OBJECTIF 2025
Champion olympique du 100 m à Paris, le supersonique Noah Lyles voudra crever l’écran en 2025 avec les Mondiaux de Tokyo en ligne de mire. Nouveau focus sur un des athlètes à ne pas manquer l’an prochain.
Il était à 5 millièmes de repartir des Jeux olympiques de Paris sans gravir la plus haute marche du podium. Noah Lyles, star de l’athlétisme et digne héritier d’un certain Usain Bolt, semble tout droit sorti d’un rêve hollywoodien. Au box-office cet été, l’Américain voulait tout rafler et s’est paré d’or dans l’une des épreuves les plus attendues des Jeux, le 100 m, en devançant le musculeux jamaïcain Kishane Thompson d’un rien lors de la ligne droite la plus serrée de l’histoire.
“Seulement” troisième sur sa distance préférentielle, le demi-tour de piste, on apprendra plus tard qu’il avait couru le 200 m malgré un contrôle positif au Covid-19 et s’était incliné logiquement face au nouveau champion olympique, le Botswanais Letsile Tebogo. En quittant le stade sur une chaise roulante, visiblement épuisé, Lyles révélait son côté humain.
Triple médaillé d’Or aux mondiaux de Budapest
Car derrière cette allure de vedette et ses déclarations flamboyantes se cache un athlète déterminé et perfectionniste. À seulement 27 ans, “The Flash” incarne l’athlétisme pour une nouvelle génération qui refuse de se laisser enfermer dans les standards traditionnels. Moins en forme en cette fin d’année, le protégé du célèbre coach américain Lance Brauman a défié le streamer américain IShowSpeed sur 50 m.
Le champion olympique n’a pas tremblé malgré le très bon départ de son adversaire avant d’accélérer sur la fin pour le battre. Son style, marqué par une technique impeccable et une puissante foulée, est un mélange d’explosion d’énergie et une exubérance qui rappellent les grandes icônes de son sport. L’an dernier, l’étoile montante de la discipline frappe un grand coup en s’octroyant un triplé aux Championnats du monde à Budapest : l’or sur 100 m, 200 m et le relais 4×100 m ! Un exploit qui le place définitivement dans les livres d’histoire.
Un chemin parsemé d’embûches
Ses premières lignes se sont écrites en 1997 à Gainesville, en Floride avant de grandir à Alexandria (Virginie). Dès son plus jeune âge, le gamin Lyles s’intéresse à l’athlétisme, inspiré par ses parents, eux-mêmes anciens athlètes universitaires. C’est aux côtés de son frère cadet, Josephus, qu’il découvre la compétition et se forge une vraie carrière.
Plus jeune, la fusée américaine lutte contre des problèmes de santé mentale, notamment l’anxiété et des épisodes dépressifs. Cette phase aurait pu le freiner mais lui donne une force intérieure. L’homme aux six titres mondiaux depuis 2019 s’était exprimé librement sur ses réseaux sociaux après son triomphe au 100 m sur la piste du Stade de France. « Je souffre d’asthme, d’allergies, de dyslexie, de TDA, d’anxiété et de dépression, détaillait la superstar américaine. Mais je vais vous dire que ce que vous avez ne définit pas ce que vous pouvez devenir ».
Une fois n’est pas coutume, en 2023, l’excentrique sprinteur n’hésite pas à remettre en question l’appellation de « champions du monde » utilisée notamment par la NBA. « Vous ne pouvez pas être champions du monde si vous n’affrontez pas le monde entier », lâchait-il. Des propos qui divisent, mais témoignent de sa volonté de rendre le sport plus inclusif et représentatif.
Lyles et ses cartes Yu-Gi-Oh
Mais ce n’est pas seulement son talent qui fascine. C’est aussi sa manière d’entrer en scène avec des cartes Yu-Gi-Oh à la main, ses danses endiablées après chaque victoire, et ses choix vestimentaires inspirés de la culture pop. L’athlète le jour et artiste la nuit se dévoile plus qu’un sportif professionnel : c’est une marque. En dehors des pistes, le Floridien laisse libre cours à ses autres passions. Musicien et rappeur à ses heures, le mélomane produit des morceaux qu’il partage avec son public sur les plateformes de streaming. « La musique me permet d’exprimer une autre facette de moi-même », avouait le grand fan de Kanye West qu’il écoute avant chaque course. Ces multiples talents font de lui une figure polyvalente, capable de toucher un public bien au-delà de ses aficionados, en atteste son rôle principal dans la série Netflix « Sprint ».
« Je veux inspirer les autres à croire en eux »
L’homme le plus rapide de la planète a redonné à l’athlétisme une visibilité et une énergie qui semblaient perdues depuis l’ère Bolt. Mais le bonhomme ne s’arrête pas là. Son ambition ? Marquer son temps, mais également laisser un héritage. « Je veux que les gens se souviennent de moi comme quelqu’un qui a osé être différent », confiait l’humain supersonique. En quête de nouveaux records, il ne cache pas son objectif ultime : descendre sous les 19 secondes sur 200 m, une performance qui le placerait à un niveau inégalé. Mais, fidèle à lui-même, Lyles voit plus grand. « Ce n’est pas seulement une question de performance. Je veux inspirer les autres à croire en eux, à dépasser leurs limites, que ce soit sur une piste ou dans la vie. »
Une mission qui devrait continuer en 2025 où l’artiste de la piste retrouvera Tokyo et ses Mondiaux (13-21 septembre) avec une nouvelle fois l’envie de montrer qu’il est le patron de la discipline. Et pas seulement sur 100m…
Dorian Vuillet