A 33 ans (il en aura 34 le 5 juillet), Alexander Kristoff est l’un des coureurs les plus réguliers. Vainqueur d’étape sur le Tour 2020 (la 1ère), il avait aussi accompagné Tadej Pogacar dans sa quête du maillot jaune. Le Norvégien sera encore présent pour aider son jeune coéquipier.
L’an passé, vous avez pu suivre l’éclosion de Tadej Pogacar sur le Tour de France. L’auriez-vous cru capable de le faire aussi rapidement ?
C’est évidemment une petite surprise. Je ne doutais pas de son talent, mais de le voir concrétiser aussi vite toutes ses promesses, c’était incroyable. On avait l’objectif de répondre à ses ambitions en
visant le Top 5.
Surtout qu’il n’avait pas forcément réalisé un bon début de Tour. On avait perdu du temps bêtement mais, dès les premières difficultés, il était devant. Son ambition a grimpé au fur et à mesure pour tenter d’accrocher le podium.
Avant le chrono, on pensait Roglic encore au-dessus, mais heureusement il ne l’a pas été autant que Tadej. Les planètes se sont toutes alignées au bon moment. Tant mieux pour l’équipe. On a tous été choqués à la télévision de voir ce qu’il a fait, mais la sensation était incroyable.
Cela restera un moment fort comme équipier dans ma carrière. C’est toujours spécial de participer à une telle victoire. Une véritable fierté collective.
« Voir Tadej gagner le Tour restera un moment fort comme équipier dans ma carrière »
Comment faites-vous pour avoir une carrière sans véritable coup d’arrêt tout au long de ces années ?
(Sourire) Je suis chanceux. Je n’ai pas connu de graves blessures. Je n’ai pas eu vraiment à m’arrêter de longs mois. J’ai pu toujours m’entraîner et garder ma condition. J’ai bien été malade, mais pas de fracture. Je m’entraîne toujours énormément pour être au meilleur niveau, année après année.
Je suis heureux de ma carrière et d’avoir pu réussir tout ce que j’ai fait depuis. Surtout qu’il y a une jeune génération qui arrive et qui pousse à me surpasser encore. Cela devient de plus en plus difficile, mais je suis toujours présent pour donner le meilleur.
Alexander Kristoff fera en fonction de son état de santé
Quelles sont vos ambitions pour votre fin de carrière ?
Je ferai en fonction de ma condition physique, je veux toujours accrocher les plus belles victoires. Je ne pense plus réussir à faire 20 victoires comme cela avait été le cas en 2015. Si je n’ai plus le niveau, je passerai la main.
Je ferai en sorte d’aider mes jeunes coéquipiers. C’est important de transmettre. Le sprint est une culture qu’il faut savoir transmettre. Je sais que l’équipe ne manque pas de jeunes talents et je fais tout pour les aider à progresser. Mais, avant de penser à cela, il y a une belle saison à faire avec de nombreuses belles courses et notamment le Tour de France.
Ces derniers temps, les sprints ont connu de graves chutes impressionnantes. Pensez-vous qu’il faut les réguler ?
Il faut d’abord responsabiliser les coureurs. On sait que, sur un sprint massif, tout le monde veut prendre sa chance. On est à la limite. C’est difficile de ne pas avoir ce risque zéro. Il y aura encore des chutes dans les sprints. C’est le risque du métier.
C’est aussi aux organisateurs de faire en sorte de présenter des sprints plus sûrs. Il faudrait aussi mettre des barrières plus adaptées. C’est important de développer la sécurité, mais il ne faut pas enlever ce qui les anime et les pimente. Le coureur aura toujours le dernier mot et le pouvoir de décision finale.