Champion du monde en 1998 et champion d’Europe en 2000, l’ancien latéral commentera l’Euro pour TF1. L’occasion pour lui de nous livrer ses pronostics.
Quelles sont vos impressions avant cet Euro ?
Les impressions que tu peux avoir à ce stade de la saison (amicaux) et ce que tu vas voir en tournoi, ça n’a rien à voir. Sinon je serais inquiet pour l’équipe de France (sic). Un tournoi, c’est une préparation spécifique. Il y a la capacité de l’entraîneur à se mettre en conditions et mettre son groupe en conditions de tournoi, là où Didier Deschamps est très bon. Il y a aussi l’état physique des joueurs. Avant, je parlais de préparation physique, il n’y en a plus, il n’y a plus de stages. Il y a donc l’état physique des joueurs, les blessures qui vont avoir un impact. Tu peux perdre des joueurs majeurs et ça change considérablement la force d’une équipe.
La France est-elle favorite ?
La France fait partie des grands favoris, l’Angleterre également ainsi que le Portugal et l’Allemagne qui a montré qu’elle était peut-être en train de revenir au plus haut niveau. Ce qui est important pour nous, c’est qu’on a une équipe qui a assez de talent pour aller jusqu’à la victoire finale. Le renouvellement s’est bien fait : les joueurs importants qui sont partis ont été remplacés, la transition s’est bien faite avec Maignan dans les buts, Konaté-Upamecano qui sera vraisemblablement la charnière malgré les nombreux tests de charnières, mais il y aura un choix de fait. On a des jeunes joueurs très talentueux et je pense qu’on peut encore faire mal.
« La France fait partie des grands favoris, l’Angleterre également ainsi que le Portugal et l’Allemagne »
Concernant les phases de poules, les Bleus peuvent-ils rencontrer des difficultés ?
C’est toujours compliqué ces phases de groupes parce que tu n’es jamais à l’abri d’une mésaventure sur un match, et du coup ça te met la pression ensuite. Je l’ai vécu, je sais ce qu’il en est. Mais, jusqu’à présent, Didier Deschamps a montré un savoir-faire sur les phases de groupes systématiquement, ce qui est déjà exceptionnel sur le plan de la régularité. L’Autriche est une équipe qui peut surprendre, la Pologne il y a quelques très bons joueurs, les Pays-Bas ça peut être compliqué, c’est un groupe qui est quand même assez solide.
Pensez-vous que les récentes désillusions peuvent jouer sur cette équipe de France ?
Il y a des échecs qui servent à construire des victoires, je l’ai vécu quand on ne s’est pas qualifié à la Coupe du monde aux Etats-Unis (1994). Cela a été un déclic dans le football français, qui a permis de faire venir de nouveaux joueurs et de vivre 98. J’aurais tendance à dire que la désillusion de la défaite en finale de l’Euro 2016 a permis peut-être de gagner en 2018 parce que dans ce genre de situation, tu as toujours envie d’une revanche. Une défaite, ça nourrit une revanche et ça engrange une motivation supplémentaire, et ça te permet de te transcender quand tu arrives une nouvelle fois en finale.
Qui est le plus indispensable entre Griezmann et Mbappé ?
Griezmann fluidifie le jeu, il fait le lien entre le milieu et l’attaque. C’est pour moi le seul qui a cette capacité de jouer entre les lignes, cette capacité de faire la dernière passe, cette capacité aussi d’être devant le but et de marquer. Les autres milieux de terrain sont un peu plus à vocation défensive et physique. On n’a pas d’autres joueurs comme ça, et tactiquement il contribue à cet équilibre. Mbappé, il peut marquer à tout moment. Il peut être en difficulté, l’équipe fait un mauvais match, et quand même sortir quelque chose. Ce qu’il a fait en finale de Coupe du monde, c’est hallucinant. Il est capable de se sublimer dans les grands matches et les moments importants et ce qui est étonnant avec lui, c’est que le fait qu’il soit décisif n’est pas forcément lié à sa performance globale. C’est un joueur qui peut te faire gagner un match à lui seul et ça, c’est très rare. Donc les deux parce que ce n’est pas comparable.
Propos recueillis par Oscar Lachaize