Capitaine de Clermont, Arthur Iturria portera la saison prochaine le maillot de Bayonne avec qui il s’est engagé quatre ans. A 28 ans, le 3ème ligne boucle la boucle lui qui a joué deux saisons en cadets et une en juniors crabos avec l’aviron et dont la compagne est bayonnaise et le fils est né à Bayonne. Entretien réalisé pour Rugby Magazine et Le Quotidien du Sport.
Premier sport
« Le foot de 5 à 9 ans, à Morlaas, un petit club à côté de Pau. Ensuite, j’ai fait de la pelote et du rugby en même temps. »
Premier club
« Morlaas de 10 à 15 ans. »
Premier entraîneur qui a compté
« Pierre Perez au pôle Espoirs de Bayonne. Il m’a appris pas mal de choses, rugbstiquement et humainement. »
Premier souvenir rugby
« Les matches le dimanche-après-midi. J’allais voir les seniors jouer. »
Premier match en pro
« En 2015 contre La Rochelle (le 22 août, Ndlr). C’est un bon souvenir, j’étais content qu’on me donne ma chance, en plus on avait gagné (6-44, Ndlr) et j’avais marqué ! »
Premier match en Champions Cup
« En 2016 contre l’Ulster (le 18 décembre, victoire 38-19, Ndlr). Il y avait une belle ambiance au Michelin. C’était impressionnant de jouer un tel match. »
Premier essai
« Contre La Rochelle (à la 75ème, Ndlr) ! Charlie Cassang fait une brèche, il me donne le ballon en bord de ligne, je n’ai plus qu’à aplatir ! (en enfonçant tout de même son visà-vis !, Ndlr) »
Premier titre
« Le premier vrai, les Championnats d’Europe en moins de 20 ans ; les 6 Nations, en 2014 (le Grand Chelem en plus, Ndlr). Cette annéelà, on est aussi champions de France Espoirs. Le plus beau, ça reste le Brennus ! Il ne me manque plus que la Champions Cup ! »
Première idole
« Je n’ai jamais eu vraiment d’idoles. Il y a des joueurs que j’aimais beaucoup regarder jouer, les Harinordoquy, Jauzion… »
Première blessure
« L’épaule en 2017. Une grosse blessure, une luxation (en finale du Top 14, il a été opéré le 22 juin et a été out six mois, Ndlr). »
Premier autographe
« J’ai dû en demander quand j’étais petit. A l’époque, j’allais souvent voir Pau et Biarritz, j’ai dû à ce moment-là demander des autographes. Moi le premier que j’ai donné, ça a dû être quand j’ai commencé en pro en 2015. Au début, ça fait drôle. »
Premier transfert
« De Bayonne à Clermont. Je suis resté trois ans à Bayonne. Clermont m’avait déjà appelé quand j’avais 15-16 ans, le club a continué à me suivre, le projet était intéressant alors qu’à Bayonne il n’y en avait pas forcément à court terme, c’est pour cette raison que j’ai décidé de partir. Le dernier transfert, enfin le prochain, ce sera à Bayonne la saison prochaine. Pour l’instant, l’Aviron ne bataille pas dans la même cour que Clermont, mais le club a un projet dans lequel j’ai envie de m’inscrire. »
« Ce sera différent de Clermont, mais ce sera intéressant. Il y a aussi le côté affect qui fait que c’est le bon moment pour moi de rentrer. Certains diront que c’est trop tôt, mais c’est ma 11ème saison à Clermont, donc pour moi c’est le bon moment. J’ai cette possibilité de m’inscrire dans la durée avec l’Aviron en me rapprochant de ma famille. J’ai préféré sauter le pas maintenant que je suis en pleine force de l’âge que prendre le risque que ça ne se représente pas plus tard. L’idée n’est pas d’être champion dans les quatre ans (sourire). »
« On va rester humble, faire les choses de manière progressive. Cela passe d’abord par un maintien cette saison et ensuite de grandir au fil des années. C’est un club où l’amour du maillot, où les valeurs, ça veut dire quelque chose. Quand on a déjà porté ce maillot ou qu’on y a été déjà formé, on a déjà ça en nous, c’est pour ça que le club souhaite faire revenir des anciens qui ont l’ADN Aviron. Ceux qui pensent que c’est une régression de passer de Clermont à Bayonne, ils sont libres de penser ce qu’ils veulent. C’est sûr que les ambitions sportives de Bayonne ne sont pas les mêmes à l’heure actuelle, je ne suis pas venu à Bayonne pour l’agent même si je m’inscris dans la durée, mais c’est un projet que je vais vivre autrement et qui est tout aussi excitant. »
« Partir de Clermont en soulevant la champions cup, ce serait le rêve »
Première sélection
« Contre l’Angleterre (le 4 février 2017, Ndlr). Je n’en garde pas un si bon souvenir que ça même si c’est extraordinaire de porter pour la première fois le maillot de l’équipe de France à Twickenham dans une ambiance extraordinaire. Mais je n’avais pas beaucoup joué, dix minutes, je n’avais rien fait de transcendant alors qu’on a à cœur de l’être pour la première, et c’est important pour moi de prendre du plaisir avant tout dans le jeu, en plus on avait perdu (19-16, Ndlr). La dernière, c’était à la Coupe du monde contre les Etats-Unis (le 2 octobre 2019, Ndlr). Et je pense que ce sera la dernière. Il faut être réaliste, même si je fais une bonne saison, que je fais de bons matches, que je reviens bien en forme et que je reprends du plaisir, je n’ai pas été appelé depuis et il y a peu de chances que je le sois désormais. »
