Le Girondin, Alexis Guérin découvre le Portugal en 2025 chez Sabgal-Anicolor pour une quatrième expérience étrangère qui doit lui permettre de tirer le maximum d’un potentiel qu’il n’estime pas avoir encore exploité à 100% à 32 ans.
Depuis 2019 et votre départ de Delko Marseille Provence, pourquoi n’êtesvous plus revenu en France ?
Il faut croire que mon profil et mon fonctionnement plaisent davantage à l’étranger, sont moins bien compris en France où je n’ai jamais vraiment eu ma chance. Peutêtre ai-je mûri un peu trop tard pour un cyclisme français qui aime bien les coureurs qui percent rapidement. Je n’ai jamais correspondu à une case attendue. A l’étranger, on m’a tout de suite accepté comme j’étais, à reconnaitre mes qualités, mes capacités, à remarquer mes très bons chiffres.
Le regrettez-vous ?
J’essaie de ne pas entretenir de frustration par rapport à des choix que je ne maîtrise pas. Je fais en sorte d’être le plus professionnel possible, le plus précis et méticuleux dans ma préparation, pour me fixer des objectifs et tout mettre en place pour les atteindre. Pour le moment, ça ne m’a pas trop mal réussi. Je pense ne pas être loin de la vérité.
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« En France, on m’a expliqué qu’il était difficile de miser sur un coureur de 32 ans »
Avant de vous engager chez Sabgal-Anicolor, en Continental, vous avez eu des contacts avec des formations françaises, pourquoi cela n’a-t-il pas abouti ?
Principalement en raison de l’âge. On m’a expliqué qu’il était difficile pour eux de miser sur un coureur de 32 ans… alors que je me donne encore au moins cinq ans car j’ai la sensation de progresser encore et j’ai toujours la même passion, la même motivation et le même souci des détails. J’ai débuté assez tard dans le vélo. Si c’était un handicap au début, ça devient un avantage aujourd’hui que je n’aborde plus tactiquement les courses comme un chien fou. Je sais que je n’ai pas encore exploité 100% de mon potentiel.
Pourquoi avoir choisi le Portugal ?
Le professionnalisme de Sabgal-Anicolor, ses infrastructures, et son entraîneur peuvent m’aider à continuer à progresser. Avec le coach, on s’est fixé des objectifs bien précis avec, comme fil conducteur, le Tour du Portugal où je jouerai le général.
Longtemps casaniers, les coureurs français s’exportent en plus en plus, que recherchent-ils ?
Au-delà de nos frontières, je suis toujours tombé sur des gens qui n’avaient pas peur de se remettre en cause, qui acceptaient de se tromper, qui valorisaient l’ambition et n’hésitaient pas à la récompenser. Et même si vous échouez, ils vous félicitent d’avoir essayé à partir du moment où ils estiment que vous avez fait le maximum.
Arnaud Gérin a fait une Pogacar
Quels moments clés retenez-vous de votre carrière ?
Le premier déclic a eu lieu au début de ma carrière sur la Ronde de l’Isard dans l’équipe de l’Entente Sud Gascogne coachée par Dominique Arnaud. Gagner la 2ème étape alors que personne ne nous attendait, et endosser le maillot jaune, même si je ne l’ai pas conservé, m’a permis de prendre conscience de l’importance de la préparation, du professionnalisme, et de la notion de groupe, car on avait tout anticipé des aléas de la course. Ce fut enrichissant.
Plus récemment, en remportant en solitaire la 4ème étape de la Semaine Internationale Coppi et Bartali (2023), j’ai fait une Pogacar avant Pogacar ! Ou plutôt, lors des Mondiaux un an après, c’est lui qui a fait une Guérin (rires) ! Mais émotionnellement, le plus intense a été le numéro que je fais au sommet du pic de Savoie en 2021 (vainqueur de la 4ème étape du Tour de Savoie Mont-Blanc, devenu Maurienne Classic, Ndlr). Parce que trois mois avant, tout le monde m’avait enterré et que j’avais dit à mon fils que je gagnerai…