vendredi 20 septembre 2024

Après avoir construit son identité autour des valeurs du sud-ouest, le TFC se retrouve avec l’effectif le plus cosmopolite de Ligue 1 !

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Désormais entre les mains de deux fonds d’investissement américains, le Toulouse FC a profondément modifié son approche stratégique. Et pour l’instant, ça marche !

Comment Toulouse est devenu « To Win »

Au pays du rugby roi, dans un club qui venait de descendre en L2 et n’avait plus rien gagné depuis 1957, la greffe était hautement improbable. Elle a pourtant pris. Avec un titre de champion de France de L2 et une Coupe de France, les nouveaux actionnaires pouvaient difficilement rêver meilleure entame. Pour ce qui est du palmarès, de l’impact médiatique et populaire, en trois ans, ils ont réussi l’exploit de faire mieux qu’Olivier Sadran en 19 ans.

Mais là où on a parfois senti chez d’autres investisseurs US de leur espèce, à Bordeaux avec King Street ou à Paris avec Colony Capital, un trop grand décalage culturel, une vraie méconnaissance du foot et une ambition exacerbée de faire avant tout de l’argent, rien de tout cela chez RedBird Capital Partners. En rachetant pour 10 M€, 85% du club, ils lui ont surtout offert un nouvel élan.

A défaut de remanier son identité, dans le sillage de Damien Comolli, le président, ils ont rapidement imposé une philosophie de fonctionnement aux antipodes de celle qui avait fini par montrer ses limites et ramené le TFC là où Sadran l’avait récupéré en 2001, en L2 (en fait en National).

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Le TFC a fait sa propre révolution

Miser sur la data n’avait rien d’évident dans un club qui avait pris l’habitude de communiquer autour de valeurs humaines et de proximité très Sud-Ouest. Ils l’ont pourtant fait. Jusqu’à l’extrême, mais progressivement, en prenant bien soin de ne pas trop heurter les susceptibilités.

« La première saison a été capitale car elle a permis aux nouveaux dirigeants de placer leurs billes et de voir avec qui ils pouvaient espérer voyager », insiste ce membre du staff technique qui a depuis… fait ses valises. Ce ne fut pas Patrice Garande, le premier coach de la défaite en barrage d’accession, ni Philippe Montanier, le second de la remontée et de la victoire en Coupe de France.

« Ils ont le mérite d’aller au bout de leurs idées et d’assumer des décisions pas forcément populaires, poursuit notre témoin. En trois ans, ils ont fait le ménage dans l’organigramme, en ayant la chance d’avoir des résultats en parallèle, ce qui leur a quand même facilité la tâche. »

Bien davantage qu’en matière de gestion, de marketing, de communication, où les Américains n’ont pas forcément révolutionné les habitudes locales, c’est dans le recrutement que le changement a été le plus rude. Aux méthodes traditionnelles qui faisaient la part belle aux réseaux, d’agents ou de scouts, au feeling et à l’expérience des recruteurs, aux déplacements à l’autre bout de la planète pour des missions d’observation souvent aléatoires, ont succédé les datas, les stats savamment étudiées sur des sites spécialisés.

22 joueurs étrangers au TFC, un record en Ligue 1

A chaque poste recherché, sa liste de noms sortis des ordinateurs proposée au coach, à charge pour lui de trouver son bonheur dans des profils la plupart du temps inconnus car issus des championnats européens de seconde zone. C’est ainsi que trois ans après, ce TFC qui a longtemps cherché à construire son identité autour de l’origine, régionale, de ses joueurs se retrouve avec l’effectif le plus cosmopolite de L1 composé de 22 étrangers (73 de l’effectif) de 18 pays différents (1)… et accessoirement le plus jeune d’Europe avec 24,3 ans de moyenne d’âge (devant Burnley, 24,4 ans et Arsenal, 24,6).

Un TFC qui a débuté la finale de la Coupe de France face à Nantes en avril dernier sans aucun joueur français sur la pelouse. Et comme un symbole de la nouvelle orientation prise par les Violets, le seul à avoir participé à l’événement, Anthony Rouault, entré en cours de jeu, a été prié de faire ses valises à la fin de la saison à un an de la fin de son contrat.

Car en plus d’être intransigeant pour imposer sa méthode, le président Comolli est aussi intraitable quand il s’agit de négocier. Peut-être le seul point commun qu’il partage avec son prédécesseur…

Red Bird Capital Partners, c’est quoi ?

Dirigé par Gerry Cardinale, ancien banquier chez Goldman Sachs, Red Bird capital est un fonds d’investissement également propriétaire du Milan AC. Il détient des participations dans le capital des New York Yankees (baseball), des Dallas Cowboys (foot américain) et dans le Fenway Group qui possède les Boston Red Sox (baseball) et les Pittsburg Penguins (hockey sur glace) et qui a racheté le TFC pour 10 M€ en 2020.

Frédéric Denat et Tom Boissy

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