Deux mois après avoir quitté l’OL, Bruno Guimaraes avait déjà mis les Magpies dans sa poche. Son but Zlatanesque pour sa première titularisation lui ouvrait les portes d’une Premier League impatiente de découvrir son talent, mais où il a encore tout à prouver.
Englué dans les profondeurs du classement, Newcastle en avait bien besoin. Bons derniers de Premier League au moment de passer sous pavillon saoudien en cours de saison, avec un prince héritier, Mohammed ben Salmane, comme nouveau richissime propriétaire, les Magpies attendaient le Mercato d’hiver pour se mettre dans une configuration plus conforme à leur nouveau statut.
Parmi les recrues offertes à Eddie Howes, aux côtés de Tripier (Atletico Madrid), Targett (Aston Villa), Burn (Brighton) et Woods (Burnley), Bruno Guimaraes a fait l’objet du plus gros transfert (50 M€).
Egalement pisté par Arsenal, il a préféré s’inscrire dans la durée (un contrat de quatre ans et demi) avec un club qui débute un nouveau cycle. C’est donc peu de dire que les supporteurs de Saint James’ Park, qui ne le connaissaient pas forcément, l’attendaient au coin du bois.
A 24 ans, les échos de ses deux saisons en Ligue 1 n’ayant pas traversé la Manche, malgré une demi-finale de Ligue des Champions où il tira son épingle du jeu, notamment face à la Juventus en quarts de finale, il avait tout à prouver pour légitimer le premier gros investissement du prince héritier !
Un salaire multiplié par 4
Après des débuts normalement timides, dans une équipe en reconstruction, avec un nouveau coach et un effectif renforcé, on peut considérer que son premier but à Southampton, pour sa première titularisation, d’une aile de pigeon tentée et réussie de près à la réception d’un corner, a de quoi le mettre dans les meilleures dispositions d’esprit en même temps qu’elle rassure les supporteurs.
Car, depuis que le Brésilien est dans le groupe, Newcastle a spectaculairement redressé la barre, avec le deuxième meilleur bilan des huit premiers matches en février et mars (6 victoires et 2 nuls), seul Liverpool faisant mieux.
S’il n’a pas vocation à marquer à chaque rencontre, Guimaraes a été recruté pour sa maîtrise technique, son sens du jeu et sa capacité à faire jouer les autres. Milieu relayeur capable de se projeter vers l’avant, mais aussi de défendre et de récupérer, son profil complet doit permettre aux Magpies de gagner en stabilité, quand leur gros point faible était de perdre trop vite les ballons chèrement gagnés.
Devenu incontournable à Lyon, il a le profil pour l’être aussi rapidement à Newcastle où il a, au passage, multiplié son salaire par quatre pour gagner 800 000 euros par mois.
Premier effet de la nouvelle politique saoudite d’un club dont l’ambition, après avoir assuré son maintien, est de jouer le titre à court terme, Guimaraes va devoir monter en régime pour espérer avoir la même influence qu’à l’OL où, après deux ans, il était devenu le patron de l’équipe.
Bruno Guimaraes a profité de ses deux saisons lyonnaises
Grand fan d’Iniesta, de Xavi, de Toni Kroos et surtout de Gündogan, il est un bon compromis entre les qualités techniques du premier, le sens du jeu du second, l’activité débordante du troisième (en L1, il parcourait en moyenne 13 km par match) et le mental du dernier.
L’ancien joueur de l’Athletico Paranaense (club brésilien qui va récupérer 20% de son transfert), ovationné lors de sa première à Saint James Park, en entrant en jeu à la 90ème minute d’une victoire sur Everton qui permettait de sortir de la zone rouge pour la première fois de la saison, semble arriver en terrain presque conquis, tellement l’attente est grande autour de son profil d’international brésilien.
Médaillé d’or aux JO de Tokyo en 2021, Bruno a fait ses débuts avec la Seleçao en novembre 2020 avant d’être laissé à la disposition d’une équipe Olympique dont il était le capitaine. Désormais membre à part entière de la Seleçao, il peut se projeter vers la Coupe du monde, une échéance naturelle pour celui que son compatriote Juninho avait su attirer à l’OL alors que son choix premier était l’Atletico Madrid.
Pour ça, le directeur sportif lyonnais lui avait dit : “Je vais faire de toi le meilleur milieu de terrain du monde !” Cette ambition, c’est forcément avec le Brésil, plus qu’avec Newcastle, qu’il peut essayer de l’assouvir.
Et d’abord de s’y faire une place au soleil alors qu’une seule de ses quatre premières sélections lui a permis de débuter un match dans la peau d’un titulaire (au Chili), sans aller jusqu’à son terme. La concurrence est rude et Tite lui préfère encore Douglas Luiz, Casemiro, Allan, Arthur ou Everton. Le chemin est encore long, au moins aussi long que celui de Newcastle vers les sommets de la Premier League.
Tom Boissy