vendredi 29 mars 2024

Bientôt une équipe de football “Europe” ?

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C’est une des propositions de Maître Michel Pautot, qui réclame une meilleure place au sport dans la construction de l’Europe. Nous diffusons ici sa chronique.

« Le sport ne doit pas être sur le banc de touche de l’Europe ! » par Maître Michel Pautot*

L’Euro de football 2020 disputé en 2021 a suscité l’enthousiasme des Européens. Disputé dans différents pays (Angleterre, Allemagne, Italie, Azerbaïdjan, Pays-Bas, Roumanie, Russie, Hongrie, Ecosse, Danemark), le tournoi a indéniablement participé à la promotion et à la construction de l’Europe. Hélas, ce succès ne semble pas être une des priorités de la future Europe.

En effet, si l’on se réfère au programme des 18 prochains mois du Conseil, élaboré par les présidences française, tchèque et suédoise et par le haut représentant, président du Conseil des Affaires étrangères, publié le 10 décembre 2021, on relève que le sport est évoqué dans trois lignes seulement sur vingt-sept pages : « les trois présidences soutiendront les travaux visant à relancer le secteur du sport. Dans cette optique, elle mettra en avant le rôle du sport dans la société et sa capacité à contribuer à l’amélioration de la santé et du bien-être des citoyens à une société plus inclusive”, page 13 du programme. C’est peu, trop peu…

Le sport a le pouvoir de changer le monde

Le sport ne doit pas être sur le banc de touche de l’Europe ! Moult dirigeants politiques comme Nelson Mandela aimaient répéter que « le sport a le pouvoir de changer le monde ».Déjà, les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne avaient frappé fort avec leur déclaration relative au sport, annexée au traité d’Amsterdam du 2 octobre 1997 : « la conférence souligne l’importance sociale du sport et en particulier son rôle de ferment de l’identité et du trait d’union entre les hommes…. ».  

La situation n’est pas figée

La situation n’est pas figée, car le Président de la République française Emmanuel Macron, actuellement à la tête de l’Europe, devra rapidement « rectifier le tir », ainsi que ses successeurs suédois et tchèque. C’est une évidence que les trois phrases précitées du programme sont nettement minimalistes.

Ce n’est pas la première fois que le sport est relégué en division inférieure. Déjà, lors des dernières élections européennes de 2019, le sport avait été le grand oublié des débats… Des initiatives sont donc à prendre, c’est sûr.

Promouvoir des initiatives par le sport

Multiplier les rencontres européennes. L’organisation des Jeux Européens, dont les premiers ont été organisés à Bakou en 2015, par les Comités Olympiques Européens est une excellente promotion de l’Europe et de rapprochement des peuples.

Les rencontres bilatérales voire trilatérales, ou plus encore, sont à privilégier. Par exemple, les matches amicaux. Pourquoi pas un match amical entre l’Ukraine et la Russie ? Les organisations communes se sont multipliées ces vingt dernières années, comme les Euros de football organisés par les Pays-Bas et la Belgique (2000), l’Autriche et la Suisse (2008) et la Pologne et l’Ukraine (2012)… Cela pourrait être le cas avec la France et l’Allemagne.

Une France Germany Cup ou une Paris Berlin Cup annuelle ?

Avec Legisport, nous avons lancé l’idée d’organiser un match amical de football entre les deux sélections de la France et l’Allemagne, annuellement lors de la journée franco- allemande, le 22 janvier. Cela pourrait engendrer l’avènement d’un nouveau “crunch”, à l’image de France – Angleterre en rugby qui tient en haleine tous les amateurs chaque année, ou d’une nouvelle  “Calcutta Cup”, affrontement entre les joueurs écossais et anglais.

A la veille des quarante ans de la demie – finale de la Coupe du monde de Séville de 1982 France – Rfa, encore dans toutes les têtes, la proposition est plus que séduisante, et permettrait de graver dans le marbre l’amitié et la coopération franco-allemande par le sport.

Unir les Européens par le sport

L’année 2024 devrait être décrétée « Année européenne du sport » avec la tenue des Jeux de Paris et de l’Euro de football en Allemagne. A nous de nous mobiliser.

La « journée de l’Europe » du 9 mai, qui est l’anniversaire de la « déclaration Schuman » de 1950 doit être déclarée « jour férié » et ce jour-là, pourront être organisées des rencontres non sportives et sportives entre Européens, et pourquoi pas, des finales de Coupes d’Europe.  Un poste de Commissaire européen aux sports à part entière doit être créé au sein de la Commission européenne, même si certains objecteront que le poste de Ministère des sports n’existe pas dans tous les pays européens. 

Plus d’Europe par le sport

Des propositions sont contenues dans  divers textes communautaires, rapports de député, d’institutions communautaires, communications, résolutions…concernant le sport (communication de la Commission du 18 janvier 2011 intitulée « Développer la dimension européenne du sport », Livre Blanc sur le sport de la Commission, résolution du Parlement européen sur la dimension européenne du sport du 12 juin 2012…). Amplifions – les. 

Jean Monnet avait raison

N’oublions pas les migrations des joueurs dans les clubs de l’Union européenne. Celles-ci participent à la construction de l’Europe avec des joueurs et nous avons eu l’honneur d’y prendre part, avec l’arrêt Malaja dont nous sommes à l’origine et qui a été qualifié d’arrêt Bosman à la puissance 10 par le Président de la Fédération internationale de football.

Les arrêts Bosman, Malaja et autres ont tant apporté à l’Europe. Jean Monnet avait raison en déclarant : “avec l’Europe, nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes”.

Vers une équipe sportive européenne ?

La célèbre compétition de golf de Ryder Cup est bien connue pour voir l’affrontement d’une équipe américaine contre une équipe européenne. Le succès est bien là. Et pourquoi pas dupliquer dans d’autres disciplines comme le football, le rugby, le volley-ball, le basket-ball, le handball ou dans d’autres disciplines. Tout peut s’envisager.

Pourquoi donc ne pas organiser un match entre une équipe européenne et une équipe du reste du monde après la finale d’une coupe ou d’un championnat du monde ? Rappelons que l’idée d’équipe sportive européenne n’est pas du tout farfelue, ayant été lancée dans les conclusions du Conseil européen de Fontainebleau en juin 1984, lequel évoquait également la frappe d’une monnaie européenne. Force est de constater que l’équipe sportive européenne a pris du retard sur la monnaie européenne, c’est certain… La preuve que le sport est sur le banc de touche de l’Europe.

*Maître Michel Pautot, avocat au barreau de Marseille, rédacteur en chef de LEGISPORT et auteur de l’ouvrage « Le sport et l’Europe – les règles du jeu » (Territorial Editions)

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