mercredi 24 avril 2024

Boycott de la Coupe du Monde : quand le sport et la politique s’emmêlent…

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Pourquoi faudrait-il davantage boycotter la Coupe du Monde au Qatar que celle qui s’est tenue en Russie il y a 4 ans et demie ? Il y avait pourtant autant, si ce n’est plus, de raisons de boycotter la Russie en 2018 ou les Jeux en Chine en 2008 et 2022. Et ne parlons pas de la Coupe du Monde 1978 en Argentine, en pleine dictature militaire…

C’est sur fond de polémiques que va s’ouvrir, dimanche, la 22ème Coupe du Monde, au Qatar. Aberration écologique, droits de l’homme bafoués, pays sans culture football… Les arguments sont nombreux pour justifier les critiques envers le lieu choisi pour cet événement planétaire, qui va être suivi par la moitié de la planète, du 20 novembre (match d’ouverture) au 18 décembre (finale).

Un boycott opportuniste ?

Alors que de nombreuses personnalités appellent au Boycott, que les banderoles « boycott Qatar » ont fleuri ces dernières semaines dans les tribunes des stades, de nombreuses villes ont décidé de renoncer à diffuser les matchs sur écran géant et organiser des fanzones.

Face à cette situation, les défenseurs de la Coupe du Monde pointent du doigt  « l’opportunisme » des élus (à cette époque de l’année, les fanzones auraient eu peu de succès) et  dénoncent les dérives du sport de haut niveau en général : empreinte carbone des Grand Prix de F1, pelouses chauffées en hiver, matches organisés en nocturne, pistes de ski sous cloche…

Les stades de la honte

On rappellera aussi que les chantiers des stades de la honte, avec des milliers de travailleurs traités comme des esclaves (dont environ 7 000 ont perdu la vie) étaient menés par des sociétés européennes, et essentiellement françaises. Une perquisition a d’ailleurs eu lieu au siège de Vinci…

Pour Noël Le Graët,  « sur les 211 pays affiliés à la FIFA, il y en a de très nombreux où la notion du droit est très éloignée de la nôtre ou de celle en vigueur en Europe ».

Si nous ne validons pas forcément ce raisonnement, on peut toutefois se poser la question : pourquoi manifester contre le Qatar aujourd’hui et ne pas l’avoir fait il y a 4 ans pour dénoncer la Russie ? Pourquoi avoir organisé des Jeux Olympiques (hiver comme été) en Chine ? Sans aller jusqu’aux Jeux de Berlin, en 1936, on rappellera notamment que la Coupe du Monde 1978 s’est jouée en Argentine, sous la dictature de la Junte militaire.

2018 : la Coupe du Monde en Russie, plus scandaleuse encore

Au moment de l’attribution de la Coupe du Monde à la Russie (début 2010), de nombreuses personnalités de pays occidentaux, notamment issues du monde politique, demandent à la FIFA de changer de pays hôte. Mais l’organisme international refuse toutes les demandes et maintient le choix de la Russie. A l’époque, Boris Johnson va jusqu’à comparer le mondial 2018 aux Jeux Olympiques de 1936. Selon le député, qui deviendra en 2019 le Premier ministre du Royaume Uni, «  Poutine s’apprête à utiliser la Coupe du monde comme Hitler a utilisé les Jeux Olympiques de 1936 ».

Avant et pendant le mondial, les atteintes aux Droits de l’homme (en référence aux nombreux prisonniers politiques) et aux Droits de la presse, sont dénoncés par plusieurs organismes. Des appels au boycott de la Coupe du Monde ont lieu, pour contester contre le soutien de la Russie au régime de Bachar el-Assad (Syrie), mais aussi pour son soutien aux rebelles du Donbass et l’annexion de la Crimée.

Des contestations qui n’auront finalement que très peu de répercutions en France et sont même déjà oubliées par les anti Coupe du Monde au Qatar.  Quatre ans plus tard, Vladimir Poutine décidait pourtant d’attaquer l’Ukraine.

2022 : les Jeux Olympiques d’hiver de Pékin avaient tout pour déplaire

14 ans après avoir accueilli les Jeux Olympiques d’été, la ville de Pékin accueille les Jeux Olympiques d’hiver. En plus de la politique, décriée, de la République Populaire de Chine,  les conditions climatiques ne sont pas adaptées. Mais le manque de neige naturelle sur la majorité des sites n’a pas interpellé lors de la désignation de la ville hôte.

En revanche, les appels au boycott se multiplient en occident, notamment pour dénoncer la façon dont sont traités les Ouïghours à Xinjiang, territoire autonome du nord-ouest du pays. En juillet 2021, un vote du Parlement Européen (578 votes pour, 29 contre) demande même aux personnalités politique européennes de ne pas se rendre en Chine. En cause : les manquements aux Droits de l’homme, à Hong-Kong, au Tibet et à Xinjiang !

14 ans plus tôt, le même contexte avait entouré les Jeu Olympiques d’été. Mais l’un comme l’autre (hivers comme été) auront lieu.

Les problématiques des Jeux d’hiver se rapprochent toutefois davantage de la Coupe du Monde au Qatar, avec, en plus du climat politique, un bouleversement de l’équilibre écologique. Avec notamment la construction d’un site sur une réserve naturelle et l’alimentation en eau (10 000 mètres cube par hectare) dans une région aride.

1978 : Argentine, une Coupe du Monde en pleine dictature !

Organisée du 1er au 25 juin 1978, la Coupe du Monde 1978 se déroule sous la dictature de la Junte militaire, après le coup d’état du 24 mars 1976. Ce sera d’ailleurs le général Videla, chef de la junte militaire, qui remetra la coupe au capitaine argentin, Daniel Passarella, après la finale gagnée contre les Pays-Bas. On rappellera que, durant l’épreuve, le match de l’Argentine contre le Pérou (dernier match de la deuxième phase de poules) a été décalé pour connaître le résultat du Brésil (qui affrontait la Pologne) et mieux appréhender le match qualificatif pour la finale (à l’époque, les vainqueurs des deux groupes de la deuxième phase disputaient la finale).

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