vendredi 29 mars 2024

Arnaqueur, guignol ou escroc ? On s’interroge déjà après la visite de Franck McCourt

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Jérémy Kinot
Jérémy Kinot
Journaliste

Quatre jours intenses pour éteindre l’incendie dont on retiendra la mise à l’écart de JHE, le pardon aux supporters, le club jamais vendu et la Ligue des Champions comme objectif… Rassurant ou inquiétant Franck McCourt ?

En conférence de presse avant le match à Lille dans la semaine, Alvaro Gonzalez a expliqué qu’un mois dans un club comme Marseille était l’équivalent d’une année dans n’importe quel autre club.

Dans le même temps, Franck McCourt appliquait le raisonnement à la lettre. En quatre jours passés à Marseille, le propriétaire Américain a rencontré les supporters, passé un long moment dans le bureau du maire de Marseille, donné des interviews aux principaux médias, régionaux et nationaux (de La Provence à TF1 en passant par RMC) et même assisté à un match de son équipe. Le premier depuis plus d’un an.

En 2012, McCourt vend les Dodggers moins de deux ans après avoir dit que la franchise n’était pas à vendre…

Un emploi du temps très serré organisé par sa société de communication, Image 7 qui n’a visiblement pas réussi à tout contrôler et l’empêcher de dire des bêtises plus grosses que Notre Dame de la Garde.

La première – et sans doute la moins pardonnable – concerne son rapport avec le club. Après avoir démenti une quelconque vente, le Bostonien en a rajouté des tonnes. « Ce club sera accompagné par mes enfants et mes petits-enfants après moi. C’est un projet générationnel. C’est un club de football fantastique, avec beaucoup de passion » a-t-on pu lire dans La Provence.

Un « projet générationnel » ? « beaucoup de passion » ? Comme expliquer alors qu’il n’était pas venu à Marseille depuis un an ? Comme expliquer qu’il n’est pas fait l’effort d’arriver à Marseille dimanche pour assister à l’Olympico, au lieu de lundi matin ?

On se souvient notamment de l’épisode concernant l’équipe de Baseball de Los Angeles, les Doddgers. Cette franchise de la MLB achetée en 2004 par le milliardaire américain et qui, six ans plus tard s’est retrouvée en grosse difficultés financières (on a parlé à l’époque de 459 millions de dollars de déficit cumulés).

Toutes proportions gardées, on n’est pas très loin de ce qui se passe à l’OM. En 2010 aussi la rumeur d’une vente circulait de l’autre côté de l’Atlantique. Rumeur fortement démentie par Franck Mc Court qui finira par céder la franchise le 27 mars 2012 à la société de services financiers américaine Guggenheim Partners.

Dix ans plus tard, la situation pourrait bien se répéter avec l’OM. Si le club n’est pas à vendre à l’heure actuelle, il va vite le devenir. Franck Mc Court a simplement compris que pour mettre les Marseillais avec lui, il devait s’inventer un amour passionnel pour le club. De façon très maladroite, car personne ne peut croire à cet attachement familiale soudain.

Pour gagner la Ligue des Champions, il faut au moins 400 ou 500 millions, mais McCourt ne les mettra pas

Autre énorme maladresse : promettre (quasiment) la Ligue des Champions aux Marseillais. C’est d’abord le maire de Marseille, Benoit Payan, qui a rapporté son ambition au près des médias, avant  qu’elle ne soit confirmée par McCourt himself. « Oui. Je le pense vraiment. Ce qui m’excite avec l’OM, c’ est précisément ce défi » a déclaré l’Américain.

Une démesure dans les propos qui ont choqué plus que séduit. A l’image de l’analyse de Bixente Lizarazu, consultant sur Téléfoot pour TF1. « Le vrai problème du discours de McCourt, c’est de parler de victoire en LDC. C’est de la démagogie : tu veux faire rêver ton public, mais ils ne sont pas bêtes les supporters marseillais ! Ils savent très bien qu’avec les moyens actuels, c’est impossible. »

Les moyens justement : Franck Mc Court n’en a jamais parlé de façon concrète, se contentant de dire que ce n’était « pas forcément une question d’argent », rappelant même au passage qu’il avait injecté 250 millions dans le  club, sans résultat tangible en C1 (l’OM a terminé bon dernier de son groupe avec trois malheureux petits points).

Déjà, avant de gagner la Ligue des Champions, il va falloir passer devant au moins deux des quatre clubs qui dominent a Ligue 1 aujourd’hui : le PSG, Lille, Lyon et Monaco. Pour cela il faut un budget d’au moins 200 millions, auquel il faut en ajouter 200 de plus pour espérer arriver dans le Top 8 de la Ligue des Champions.

Si la mise à l’écart de Jacques-Henri Eyraud et la levée des sanctions contre les supporters a pour l’instant suffit à apaiser les supporters marseillais, l’anesthésie va rapidement s’estomper et ramener le club à sa dure réalité. Pas sûr que la paix dure très longtemps…

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