Les années passent, et l’AJ Auxerre demeure un club fidèle aux valeurs qui ont fait sa légende. La confiance maintenue à Christophe Pélissier par son président, malgré la descente la saison passée, est en passe de lui permettre de remonter en Ligue 1.
Avant Christophe Pélissier, qui est en passe de vous ramener en L1, le dernier coach après Guy Roux à avoir fait remonter l’AJA est Jean-Marc Furlan, qui a également fait ses armes au niveau amateurs. Est-ce un hasard ?
Non car l’AJA est un vrai club, authentique, riche des 260 gamins de son association, de son centre de formation, un club qui a longtemps été incarné par un entraîneur, Guy Roux, qui avait une place centrale. On continue à offrir ce confort de travail à nos entraîneurs en cultivant cette simplicité. Comme Jean Fernandez ou Jean-Marc Furlan, Christophe Pélissier incarne cet état d’esprit. En plus d’un parcours plein de réussites, il a cette capacité à garder les pieds sur terre. Il colle bien aux valeurs de l’AJA.
Peut-on dire aussi ça de vous qui avez été joueur avant de devenir dirigeant et de gravir tous les échelons jusqu’à la présidence ?
J’ai effectivement été au centre de formation de Rennes sur un double parcours, foot et études, un peu atypique qui m’a conduit, à 23 ans, à assurer ma reconversion dans la gestion de club. A l’exception d’une année passée à Lorient, je suis à Auxerre depuis 2006 et je me retrouve complètement dans les valeurs véhiculées par le club.
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« Le rachat a donné une nouvelle dynamique au club »
Président de club, était-ce un objectif pour vous, un rêve ?
Je suis un peu hyperactif, je marche au projet, sans plan de carrière. Me retrouver à la présidence de l’AJA n’était pas forcément prévu, mais ça s’est fait naturellement, dans la continuité des responsabilités que m’avait confiées le propriétaire du club, James Zhou, du travail effectué depuis quelques années, avec le soutien des salariés et des partenaires du club, mais aussi celui des collectivités, qui épaulent notre projet de développement. L’AJA est un acteur majeur du territoire, un bien commun qui fédère tout un écosystème.
Beaucoup de scepticisme avait accompagné le rachat du club par James Zhou en 2016. Peut-on dire aujourd’hui, que le club est revenu à ses fondamentaux ?
L’actionnaire majoritaire n’a pas tout bouleversé car il a compris la nature du club, c’est même ce qui l’a poussé à le racheter, pour l’excellence de sa formation autant que pour son histoire et son palmarès. Depuis, on n’a jamais cessé de s’appuyer sur ça pour continuer à avancer. Le rachat a donné une nouvelle dynamique.
La preuve, il n’y a jamais eu autant d’engouement autour du club avec une moyenne de 15 000 spectateurs par match, ce qui est du jamais vu ici, même à la grande époque du doublé et des coupes européennes. En même temps, pour un club comme le nôtre, situé dans une ville moyenne, ce soutien populaire est indispensable.
Comment avez-vous interprété la descente l’an passé ?
Comme la conséquence d’une réforme qui condamnait quatre équipes… et on était à la plus mauvaise place. A deux points près, on se maintenait après avoir réalisé une saison qui correspondait à celle d’un promu au budget limité. A défaut, on l’a intégré dans la continuité d’un travail à moyen terme qui doit nous permettre de nous affirmer dans ce qu’on veut faire ; nous appuyer sur notre formation, être proche de nos supporteurs et produire le jeu le plus spectaculaire possible. Malgré la descente, on est resté dans une logique qui, je l’espère, doit nous permettre de remonter vite.
Baptiste Malherbe souhaite agrandir l’Abbé Deschamps
Quinze ans après votre dernière participation à la Ligue des Champions, pouvez-vous encore vous permettre de rêver de retrouver les places européennes ?
Chaque chose en son temps. Nous cherchons d’abord à progresser, étape par étape, dans la hiérarchie nationale ce qui n’est pas simple pour une ville de 35 000 habitants qui doit rivaliser avec des agglomérations de plus de 100 000 habitants. Pour compenser cet handicap démographique, on n’a pas d’autre choix que de nous appuyer sur notre écosystème tout en étant plus malins que les autres et en faisant confiance aux jeunes issus de notre centre de formation.
Quelle est la fréquence de vos contacts avec James Zhou, le propriétaire du club ?
James Zhou est un actionnaire très présent car il apprécie la ville, le club et les joueurs. Il est là à quasiment tous les matches et comme le club est propriétaire de ses installations, de toutes ses infrastructures, il nous aide à les améliorer, ce qui n’est pas anodin pour une surface de plus de 20 hectares. Dans ce domaine, depuis deux ou trois ans, on essaie de rattraper le retard pris dans les années 2010-2020 lorsque le club est descendu et a dû faire face à des problèmes financiers.
Agrandir le stade (18 000 places aujourd’hui, Ndlr) est, à terme, un de nos objectifs prioritaires. L’Abbé-Deschamps est un vrai stade de foot à l’anglaise, on veut en faire un lieu capable d’accueillir d’autres événements, le grand site sportif de la Bourgogne du nord, dans la lignée des deux matches du Racing 92 qui auront lieu en mai et en juin (matches du Top 14 face à Bayonne et Pau).
Guy Roux toujours à l’AJA
Le musée a ouvert ses portes le 20 mars dernier, quelle est sa vocation ?
L’histoire du club est tellement fabuleuse que ce musée nous tenait vraiment à coeur. La plupart des gens connaissent la période moderne avec les grandes heures européennes, et ça fait toujours du bien de s’en souvenir, mais nous voulions aussi mettre en valeur sa genèse, en 1905, par l’Abbé Deschamps, autour de l’éducation par le sport. Savant mélange d’expositions et de visite du stade, ce musée moderne doit transmettre ces valeurs aux nouvelles générations.
Quelle est la place de Guy Roux dans l’AJA d’aujourd’hui ?
Guy Roux fait partie du club, mieux, il fait partie des murs ! Il a été normalement difficile pour lui de tourner la page, de se positionner alors qu’on l’accusait régulièrement de fomenter contre les entraîneurs en place. Guy Roux a trouvé sa place aujourd’hui comme vice-président de l’association. Il est là tous les jours pour transmettre son expérience, à délivrer des conseils qu’on écoute avec beaucoup de respect. Car nous ne faisons que perpétuer une histoire qu’il a été le premier à écrire.