mercredi 24 avril 2024

Bernard Lions : « La présidence bicéphale de Saint-Etienne est à bout de souffle »

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Dans son livre, « Derrière la porte verte » (SOLAR Edition), Bernard Lions nous emmène dans les coulisses de l’AS Saint-Etienne. Ce grand club aujourd’hui en perdition qui a la particularité d’être dirigé par deux présidents.

Quel supporter n’a pas rêvé un jour de pousser la porte du vestiaire de son club favori pour y découvrir l’envers du décor ? Journaliste à l’Equipe depuis 1997, Bernard Lions a passé une bonne douzaine d’années à suivre toute l’actu des Verts (c’est encore le cas aujourd’hui), ce qui fait incontestablement de lui l’un des plus grands connaisseurs de l’AS Saint-Etienne sur ces vingt dernières années.

Pour le plus grand plaisir des fans des Verts, mais au delà aussi, tous ceux qui s’intéressent au foot, il a regroupé soixante-douze histoires secrètes dans un livre paru au mois de mars et intitulé «Derrière la porte verte ».

Un vrai travail de journaliste qui l’a amené à rencontrer quatre-vingt douze personnes pour assembler une à une les pièces du puzzle de chacune de ses histoires.

De Patrick Guillou qui avoue avoir tué le président Kenedy à la mise à l’écart de Stéphane Ruffier, en passant par la bagarre entre Dimitri Payet et Blaise Matuidi où le départ de Christophe Galtier, le livre de Bernard Lions se lit comme on regarde une série de Netflix, saison après saison et épisodes après épisodes.

« Prendre le supporter par la main et le faire passer de l’autre côté de la porte »

Des saisons plutôt que des chapitres, des épisodes… Cet énième livre sur les Verts est différent. Quel a été votre but en l’écrivant ?

J’ai voulu écrire ça un peu comme une série télévisée, une façon moderne de prendre le supporter par la main et le faire passer de l’autre côté de la porte…

Il y a sept saisons et soixante-douze épisodes, ça représente un sacré travail…

Pour ce livre, j’ai contacté 92 personnes, 89 ont accepté de m’aider en me faisant part de leurs témoignages. Chaque épisode, chaque récit provient de recoupements de plusieurs témoignages…

Vous présentez d’ailleurs ça comme si vous étiez là, derrière les acteurs, pourtant ce n’était souvent pas le cas…

C’est un style que j’ai volontairement utilisé pour rendre le livre vivant. Mais le plus important, c’est que tout soit vrai, le livre ne reflète que l’exacte vérité. Les informations ont été plusieurs fois recoupées, décortiquées, pour finalement présenter des dialogues, des scènes vécues de l’intérieur…

Ce que reflète ce livre, c’est que Roland Romeyer et Bernard Caïazzo ne sont pas vos amis…

Mais ils n’ont pas à être mes amis, ni mes ennemis d’ailleurs. Je suis journaliste, je retranscris ce que j’ai pu apprendre sur un grand club comme Saint-Etienne, en suivant son actualité au quotidien pendant de nombreuses années.

Vous n’êtes pas très tendre quand même et pointez souvent les erreurs des co-présidents…

Mais tout vient de la particularité unique de ce club qui a une gouvernance bicéphale. Chaque décision importante est une affaire d’égos de pouvoir… L’un veut Jean-Pierre, l’autre veut Jacques… alors finalement on prend Paul.

« Avant Bordeaux, King Street voulait Saint-Etienne, mais Romeyer a refusé. Les supporters peuvent le remercier »

C’est ce qui conduit le club à sa perte ?

Disons qu’aujourd’hui on est arrivé à un point très critique… La situation va obligatoirement devoir évoluer sinon le club va au devant de gros ennuis. Ce système schizophrénique arrive à bout de souffle et à besoin de réoxygénation pour passer à autre chose.  Mais il y a eu aussi des bonnes choses. Ils ont repris le club au fond du trou et l’ont ramené dans le haut du classement.

Aujourd’hui, ils n’ont d’autres choix que de vendre ?

On peut le penser… Ce sera une « petite mort » pour Roland Romeyer qui est un enfant de Saint-Etienne. Le club représente beaucoup pour lui. D’ailleurs, il ne vendra pas à n’importe qui. Avant d’acheter Bordeaux, King Street a d’abord jeté son dévolu sur Saint-Etienne. Une rencontre a même été organisée avec Romeyer dans le plus grand secret, mais finalement il n’a pas senti le coup et a préféré refuser. C’est ensuite que le fonds américain s’est tourné vers Bordeaux. Quand on voit ce que ça a donné, les supporters ne peuvent que le remercier…

« Virer Ruffier, c’est un suicide sportif, économique et médiatique »

Dans votre livre, les deux co-présidents sont souvent en première ligne et rarement à leur avantage, comme dans ce que l’on peut appeler les « affaires » Galtier et Ruffier…

Encore une fois j’insiste pour dire que tout est vrai. Si certains récits sont un peu romancés, tout ce qui est dans le livre est vrai.

Même le coup de téléphone entre Romeyer et Galtier sept mois après la signature d’un accord contractuel de séparation à l’amiable ? Vous écrivez que le premier finit par traiter le second, qui lui demande le solde de ses indemnités, de « sac à merde »…

Tout est vrai dans ce livre. D’ailleurs, si la direction a fait un communiqué pour m’accuser de déstabiliser le club, aucun fait raconté n’a été démenti par quiconque.

Sur Stéphane Ruffier, ce que vous racontez est incroyable ! Avec ces SMS envoyés par Bernard Caïazzo aux journalistes pour dénigrer son gardien, en donnant des statistiques peu glorieuses sur ses dernières sorties…

Des SMS que finira pas lire Ruffier ce qui lui enlèvera tout respect envers Caïazzo.

Virer Ruffier, c’était une erreur ?

C’est un suicide sportif, économique et médiatique. C’est d’ailleurs l’objet d’un épisode.

Il n’y a pas dans votre livre d’épisode spécialement consacré à Claude Puel, mais il est quand même omniprésent dans tous les épisodes récents…

Claude Puel est devenu incontournable. Les présidents Romeyer et Caïazzo l’ont nommé non pas entraineur, mais manager sportif. Ce qui veut dire qu’il a tous les pouvoirs.

Mais finalement peu de résultats…

Quand il est arrivé en octobre 2019, le club était 20ème. Au moment de l’arrêt de la saison en mars dernier il était 17ème, aujourd’hui, il est 16ème… On s’aperçoit donc qu’il n’a pas réussi à faire progresser le club.

Le succès du livre est à la hauteur de son intérêt et de la ferveur des supporters stéphanois.

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