BAYER MUNICH – REAL MADRID (21H)
Homme de coups, entraîneur de génie au caractère bien (trop ?) trempé, Thomas Tüchel peut faire vaciller le Real Madrid et se rapprocher un peu plus de la liste très fermée des très grands entraîneurs.
Parmi les entraîneurs en activité (en club), seulement quatre ont déjà gagné la Ligue des Champions au moins une fois. Carlo Ancelotti (4 fois), Pep Guardiola (2 fois), Luis Enrique (1 fois) et Thomas Tüchel (1 fois). Une catégorie à laquelle Zinedine Zidane (3 victoires) et José Mourinho (2 victoires) n’appartiennent pas aujourd’hui, car ils n’ont pas de club. Tout comme Julian Hansi Flick (1 fois, face au PSG, avec le Bayern).
Il gagne la Ligue des Champions avec Chelsea, en battant le Real en demi et City en finale !
Un cercle très fermé, dans lequel l’entraîneur du Bayern est entré en 2021, à la surprise générale. Licencié du PSG en décembre 2020, en raison de désaccords avec la direction ayant fait apparaître des tensions, l’Allemand rebondit à Chelsea à la fin du mois de janvier 2021 et propulse l’équipe sur le toit de l’Europe. A l’époque, les Blues avaient battu le Real Madrid d’Ancelotti en demi-finale (nul 1-1 à Santiago Bernabeu et victoire 2-0 au retour à Stamford Bridge), avant de terrasser Manchester City en finale !
Comme lors de sa première saison au PSG, dès son, arrivée à Chelsea, le jeune coach (il a 50 ans aujourd’hui) impressionne par sa fraîcheur, ses choix tactiques innovants (comme le repositionnement de Marquinhos au milieu, ou celui de Danilo en défense centrale) et son fort caractère.
Mais à Chelsea comme au PSG quelques mois plus tôt, son caractère va aussi lui couter sa place. Très apprécié des supporters partout où il passe (on le voit encore aujourd’hui avec la pétition lancée à Munich pour qu’il reste), celui qui s’est révélé sur le banc de Mayence (qu’il qualifiera pour la Ligue Europa) avant de confirmer à Dortmund (il est nommé meilleur entraîneur de l’année en Bundesliga au terme de sa première saison, en 2016, puis remporte la Coupe d’Allemagne, en 2017), Tüchel a du mal se soumettre en silence aux décisions de sa direction.
En 2017, c’est l’attentat du bus, avant le quart de finale aller de Ligue des Champions, qui avait raison de son tempérament. Il s’oppose fermement à la volonté de ses dirigeants, de simplement décaler le match au lendemain. Le match sera joué, Dortmund sera éliminé (par le Monaco de Mbappé) et, en fin de saison, Tüchel sera remercié, malgré un exceptionnel pourcentage de victoires de 63%.
C’est au PSG, lors de sa première saison, que Tüchel va confirmer qu’il est un entraîneur moderne et plein de promesses. Pendant les cinq premiers mois, les observateurs sont en admiration et les supporters en adoration. En Ligue 1, le club enchaine 14 victoires de suite, grâce parfois à des aménagements gagnants en cours de match.
En Ligue des Champions, Paris termine en tête d’un groupe compliqué, avec Liverpool et Naples. C’est quasiment l’euphorie, jusqu’au gros crash, en huitième de finale face à Manchester United. Vainqueur 2-0 à l’aller, les Parisiens s’inclinent 1-3 au retour face à une équipe anglaise très diminuée. Une succession d’erreurs individuelles, plus des contreperformances notables, font chuter Paris au Parc (à l’époque, les buts inscrits à l’extérieur valaient double). Tüchel en sortira fatalement affaibli, mais la saison suivante, il guide le club de la capitale en finale face au Bayern (0-1). Un parcours rabaissé par la pandémie du Covid qui impose un « finale 8 » à huis clos, à Lisbonne.
Capable de changer de système dans le même temps de jeu
Adepte des « coups », capable de passer d’un 3-4-2-1 à un 4-4-2 ou un 3-5-2 au cours du même match (parfois même au cours du même temps de jeu), l’entraîneur du Bayern n’est pas toujours compris. Mais on se rappelle de sa masterclass tactique contre Liverpool au Parc, en 2019, avec un rôle très particulier pour Marquinhos (parfois en défense, souvent au milieu) et Neymar (buteur).
Comme Pep Guardiola, dont il s’inspire, Thomas Tüchel ne parviendra toutefois jamais à convaincre au Bayern. Arrivé au cours de la saison dernière, pour remplacer Nagelsmann dont beaucoup se demandent encore pourquoi ils a été écarté, l’ancien coach du PSG ne parviendra pas à trouver les ressorts pour faire gagner une des pires équipes du Bayern de ces dernières années.
En interne, il entre en conflit avec une partie du board historique (Uli Hoeness en tête) dont il perd le soutien. Une situation conflictuelle, liée aux mauvais résultats en championnat, qui va pousser les deux parties à prendre la décision de se séparer au mois de juin, un an avant le terme de son contrat.
Mais l’entraîneur que l’on a souvent qualifié de surdoué n’a pas dit son dernier mot. Humilié en Coupe d’Allemagne (éliminé par une équipe de 3ème division) et en Bundesliga (2ème à 14 points du Bayer Leverkusen), Thomas Tüchel a amené son équipe en demi-finale de la Ligue des Champions, sans trembler face à Arsenal, et ne veut pas s’arrêter là. Il veut maintenant disputer une troisième finale de Ligue des Champions en cinq ans, et pour ça, il va devoir faire parler son génie.