« Il y a une nouvelle génération qui a pris le dessus, ce sont les mêmes qui jouent, je ne fais pas partie des premiers choix, il y a des joueurs très talentueux à mon poste de 3ème ligne et qui sont meilleurs que moi, même si je fais tout pour être le meilleur, notamment Alldritt, Jelonch ou Ollivon qui font des saisons remarquables depuis trois ans, des joueurs qui sont constants et qui ont gagné avec l’équipe de France. Ce n’est pas un aveu de faiblesse de le reconnaître et c’est normal que l’équipe de France construise sur eux. C’est dommage alors que la Coupe du monde sera en France, ça aurait été un honneur. C’est vrai que Benzema est bien revenu en équipe de France de foot… J’aimerais bien être le Benzema du rugby ! »
Première Coupe du monde
« En 2019 au Japon. Un souvenir mitigé. J’étais arrivé en demi-teinte encore blessé de la finale de Top 14 (déchirure d’un ischio lors de l’échauffement avant la finale, Ndlr) donc je n’étais pas au top physiquement et c’était compliqué de prendre du plaisir sur le terrain alors que c’est pour moi essentiel. Mais j’ai quand même vécu une Coupe du monde, en plus au Japon un pays aux antipodes du nôtre, je suis donc content d’avoir vécu ça et j’aurais au moins vu ce que c’était. »
Premier carton rouge
« Cette saison contre Castres ! (le 29 octobre, Ndlr). J’ai pris trois semaines puis quatre en appel… La faute, elle y est, l’épaule dans la tête, je l’ai reconnue, on le voit sur le ralenti, mais c’est un fait de jeu parmi tant d’autres, il n’y a pas d’agression, pas d’atteinte à l’intégrité du joueur. Je ne suis pas un joueur violent, ce n’est pas moi ça. Le Sud-Africain Du Toit a lui pris trois semaines… Quatre semaines, je trouve ça beaucoup, mais je préfère garder pour moi ce que je pense… Les instances juridiques décident… Elles ont leurs qualités et leurs défauts, mais je ne suis pas là pour juger de la sanction dont a écopé le Sud-Africain même si je trouve forcément son action plus violente que la mienne. »
Première fois capitaine
« Certains oublient que je l’ai été avant cette saison. Je l’avais déjà été la saison dernière, mais comme j’ai été blessé en fin d’année on s’en rappelle moins car je n’étais alors plus le capitaine. Il y avait aussi des leaders dans cette équipe comme Camille Lopez et Morgan Parra qui font qu’on oublie aussi que j’ai été capitaine, mais je l’ai été avant cette saison deux ans auparavant ! Même si c’est une petite pression en plus, c’est une pression positive et surtout une fierté d’être capitaine de cette équipe, une reconnaissance de la part des entraîneurs. »
« Je verrais bien Yohan Beheregaray, le joueur dont je suis le plus proche chez les pros, pour me succéder. C’est un gagnant, il est dynamique, il a le caractère pour. Il me reste encore une saison à finir à Clermont, et la possibilité de gagner la Champions Cup, le seul titre qui me manque en club, ce serait beau de partir là-dessus, mais avant ça il y a des choses plus importantes, ne serait-ce que rectifier le tir en Top 14… »
Premier tatouage
« On l’a fait tous ensemble avec l’équipe à la Coupe du Monde 2014, une fougère parce que ça avait lieu en Nouvelle-Zélande. Depuis, j’en ai fait deux autres avec mon frère et ma sœur, l’un est une phrase et l’autre traduit notre lien. »
Premier surnom
« Tutur. On m’a aussi appelé le Héron ou le Grand, avec des jambes fines ! mais aujourd’hui c’est Tutur. »
Première bagarre
« En minimes à Morlaas contre Arudi ou Aramits. Mais je n’avais pas fait grand-chose (sourire). J’avais juste montré les yeux. Je n’ai jamais été un grand bagarreur. Je ne vais pas me cacher, mais je ne suis pas un grand boxeur… »
Première interview
« En 2014 ou 2015, à mes débuts en pro. Je préfère être sur le terrain avec mes coéquipiers, mais j’ai appris à apprivoiser un peu ça et je le fais sans soucis. »
Première troisième mi-temps
« Les premiers matches en minimes-cadets quand on a 15-16 ans. C’est mignon. Vous buvez deux bières et c’est tout ! (sourire) »
Premier adversaire qui vous a impressionné
« Quand j’ai commencé, les matches amicaux contre Toulon et Juan Smith. Il était impressionnant. »
Premier salaire
« Ce devait être 500 euros en Espoirs quand j’avais 18 ans. Ça m’avait permis de faire quelques soirées… »
Première fois papa
« En novembre 2021. Ça change une vie ! Beaucoup de choses tournent autour de lui. J’ai moins de plages de repos après les entraînements, mais c’est un bonheur au quotidien de le voir grandir et évoluer tous les jours. Il s’appelle Unai. Ça veut dire le vacher en basque, mais je n’ai pas choisi ce prénom pour sa signification, mais plus parce que je trouvais ça original et peu commun, même si je prends des cours pour devenir agriculteur après ma carrière et élever des brebis. Je suis toujours un cursus pour devenir REA (responsable d’exploitation agricole), un cursus que j’espère terminer en 2023. Ma venue à Bayonne va faire avancer les choses. Je vais essayer d’arriver au Pays basque avec un bon bagage. »