jeudi 25 avril 2024

Bryan Coquard (Cofidis) : « Je savais que je n’avais pas perdu mon niveau »

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Arnaud Bertrande
Arnaud Bertrande
Rédacteur en chef — Pole Sport Lafont presse

A l’entame de sa deuxième saison chez Cofidis, le sprinteur de 30 ans était revanchard après avoir manqué le Tour en 2022 à cause du Covid. Lucide sur des qualités de sprinteur qui le placent juste en-dessous des meilleurs mondiaux, il compte sur 2023 pour faire exploser son plafond de verre. C’est bien parti avec une victoire lors de la 4ème étape du Santos Tour Down Under, la première de sa carrière en World Tour ! Entretien pour Cyclisme magazine et Le Quotidien Du Sport.

Parce que vous avez dû déclarer forfait au dernier moment en 2022, êtes-vous revanchard pour aborder le Tour 2023 ?

Ce n’était pas mon premier Tour, ni mon dernier, ce n’est pas dramatique. Comme un bon coup du sort, ce forfait m’a permis d’assister à la naissance de mon deuxième enfant. Il m’a permis de participer à ma première Vuelta, une première expérience hors Tour de France que j’ai vraiment aimée et qui m’a donné envie d’y retourner un jour.

Dès 2023 ?

Pour les grands Tours, le programme de la fin de saison n’a pas encore été déterminé, mais deux choses sont certaines : je ne serai pas sur le Giro cette année, je serai sur le Tour de France. On verra en fonction de la fatigue pour la suite de la saison.

Que pensez-vous du profil de ce Tour 2023 ?

C’est un Tour très montagneux, mais avec pas mal d’étapes casse-pattes qui pourraient me correspondre. Je peux y avoir mon mot à dire.

Espérez-vous avoir un train à votre service alors que Guillaume Martin jouera le général ?

Après 2020 et 2021, qui ne furent pas de grandes saisons pour moi, je suis arrivé sur la pointe des pieds dans ma nouvelle équipe. Il a fallu que je prenne mes marques, que je fasse mes preuves. Avec une course aux points qui nous a obligés d’être présents sur tous les fronts, il était difficile d’élaborer un train et une équipe autour de moi. Je me suis pas mal débrouillé tout seul en 2022. On va essayer d’y remédier pour mettre plus de coureurs, peut-être pas toujours les mêmes, mais normalement ce devrait être plus structuré.

Le Tour de France 2023 est très montagneux

Comment avez-vous vécu vos trois victoires de 2022 (sur l’Etoile de Bessèges, le Tour de Provence et le Tour de Vendée) ?

Après une année de disette, elles ont fait du bien surtout que la première est arrivée tôt dans la saison à Bessèges. Je savais que je n’avais pas perdu mon niveau. A côté de ça, j’ai aussi eu quelques déceptions en étant 2ème sur Paris-Nice, sur la Vuelta, sur le Tour de Suisse. J’aimerais convertir ces 2èmes places en victoires en 2023.

C’est bien parti avec votre première victoire en World Tour lors de la 4ème étape du Santos Tour Down Under !

Je suis super content parce que c’est ma 1ère victoire en World Tour. Il s’agit de ma 11ème saison chez les professionnels, j’ai eu la chance de beaucoup gagner (48 avant le début de saison, Ndlr), mais jamais en World Tour. Et ce compteur-là, on avait à cœur de le débloquer avec l’équipe. Ce n’est pas un soulagement parce que l’émotion est identique à l’arrivée, mais il y a un petit plus !

Où pensez-vous vous situer dans la hiérarchie du sprint mondial ?

