A l’aube de découvrir, sans complexes, la réalité du circuit World Tour, l’ancien puncheur-sprinteur de B&B Hotels-KTM Axel Laurance fait le bilan d’une première saison chez Alpecin-Deceuninck ponctuée d’un titre de champion du monde Espoirs. Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.
Que retiendrez-vous de votre première saison chez Alpecin-Deceuninck Development ?
Mon titre de champion du monde reste évidemment l’élément fort d’une première saison où il a fallu m’adapter à un nouvel environnement. C’était d’autant moins évident que ce changement de cap n’était pas prévu. J’étais parti pour poursuivre avec B&B Hotels-KTM et les perspectives étaient intéressantes.
À lire aussi : toute l’actualité du cyclisme dans votre mag spécial
C’est dommage mais, dans ce malheur, parce que je suis jeune et que je restais sur une bonne dynamique, avec de bons résultats la saison précédente, j’ai pu rebondir assez vite et saisir l’opportunité Alpecin. Au final, je suis satisfait car j’ai atteint tous les objectifs que je m’étais fixés.
D’une équipe française de seconde zone mondiale à une équipe belge jouant le haut du tableau, comment avez-vous passé le cap ?
Je suis satisfait de m’être aussi bien intégré dans ce collectif, ce qui n’est jamais évident surtout en arrivant en retard. J’ai dû apprendre comment courait l’équipe, une nouvelle approche par rapport à ce que je connaissais. Quand on se déplace sur une course, les autres ne nous regardent pas de la même façon.
Notre statut n’est pas le même, c’est à nous de prendre les choses en main quand on attendait que ça se passe chez B&B Hotels… La grande différence est là. Et même quand, à titre individuel, on ne joue pas la gagne, ce qui arrive quand même assez souvent quand vous êtes dans la même équipe que Van der Poel, chaque coureur a un rôle bien défini.
Donc au final, vous avez certainement moins de résultats à afficher, car vous devez rouler pour les autres, mais plus de plaisir à prendre d’être où ça se passe. Au-delà de sa propre personne, on est aussi là pour assumer le standing d’une équipe qui joue tout le temps la gagne.
Qu’attendez-vous de 2024 ?
Je m’attends à vivre une première grosse saison à la découverte du World Tour avec un calendrier forcément différent de mes deux dernières années. J’entre dans un schéma de courses plus classique. En découvrant énormément de choses, je m’attends aussi à me découvrir, notamment sur des épreuves plus longues, sur sept ou huit jours et peut-être un grand Tour. Je serais heureux si je pouvais m’aligner sur quelques classiques flandriennes ou ardennaises, et aller faire des étapes en World Tour.
« Préparer les strade bianche pour les gagner un jour… »
Etes-vous attiré par une course plus qu’une autre ?
J’affectionne plus particulièrement les Strade Bianche, ces chemins poussiéreux. J’espère pouvoir la découvrir en 2024, et acquérir assez d’expérience pour envisager de la gagner un jour. Si jamais ce ne sera pas le cas cette année en raison de la présence de Mathieu Van der Poel, il sera intéressant de jauger l’atmosphère de la course, de prendre son pouls.
Vous faites partie de la nouvelle génération des cyclistes français appelés à prendre la relève des Pinot, Bardet, Gaudu. Quels rapports entretenez-vous avec les Grégoire, Martinez… ?
Depuis gamin, on s’est habitués à se croiser sur toutes les courses donc quelque chose nous lie. Quand on se voit, on discute. Il est important de voir que des coureurs du même âge parviennent à avoir de bons résultats, ça motive, ça encourage à poursuivre les efforts. On se
dit qu’on aura aussi notre chance un jour si on bosse bien. Ça tire tout le monde vers le haut. Mais on n’a pas forcément l’envie de prendre la place des anciens, on veut juste exister et avoir de l’ambition, peu importe l’âge. On sait aujourd’hui que ce n’est plus un frein, qu’on peut rêver gagner les plus grandes courses même en débutant sur le circuit. On n’a pas de complexes, et surtout pas peur de gagner. Par rapport aux anciens, la force de la nouvelle génération est peut-être dans cet état d’esprit.
Mathieu Van der Poel et lui : « Il est vraiment impressionnant »
D’un champion du monde sur route… à l’autre, Axel a rejoint Mathieu Van der Poel cette année dans une équipe qui compte donc deux maillots arc-en-ciel.
« Mathieu est quelqu’un de très simple, très facile d’accès. Comme il parle aussi un peu français, ce qui est rare dans l’équipe, ça a créé un lien entre nous. On est pas mal souvent ensemble à discuter et à rigoler à l’entraînement. On se ressemble. Courir avec lui est un privilège car il est vraiment impressionnant. »
« En course, sa force et sa puissance sont visibles. Quand vous avez du mal à enchaîner plus de deux ou trois séances d’efforts d’affilée, il les enchaîne dès le départ, ce qui ne l’empêche pas d’être présent dans le final. Il est fort, très fort et il bosse vraiment beaucoup pour rester au sommet. »