Quatre ans après l’arrivée d’INEOS, l’OGC Nice, qui court après un titre depuis sa victoire en Coupe de France, en 1997, semble (enfin) être en mesure d’être à la hauteur de ses ambitions.
Deuxième de Ligue 1 après 8 journées (près d’un quart de la saison), l’OGC Nice s’affiche comme un candidat sérieux au TOP 5. Sans compétition européenne, et très bien équilibrée, l’équipe entrainée par Francesco Farioli peut même rêver de la Ligue des Champions, puisque la 4ème place va donner accès aux éliminatoires de la mythique compétition européenne.
Les Aiglons entamaient le 11 août dernier face à Lille (1-1) leur 22ème saison d’affilée en Ligue 1 avec l’ambition de confirmer, à minima, leur présence dans le Top 10, leur réalité depuis 2016, avec une place sur le podium (3ème en 2016/2017) comme meilleure performance depuis la place de dauphin obtenue en… 1976 quand Vlatko Markovic s’asseyait encore sur le banc du Ray pour diriger un effectif rempli d’internationaux (Baratelli, Adams, Jouve, Molitor, Toko, Huck, Douis, Zambelli…). Seule équipe de Ligue 1 encore invaincue, ils sont largement dans les temps de leurs ambitions : terminer dans le TOP 5.
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Nice manque de référence européenne
Cinquante ans après, l’élimination peu glorieuse en quarts de finale de la Ligue Europa Conference par le FC Bâle rappelait la saison passée tout le chemin restant encore à parcourir pour espérer se rapprocher des meilleurs.
Dans ce contexte, après avoir battu le PSG au Parc (2-3), l’éphémère 1ère place actée suite à la victoire à Monaco le 22 septembre au soir (0-1) est-elle vraiment significative ? « Nous avons plus de certitudes que l’an dernier, estime le capitaine brésilien Dante. On sent qu’il y a un plan, que les choses se mettent en place, que c’est plus carré. On sait qui est qui et qui va faire quoi. Et où on veut aller. »
Dante : « On sent qu’il y a un plan, que les choses se mettent en place »
La décevante 9ème place du printemps dernier oblige les Aiglons « à faire mieux pour attraper les places européennes. » Dans ce but, le défenseur central au club depuis déjà huit ans estimait qu’il était indispensable de « démarrer fort ».
Son vœu a été exaucé pour faire de l’OGC Nice la seule équipe invaincue, avec Rennes, après six journées de championnat. Dans le sillage d’un Moffi buteur chaud bouillant, d’un Bulka gardien rayonnant (deux penaltys arrêtés face à Monaco) et de la montée en puissance de Todibo et Khéphren Thuram, les deux néo-internationaux.
Le puzzle commence à ressembler à quelque chose. Avec l’expérience des recrues ; Boga (Atalanta Bergame), Sanson (Aston Villa), Ndayishimiye (Istanbul), Baldé (Lausanne) et Perraud (Southampton), le premier recrutement estampillé Florent Ghisolfi n’a pas tardé à porter ses fruits. Transfuge du RC Lens, l’ancien milieu de Bastia et Reims se propose d’appliquer sur la Côte d’Azur les mêmes recettes qui ont permis aux Sang et Or de se qualifier pour la Ligue des Champions.
Farioli, symbole du projet Ineos revisité
A défaut d’avoir réussi à amener dans ses bagages Franck Haise, ou Régis Le Bris, les premiers choix, Nice a jeté son dévolu sur un coach atypique et inconnu du grand public, un jeune italien de 34 ans. Préféré à Potter, Thiago Silva, Gallardo ou Ancelotti junior, Francesco Farioli arrive délesté de toute recommandation, seulement précédé d’une réputation. On le dit féru de philosophie et de jeu, en atteste sa thèse :
« Philosophie du jeu : l’esthétique du football et le rôle du gardien » car avant de bifurquer vers le coaching, il était gardien. C’est par la case entraîneur des gardiens, assumée à Sassuolo, au contact de Roberto De Zerbi (aujourd’hui à Brighton), qu’il est entré dans le cercle fermé des jeunes techniciens à la mode, de ceux qui mettent leurs travaux et leurs réflexions sur le jeu et l’entraînement en ligne.
Et attendent que ça prenne. Grâce à l’entregent de son agent, Meïssa N’Diaye, le bouchon n’est pas resté longtemps à la surface. Effet collatéral du terrible tremblement de terre turc, où il vivait sa première expérience de numéro 1 à Alanyaspor, Farioli n’avait d’autre mission que d’incarner une approche moderne et ambitieuse du coaching et de l’entraînement à l’instar de l’image véhiculée par le groupe INEOS dans le sport.
Une cellule de recrutement XXL
L’OGC Nice n’a pas attendu l’arrivée de Florent Ghisolfi pour considérer que la cellule de recrutement était une pièce essentielle à son développement. En la renforçant encore, le nouveau directeur sportif n’a fait que confirmer sa force de frappe.
Cela faisait partie du cahier des charges imposé par le groupe INEOS lorsqu’il a débauché Florent Ghisolfi au RC Lens pour en faire son directeur sportif en octobre 2022. Depuis, l’ancien milieu de Bastia et Reims n’a eu de cesse de renforcer la cellule de recrutement au point d’en faire la plus dense de France. Il y a notamment retrouvé un autre ancien inlassable milieu récupérateur, Frédéric Brando, en poste au Gym depuis 2016, et passé depuis responsable opérationnel de la dite cellule :
« Responsable… c’est un bien grand mot, nous dit-il modestement, car tout le travail que nous effectuons est profondément collectif. Si vous cherchez un secret à cette réussite, il est là, dans le côté collégial de toutes les décisions que nous pouvons prendre. » Divisée en trois grands pôles ; professionnel, post-formation et formation, la cellule s’étend jusqu’en Amérique du Sud avec Carlos Henrique qui est basé au Brésil, et en Afrique, où un autre ancien pro niçois, Souleymane Cissé, dirige une académie en Côte d’Ivoire.
« Aucun joueur de l’effectif actuel n’est passé entre les mailles du filet »
Ce maillage permet de superviser énormément de joueurs de tous les niveaux et de tous les âges afin d’alimenter une base de données propre au club qui est régulièrement consultée en fonction des besoins de l’équipe professionnelle.
« Même si la décision finale revient toujours au directeur sportif, la discussion est permanente, précise l’ancien joueur de l’OM ou Monaco. Ainsi, aucun joueur de l’effectif actuel n’est passé entre les mailles du filet, de Moffi à Todibo en passant par Thuram ou Atal. On analyse leur profil technique et psychologique, on n’est pas toujours d’accord, mais tout le monde peut s’exprimer et donner son avis, c’est une force. »
Depuis sept ans, Brando a vu défiler pas mal d’entraîneurs ou de directeurs sportifs, mais « l’idée de cette cellule est restée la même. Florent amène juste son propre fonctionnement et ses idées sur les critères et les profils de joueurs à rechercher, mais tout en continuant à s’appuyer énormément sur nous tous. »
A Nice, en matière de recrutement, c’est un pour tous, tous pour un. Après les victoires au Parc des Princes et à Louis II, le choix, surprenant, de Florent Ghisolfi ne l’était plus vraiment. Il s’inscrit plus que jamais dans un axe de développement qui pousse le Gym sur les traces du Red Bull Leipzig ou de l’Atalanta Bergame, des clubs qui jouent régulièrement la Ligue des Champions sans avoir une politique de stars.
Tom Boissy