Après le sacre de Monaco, la Betclic Elite reprend ses droits avec son lot d’interrogations. Christophe Denis, consultant pour L’Equipe, Pape Philippe Amagou pour France 3 et Sweek et Claude Bergeaud pour France Télévisions nous aident à y voir plus clair.
Monaco est-il plus fort que jamais ?
Christophe Denis : « Personne n’est jamais imbattable, mais ils seront à mon avis un peu plus forts que la saison dernière. Quand vous voyez la démonstration qu’ils ont fait en finale contre Paris, il faut s’attendre à ce que Monaco soit un peu plus surdimensionné dans la prochaine saison de Betclic Elite. C’est une équipe qui va perdre des matches sur la saison. Mais quand il faudra se remobiliser pour aller chercher quelque chose, ils seront capables de le faire. L’effectif qu’ils sont en train de construire avec l’arrivée de Calathes, de Papagiannis et les prolongations de Mike James et Motiejunas, Monaco sera le PSG du basket ! »
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Bourg-En-Bresse peut-il franchir un nouveau palier ?
Christophe Denis : « Ce n’est pas dans leur capacité d’aller chercher de l’argent, de gonfler leur budget. Je ne vois pas Bourg plus fort sur le papier que l’équipe qu’il avait cette année. Le 7 majeur de l’équipe est sur le départ. Les joueurs qui arrivent devront être meilleurs pour aller un peu plus haut. Je suis dubitatif ».
Le Paris Basketball peut-il réaliser une deuxieme saison aussi bonne après le départ de Tuomas Lisalo ?
Christophe Denis : « Il me semble plus évident et plus facile de se relever après avoir fait une très bonne saison. C’est une équipe qui est allé gagner le premier trophée de la saison, la Leaders Cup, qui est allée chercher 26 victoires de rang en Betclic Elite (c’est un record absolu), qui a gagné l’EuroCup. Revivre la même saison, c’est quasiment impossible. Mais le Paris Basketball n’a pas fait l’erreur de tout miser sur un seul homme. »
« C’est une organisation qui a des bases très solides avec un pouvoir partagé pour qu’il puisse continuer à avancer sans être impacté par le départ de qui que ce soit. Lisalo a instauré au sein de cette organisation des choses très particulières au niveau sportif, une manière de manager totalement innovante. Le départ de Tuomas devra être géré, mais les gens qui sont en place sont compétents, ont un vrai savoir-faire. Le coach qui arrive va pouvoir poursuivre ce développement. Je ne suis pas du tout inquiet. Ce sera juste différent ».
La Rochelle peut-il se maintenir ?
Christophe Denis : « La Rochelle la surprise du championnat après Saint-Quentin ? Je ne pense pas. L’objectif sera le maintien. Aujourd’hui, le discours doit être raisonnable. Leur championnat à eux ce sera des équipes comme Chalon. C’est une équipe qui va se battre avec les équipes de fin-fond de tableau pour essayer de sauver sa peau. »
Quelles équipes peuvent créer la surprise ?
Christophe Denis : « Je suis un fan de Julien Mahé à Saint-Quentin. Son travail est exceptionnel. L’histoire qu’ils vivent depuis la Nationale 1 va bien au-delà du basket. C’est une communion incroyable avec le public, les habitants. Ça va être très compliqué de refaire ce qu’ils ont fait. Pour Le Portel et Saint- Quentin, ce ne serait pas une surprise, mais une confirmation. Je ne vois pas d’équipe surprise mise à part Strasbourg. Avec l’arrivée de Laurent Vila au poste d’entraîneur et le recrutement qu’ils ont fait, Strasbourg aura peut-être l’opportunité de faire quelque chose de mieux. »
L’ASVEL rebondira-t-il ?
Pape-Philippe Amagou : « L’ASVEL sera encore au rendez-vous du Top 4. Le Top 4 est en train de se dessiner avec l’ASVEL, Bourg, Monaco et Paris. L’ASVEL pourra jouer des coudes dans ce Top 4. Ce sera un challenger sérieux à Monaco. »
Claude Bergeaud : « Ce n’est pas parce qu’ils vont baisser le budget qu’ils seront rétrogradés dans la hiérarchie. Il n’y aura que Monaco devant. Paris et Bourg-en-Bresse vont augmenter un peu leur budget, mais ils n’atteindront pas les 20 millions de l’ASVEL. Cela veut dire que l’ASVEL aura toujours la possibilité d’être très ambitieux. Il faut simplement que le recrutement et que le jeu produit soit gagnant avec des joueurs gagnants. »
Le Mans et Limoges reviendront-ils vers les sommets ?
Christophe Denis : « Limoges, ça me paraît compliqué. C’est un club historique qui se noie tellement dans ses problèmes financiers. Et tous ces problèmes ne permettront pas au staff de bâtir une équipe suffisamment performante pour matcher. Le Mans et Limoges sont des équipes que l’on va mettre entre la 6ème et la 12ème place avec Saint-Quentin, Le Portel, Strasbourg, Cholet, Chalon. Mais Limoges je ne les vois pas tout en haut de ce gruppetto. Je les vois plutôt dans la reconstruction sur le long terme. »
Le nouveau système de play in comme en NBA peut-il redynamiser le championnat ?
Christophe Denis : « C’est quelque chose qui marche sur le plan économique, sur la visibilité puisqu’il y a plus de matches. Ça donne également une chance supplémentaire à des équipes qui ne se seraient pas qualifiés en play-off s’il n’y avait pas eu le play-in. Je trouve cela dommage de ne pas pouvoir permettre à une équipe qui a été victime de blessure, qui a traversé un tunnel pendant une partie de la saison de ne pas pouvoir avoir une opportunité de disputer les play-offs via le play-in. »
Est-il possible qu’on est un numéro un de la draft pour la 3eme année de suite ?
Christophe Denis : « Il y a d’excellents, de gros potentiels chez des joueurs de 13/14 ans. C’est trop tôt pour en parler. Mais au sein même du championnat de France Espoirs, vous avez des potentiels notamment du côté de Cholet. Il va falloir attendre de voir ces joueurs évoluer avec un groupe pro pour se prononcer sur un potentiel 1er choix de draft. La France est un pays formateur. Ce qui est arrivé l’année dernière et cette année va se renouveler dans le temps. »
La Betclic Elite sur DAZN, une bonne nouvelle ?
Pape-Philippe Amagou : « J’attends de voir. En termes de qualité de diffusion, il y avait des bonnes choses avec Skweek. Il y a eu malheureusement des soucis avec L’Equipe sur l’aspect économique. Je ne connais pas cette plateforme-là, c’est dur de la juger. Néanmoins, j’aurais voulu qu’il y ait des choses avec France Télévisions, des matches en clair pour démocratiser encore davantage notre sport. Pour la visibilité du championnat, j’espère qu’il y aura des matches en clair. »
Claude Bergeaud : « Je suis très sceptique. Nous changeons encore de diffuseur. C’est vrai que la Ligue ne s’attendait pas à ce que Sweek soit un château de cartes qui s’est effondré à la première tempête. Dazn est encore un nouveau diffuseur, si le prix de l’abonné basket inclue l’offre football, qui est très chère, cela va multiplier le prix par 7 ou 8 comparé à l’abonnement basket de la saison dernière. Je crains que le basket ne soit pas vu en étant sur cette chaîne. France 3 s’était positionnée pour diffuser quelques matches, c’est dommage parce que c’est du service public, gratuit. »
Yohan Mouchon