Il faut être honnête avec soi-même. Je pense être un peu en-dessous, pas aussi rapide que Jakobsen, Ewan ou Démare, même si on a pu voir que je peux avoir l’avantage sur certains sprints. Sur un sprint lancé tout plat à vive allure, avec mes 60 kilos, c’est plus compliqué pour moi car je n’ai pas beaucoup d’inertie. Cela ne m’a pas empêché de finir 2ème sur Paris-Nice juste derrière Pedersen. J’espère que notre nouvelle machine aérodynamique va m’aider davantage. Mais avec l’âge et l’expérience, mon crédo aujourd’hui se situe plutôt sur les étapes plus difficiles avec des arrivées en faux plat montant, comme à Bessèges ou dans le Tour de Provence. Sur ce genre de final, je pense être parmi les meilleurs au monde.

« Sur les arrivées en faux-plat, je pense être parmi les meilleurs au monde »

Quel est le meilleur sprinteur au monde selon vous ?

Si Philipsen est le plus complet, sur le plat, Jakobsen est le plus rapide. Caleb Ewan est aussi capable de sortir des sprints incroyables.

Vous êtes pro depuis 2013, comment jugez-vous l’évolution du cyclisme ?

Le cyclisme se mondialise, progresse, le niveau est de plus en plus élevé et resserré. Je suis certain d’être plus fort que quand j’ai débuté, mais si ça ne se concrétise pas au niveau des résultats c’est que le niveau augmente beaucoup. Il est de plus en plus dur de gagner, de performer.

Faire partie d’un effectif World Tour, ça change quoi ?

Parce que l’effectif est plus fourni et resserré vers le haut, l’émulation est plus grande. Le défi n’est pas de gagner sa place tous les weekends, mais quand on a un minimum d’orgueil, l’envie d’avoir une équipe qui travaille pour soi, il faut assumer et gagner des courses. Je suis pour la première fois dans une équipe où dix coureurs ont gagné au moins une course dans la saison. Cela ne m’était jamais arrivé, forcément ça vous pousse à en faire toujours plus.

« Milan-San Remo m’a toujours fait rêver »

Si vous aviez à choisir une course à gagner en 2023, quelle serait-elle ?

Milan-San Remo m’a toujours fait rêver. J’y ai participé pour la première fois en 2022, j’ai appris. Cette année, je me réjouis de découvrir de nouveaux horizons, en Australie d’abord (Tour Down Under) puis sur Tour de Catalogne dans la foulée de Paris-Nice, pour un programme exclusivement World Tour car je me rends compte que c’est ce qui me fait du bien.

B&B Hotels, votre ancienne équipe, a disparu, qu’est-ce que ça vous fait ?

Ça me touche, bien sûr. Parce que je me souviens comment cette aventure a débuté. Nous étions trois autour d’une table avec Patrice Etienne, Jérôme Pineau et moi. Sans un seul des trois, il n’y aurait pas eu d’équipe. Je sais aussi comment ça s’est terminé car j’y avais beaucoup d’amis dans le staff et parmi les coureurs. Se retrouver sans équipe en décembre, ça fait mal au coeur. Des équipes en fin de partenariat avec leurs sponsors, ça arrive et ça arrivera encore, c’est la réalité de l’économie du vélo.

C’est la manière qui est plus dérangeante. Mes relations avec Jérôme (Pineau) étaient un peu dégradées, parce que des choses n’ont pas été honorées après mon départ et qu’une semaine après il a été à l’origine d’un article assez salé sur moi, mais ça me fait aussi mal au coeur pour lui. Parce que, clairement, il porte le chapeau, mais il n’était pas le seul à gérer et à avoir fait de mauvais choix.

L’actualité, c’est aussi, malheureusement, un nombre croissant d’accidents qui concernent les cyclistes à l’entraînement sur des routes dangereuses, comment le gérez-vous ?

La route se partage, c’est le père Voeckler qui le dit bien ! Le vélo n’est que le reflet d’une société où il y a de plus en plus d’incivilités. J’essaie de rouler sur de petites routes le plus souvent possible, j’ai la chance d’habiter en campagne, ça facilite les choses. En ville, c’est plus compliqué. Il faut rester attentif. J’espère qu’on ne sera pas obligé un jour de s’entraîner sur un anneau de vélodrome pour rester en sécurité.

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