était pas du tout mon truc. On va dire que les deux moteurs ne sont pas les mêmes. Je ne dis pas que ce n’est pas le cas de Mathieu. Mais, personnellement, j’avais une certaine science de la course et une grande connaissance de mes adversaires et des circuits. Cela m’a permis de gagner de grandes courses.

Auriez-vous imaginé que votre fils soit une telle graine de champion ?

Pas à ce point ! Mais j’ai très vite compris que Mathieu avait des aptitudes spéciales. Quand il courait en cadets, en juniors, ses capacités sautaient aux yeux face à la concurrence. Je lui répétais souvent qu’il avait le talent pour devenir un très grand coureur. Mais, entre capacité et réussite, il y a souvent un fossé.

En quoi vous surprend-il le plus ?

Par son côté attaquant. J’aime le voir courir avec cet esprit-là comme il l’a fait sur l’Amstel (vainqueur en 2019, Ndlr), sur le Tour des Flandres (vainqueur en 2020, Ndlr), ou sur le binckbank Tour (vainqueur en 2020, Ndlr). Parfois je me dis quand même qu’il y a des manières plus faciles de gagner des courses (sourire). Mathieu a toujours été comme cela depuis qu’il est enfant. Il n’a jamais choisi la voie de la facilité.

Les JO en tête pour Mathieu Van Der Poel

Le voyez-vous gagner un jour un grand Tour ?

Peut-être. Beaucoup de choses rentrent en ligne de compte pour gagner une telle épreuve : le parcours, l’équipe dans laquelle on se trouve… L’avenir le dira pour Mathieu. Il essaiera au moins une fois d’y arriver. Mais, pour le moment, il n’est pas focalisé sur ce genre d’objectif. Il en a d’autres en tête comme les Jeux Olympiques, Paris-Roubaix, les Mondiaux…

Cette année, sur Tirreno-Adriatico, quand il a fini 2ème d’une étape (la deuxième, Ndlr), je lui ai dit : « Essaie d’obtenir un bon classement général ». Il m’a répondu : « Non cela ne m’intéresse pas ». « Demain ou après-demain, je vais gagner une étape ». C’est ce qu’il a fait (la 3ème et la 5ème étapes, Ndlr). Quand Mathieu a quelque chose en tête, ce n’est pas la peine d’essayer de lui faire changer d’avis.

Où sont ses plus grandes chances ? Sur le Tour de France, la Vuelta ou le Giro ?

Déjà cette année va servir de test. On va voir comment les choses vont se dérouler pour lui sur le Tour de France. Aura-t-il les capacités de s’accrocher avec les meilleurs grimpeurs ? Aura-t-il envie de faire toutes les étapes de montagne à bloc ? Comment se comportera-t-il en chrono ? On aura les réponses à toutes ces questions.

« Il aimerait unifier tous les titres : devenir champion du monde sur route, en vtt et en cyclo-cross »

Quels sont justement ses objectifs sur le Tour de France ?

Peut-être gagner une étape. Mais il ne pense même pas au maillot vert.

Pour gagner un grand Tour un jour devra-til changer d’équipe forcément ?

Pourquoi obligatoirement changer ? Il y aura probablement des coureurs qui signeront encore chez Alpecin-Fenix.

Adrie Van der Poel heureux conseille son fils

A-t-il déjà été approché par des équipes World Tour ?

Oui depuis longtemps ! J’ai notamment parlé avec des dirigeants français comme Vincent Lavenu, Marc Madiot ou Patrick Lefevere, mais Mathieu veut rester. Il est encore sous contrat (2023, Ndlr). Le but est qu’il aide son équipe à devenir World Tour un jour. Mais il n’y a pas de pression là-dessus. L’équipe a déjà pas mal changé depuis trois ans.

Ce serait tout de même magnifique de gagner un grand Tour en mémoire de son illustre grand-père !

Bien entendu. Mais beaucoup de coureurs veulent réussir cela (sourire). Seulement trois coureurs au maximum par an sont concernés.

On parle beaucoup de sa rivalité avec Wout Van Aert. Mais Mathieu se sent-il chargé d’une mission familiale entre vous et son grand-père ?

Cela ne lui pèse pas. Et comme je lui dis : « Tu n’es pas Raymond Poulidor, tu n’es pas Adrie Van der Poel, tu es Mathieu Van der Poel ! »

Cela ne doit pas être facile pour son frère David d’être dans son ombre…

Cela n’est pas un souci. David connaît ses points forts et ses points faibles. Il fait sa carrière comme il doit la mener. Tout va bien entre les deux frères. Ils entretiennent de bonnes relations.

Quel rêve sportif Mathieu aimerait concrétiser ?

Il aimerait unifier tous les titres : devenir champion du monde sur route, en VTT et en cyclocross.

Comment parvient-il aussi facilement à passer du cyclo-cross à la route avec de tels résultats ?

Il adore le VTT et le cyclo-cross. La route est devenue progressivement importante aussi. Mais il a pendant longtemps trouvé cela monotone. Parfois, il s’ennuie. Il commence à se réveiller à deux heures de la fin de la course (rires).

Qu’aurait-il aimé devenir s’il n’avait pas été coureur professionnel ?

Peut-être footballeur. Il aimait bien. Mais, depuis tout jeune il voulait devenir professionnel de vélo.

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