Bas Tietema ancien grand espoir cycliste néerlandais de 27 ans est devenu un personnage très suivi sur YouTube à travers ses vidéos et sa chaîne « Tour de Tietema » qui compte près de 150 000 abonnés. Entretien pour Le Quotidien Du Sport et Cyclisme magazine.
Vous voilà de retour dans le cyclisme professionnel en 2022. De quoi êtes-vous le plus fier ?
Si je regarde dans le rétroviseur, j’avais mis le cyclisme professionnel de côté à un moment donné. Puis, en début d’année, je me suis entraîné très dur. J’ai retrouvé la forme. Cela a constitué mon plus gros accomplissement. Faire Paris-Roubaix en a été un deuxième (il a terminé hors-délais, Ndlr).
Pensiez-vous que votre carrière serait terminée à un moment donné ?
Absolument. En U23, j’étais dans l’équipe de Développement de la BMC (entre 2014 et 2016, Ndlr). Je me suis retrouvé avec de gros coureurs qui ont disputé le Tour cette année. Mais, lors d’une chute, je me suis brisé la clavicule. Après l’opération, j’ai beaucoup souffert de problèmes d’allergies. Cela m’a causé tellement de soucis que je ne pouvais même plus m’entraîner normalement. Forcément, cela devenait très compliqué…
Quelles sont maintenant vos ambitions ?
Elles sont sur deux plans. On fait des vidéos, des stories touchant au vélo. Elles ont pour but d’inspirer les gens et leur montrer comment ce sport est beau. Cela a été vraiment super de réaliser cela sur une course comme le Tour de France et sur d’autres pendant l’année aussi. On a de belles idées pour l’année prochaine que j’annoncerai prochainement. A côté de cela, je me réjouis de constater les progrès que j’ai pu faire sur le vélo.
« Finir dans un top 10 sur un monument, ce serait une performance »
Rêvez-vous toujours de remporter Paris-Roubaix ?
J’ai 27 ans. On peut toujours rêver. Mais je suis réaliste. Quand vous voyez des coureurs comme Boasson Hagen, Mathieu Van der Poel et le niveau où je me trouve actuellement, il faut rester raisonnable. D’accord, je peux faire de belles choses sur un vélo, mais finir ne serait-ce que dans un top 10 dans les plus grandes classiques, on touche à un autre niveau. Alors imaginez gagner un Monument ! Je veux maintenant juste repousser mes limites et voir jusqu’où je peux aller. J’ai pris plaisir à courir à nouveau avec les professionnels. Je vais disputer des courses après le Tour aux Pays-Bas. J’espère réaliser une belle deuxième partie de saison.
Pourquoi aviez-vous décidé de lancer votre chaîne YouTube, le « Tour de Tietema » ?
Quand j’étais très jeune, je suivais beaucoup le vélo. Dans le cyclisme, vous avez souvent des talks shows, des podcasts, des articles de journaux, mais il n’y a pas vraiment un outil qui puisse attirer la jeune génération. J’ai voulu faire un mix de tout cela avec une chaîne YouTube. Je suis parti de cette première idée pour me rendre sur le Tour de France. Au départ, je ne savais pas du tout combien de personnes regarderaient mes vidéos. Le phénomène a maintenant pris de l’ampleur. C’est vu en France, en Italie, en Allemagne… Chaque vidéo qu’on a faite sur le Tour a été vue par environ 150 à 200 000 personnes.
« Repousser mes limites et voir jusqu’où je peux aller »
Et pourquoi avoir débuté sur le Tour ?
Car c’est bien plus qu’une course cycliste. Il y a la caravane, et tellement d’histoires à raconter derrière. Ces histoires sont en interaction directe avec les coureurs. Le cyclisme est un sport qui vous rapproche de vos héros. C’était génial de réaliser cela sur la route en tant que spectateur lambda notamment la première fois quand nous étions sans accréditation.
Avez-vous une anecdote en tête ?
Une me vient immédiatement à l’esprit. A la fin de chaque Tour de France, nous commandons des pizzas. Nous en donnons aux coureurs. A l’instant T, Boasson Hagen, Jasper Philipsen nous ont déjà demandé si on avait des pizzas pour dimanche (le dernier jour du Tour, Ndlr). Une autre. Pendant une journée de repos, on a organisé une petite compétition. Max Walscheid a réussi à réaliser un « wheelie » pendant un kilomètre et demi. On a fait une belle vidéo. Bref, on aime montrer quelque chose de différent que la course elle-même.
N’est-ce pas frustrant de ne pas être sur le vélo pendant le Tour ?
Pas vraiment. Nous nous organisons bien. Chaque matin d’étape du Tour je me suis entraîné. Deux gars avec moi m’ont pris en vidéo au départ de l’étape. Je me répète. Je suis un bon coureur au niveau national dans pas mal de courses, mais faire le Tour avec toutes ces montagnes ne colle pas à mes aptitudes.
Bas Tietema s’est fait des amis dans le peloton
Est-ce rémunérateur d’avoir une chaîne YouTube ?
On a des partenaires et on a des contrats d’un ou deux ans. Cela fonctionne en fait un peu comme dans une équipe avec des sponsors. De plus en plus de gens regardent nos vidéos. On ne perçoit pas vraiment d’argent tiré des vidéos. C’est davantage combiné sur la base des sponsors et du nombre de personnes, des fans, qui regardent nos vidéos. Comme on pourrait un peu le faire pour un abonnement à un journal. On a aussi un webshop. Les gens peuvent acheter nos maillots.
Quel est votre prochain défi ?
A court terme, on aimerait bien diriger et avoir une équipe cycliste professionnelle. C’est beaucoup de travail. C’est un projet complexe sur lequel on travaille en parallèle. Peut-être l’an prochain, on verra. C’est à l’étude. Mais on a une base solide de followers (suiveurs). Cela peut nous aider.
Vous êtes-vous fait des amis dans le peloton à travers cette chaîne YouTube ?
C’est drôle car cela fait un peu effet boule de neige. Pogacar regarde une vidéo, puis regarde Philipsen, qui regarde Boasson Hagen, qui regarde Jakobsen et ainsi de suite… Tous ces coureurs ont pour la plupart environ 25 ans. Ils sont donc habitués à regarder des vidéos YouTube. Certains d’entre eux sont même devenus des amis au fil du temps. Chez les Français ? On entretient un lien étroit avec Anthony Turgis (TotalEnergies, Ndlr). Avec des coureurs de chez B&B Hotels comme Franck Bonnamour ou de chez AG2R Citroën comme Paret-Peintre. Ils suivent vraiment de près ce qu’on fait.