Après une quarantaine d’heures passées en garde à vue, Aminata Diallo a retrouvé la liberté sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre elle. De quoi se poser des questions sur le traitement de l’affaire par les médias…
Depuis hier soir, Aminata Diallo est libre comme l’air. Les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles ont levé la garde à vue de la milieu de terrain internationale, qui avait débuté une quarantaine d’heures plus tôt, sans le cadre de l’agression de Kheira Hamraoui, à coups de barre de fer, le 4 novembre.
Aucune charge n’a été retenue contre la Parisienne qui n’a pas été mise en examen, comme le précise la source judiciaire citée par nos confrère de l’Equipe. « Il n’y a pas de charge suffisante en l’état pour requérir une mise en examen. L’enquête se poursuit ». Il est aussi important de souligner que la seconde garde à vue, celle d’un homme, présenté comme une connaissance de Diallo, a également été levée.
De « suspectée », Aminata Diallo est devenue « accusée »
Il y a encore 24 heures pourtant, Aminata Diallo était vue par la presse comme une criminelle en puissance. Suspectée par la justice d’avoir tenu un rôle dans ce sordide fait-divers, la joueuse de 24 ans, est vite devenue « accusée » aux yeux du grand public.
« Aminata Diallo accusée d’agression sur sa coéquipière » (France24.com), « Aminata Diallo, un parcours chaotique et un caractère affirmé » (L’Equipe)… La presse s’en est donnée à cœur joie. Le football féminin, d’ordinaire si peu médiatisée, est passé à la Une de l’actualité sportive. La multiplicité des médias ayant entraîné une véritable « course aux clics », l’occasion était trop belle de faire du buzz. « PSG : qui est Aminata Diallo, en garde à vue après l’agression de Kheira Hamraoui ? » (RTL.fr), « PSG féminines : garde à vue prolongée pour Aminata Diallo » (Foot Mercato), « La joueuse du PSG Kheira Hamraoui agressée, son équipière Aminata Diallo en garde à vue » (Libération)…
Bien sûr, les faits, au caractère si exceptionnel, ne pouvaient passer au travers des mailles de la presse, toujours avide de sensations. Mais on peut se demander si un peu plus de recul n’était pas nécessaire.
La piste d’une « rivalité interne » trop vite évoquée ?
« L’un des agresseurs s’est acharné sur Kheira Hamraoui, au niveau de ses jambes, comme s’il voulait l’empêcher d’exercer son métier pour un moment. La piste d’une rivalité interne au sein du PSG est notamment explorée », pouvait-on lire dans Libération, qui faisait parler « un observateur ».
Libé qui, comme d’autres, soulignait que Diallo avait été appelé en sélection en octobre, à la suite du forfait d’Hamraoui (avant cette agression, donc), et qu’elle avait été titularisée en Ligue des Champions avec le PSG contre le Real Madrid, en l’absence de sa coéquipière, forcément blessée, le 9 novembre.
D’article en article, le portrait d’Aminata Diallo est dressé : elle serait à l’origine de l’agression pour gagner sa place, chez les Bleus et au PSG.
Peu importe si la thèse peut être balayée aussi vite qu’elle a été formatée. Comme pour le viol présumé de Neymar il y a trois ans, qui avait inondé notre été d’articles nauséabonds, les médias préférant s’attarder sur le physique de l’accusatrice (comme le duo Rothen-Riolo sur RMC) ou les goûts sexuels du Brésilien, que sur la crédibilité des faits.
Il faut s’y attende. Plus il y a de médias, moins la course aux clics a de limites.