mercredi 19 mars 2025

Androni, la team à pépites a formé le Colombien Bernal

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Androni Giocattoli-Sidermec, l’ancienne équipe d’Egan Bernal, qui deviendra en 2022 Drone Hopper, se caractérise par sa faculté à dénicher de belles pépites en devenir.

Egan Bernal, vainqueur du Tour de France 2019 et du Giro cette année, coureur d’INEOS, est passé professionnel chez Androni à 19 ans. Cela en dit long sur le savoir-faire de cette équipe chère à Gianni Savio : « Egan, c’est notre plus belle réussite. Il a été le plus fort de tous chez nous. Je l’avais fait signer quatre ans. J’avais eu cette chance, qu’à l’époque, il s’était surtout distingué en mountain bike. De sorte que les équipes World Tour n’étaient pas toutes agglutinées dessus. Je me souviens de sa première course en professionnels sur le Tour de Méditerranée.

L’opposition était pourtant de qualité. J’avais dit aux journalistes présents : « Retenez bien ce nom il montera dans le futur sur le podium d’un grand Tour ». On a vu la suite… ».

L’affable manager italien de 73 ans a eu du flair concernant le prodige colombien. Animé par une grande philosophie comme il le confie dans un français impeccable :

«  J’ai en moi cette maudite passion (sourire). Beaucoup me surnomment le « busca talentos » (« dénicheur de talents »). Sur les trois dernières années, j’ai lancé pas moins de six coureurs en World Tour : Davide Ballerini et Fausto Masnada de la Deceuninck-Quick Step, Andrea Vendrame d’AG2R Citroën, Ivan Sosa d’INEOS. Mattia Cattaneo s’est relancé chez la Deceuninck et le champion des champions Egan Bernal. Aucune autre équipe professionnelle n’a accompli cela ».

La team Androni a formé Bernal

Dernièrement, Androni Giocattoli-Sidermec a attiré dans ses filets un certain Andrii Ponomar. Un nouveau diamant à polir de 18 ans venu tout droit d’Ukraine :

« C’est un grand talent. Dans deux, trois ans, il sera vraiment un grand coureur. Il pourra être en mesure de faire un bon classement dans un grand Tour. Il en sera assurément protagoniste et présent dans le top 10. Mais dans un top 10 il y a aussi le vainqueur (sourire). Je ne peux pas prédire d’emblée un rang précis pour lui. Le seul avec qui je l’ai fait c’est Bernal. Car il était hors-norme.

Mais concernant Andrii j’ai beaucoup confiance en lui. Je l’ai fait signer trois ans. Il a constitué une exception dans ma philosophie. Je ne voulais pas le présenter sur le Giro, le jugeant trop jeune. Mais j’avais noté que dans ses courses précédentes il avait une récupération incroyable.

Andrii était alors entendu en accord avec le médecin de l’équipe que, sur le Giro, il arrêtait au bout d’une semaine s’il était fatigué. Il ne l’a jamais été ! Il a même obtenu un très bon résultat final (67ème au général, Ndlr). Je veux le faire progresser.

Il a une bonne mentalité joviale aussi. Il doit encore beaucoup apprendre évidemment. Ceux qui viennent chez moi savent que je ne leur mets pas de pression. Je les fais progresser graduellement ». Notamment les Sud-Américains.

Gianni Savio, Le « busca talentos »

Au fil des années, cette filière a particulièrement bien fonctionné chez Androni. Savio s’en explique :

« J’ai participé à trois Olympiades comme commissaire technique de la Colombie à Athènes en 2004, du Venezuela à Beijing (Pékin) en 2008 et Londres en 2012. Je connais bien la mentalité sud-américaine. Le Sud-Américain est quelqu’un qui doit surtout avoir confiance en toi pour que cela fonctionne.

Je me souviens bien notamment de José Rujano (exQuick-Step). Je l’avais découvert dans le petit village de Santa Cruz de Mora (Venezuela). Il a fait podium du Giro (2005). Il avait un grand talent. Mais, à la différence de Bernal, c’est que Egan, lui, a cette stabilité psycho-physique.

José n’avait pas assez cette mentalité professionnelle adéquate. Avec une autre approche, il serait devenu un immense coureur. Aujourd’hui, on a aussi chez nous un jeune Colombien de 18 ans Santiago Umba. C’est un autre beau talent en devenir ».

On ne compte plus les futurs grands coureurs qui sont passés par Androni. Mais, à l’avenir, cette équipe Pro Tour veut gravir un nouvel échelon.

« Voir mes coureurs grandir ailleurs dans des équipes World Tour n’engendre pas de frustration chez moi, mais plutôt de la satisfaction. Notre équipe dégage une bonne image. Les équipes World Tour m’appellent pour essayer de prendre les jeunes talents que je lance.

Bien entendu j’aurais aimé faire une grande équipe autour de Bernal, mais je n’avais pas les sponsors à disposition. C’est aussi pour cela que j’ai toujours gardé de bonnes relations avec les coureurs. Je n’ai jamais empêché leur exil pour leur permettre de gagner parfois trois fois ce que je leur payais. Maintenant je suis en train de travailler pour que mon équipe devienne World Tour ».

Dans cette attente, Androni Giocattoli qui deviendra en 2022 Drone Hopper du nom d’une start-up espagnole spécialisée dans l’aéronautique, va continuer à faire ce qu’elle fait de mieux : débusquer des pépites !

Le team Androni a formé des pépites, son histoire à retrouver dans Cyclisme magazine, en vente ici ou chez votre marchand de journaux

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