A 36 ans, Mark Cavendish est revenu plus conquérant que jamais sur le Tour de France où il a remporté le prestigieux maillot vert, son deuxième après celui obtenu en 2011. Fort de ses quatre étapes gagnées cette année, le sprinteur britannique a même égalé le record du nombre de victoires sur la Grande Boucle, d’un certain Eddy Merckx…
Plus de trois ans sans grands tours (son dernier était le Tour 2018) et deux saisons sans victoire (son dernier succès datait du 8 février 2018 ; 3ème étape du Tour de Dubai), Mark Cavendish is back pour son 13ème Tour de France.
Cavendish et la Deceuninck Quick-Step mariage parfait
Depuis son retour dans l’équipe Deceuninck-Quick Step, après une saison plus que compliquée chez Bahrain Merida, The Man of Man a retrouvé le chemin de la victoire (le 12 avril lors de la 2ème étape du Tour de Turquie) grâce à son abnégation comme l’explique Jean-Patrick Nazon, ancien sprinteur de l’équipe AG2R La Mondiale et porteur du maillot jaune en 2003 :
« Moi je n’aurais pas parié sur un tel retour, il le doit à lui-même. C’est surtout son abnégation, avec l’âge qu’il a, c’est qu’il y a une envie énorme. Il vient presque en autonomie (sic). Comme l’a précisé Lefévère, hormis le coup d’entretien, le ravitaillement, le déplacement et l’alimentation, il ne lui coûte rien à priori.
Donc il y a bien une envie énorme et je trouve que c’est une belle leçon de donner une deuxième chance à un coureur, c’est important quand un coureur a vraiment envie il peut passer outre son absence pendant plusieurs années et se refaire à un moment ou à un autre et ça quel que soit l’âge.
Après, c’est sûr que les équipes ne peuvent pas attribuer des postes sur un coup de poker comme celui là. Ça reste Cavendish, on se souvient de la domination sur le sprint il y a 10 ans, il n’avait pas de rivaux. »
Cavendish, la renaissance inédite sur le Tour de France
Le maillot vert sur les épaules, voici comment il s’est présenté le dimanche 18 juillet lors du dernier podium de cette 108ème édition du Tour de France qui pourrait être sa dernière Grande Boucle. Pour le plus grand plaisir de son coéquipier Florian Sénéchal qui préparait lui la Vuelta.
« Je pense que dans sa tête il y pensait, le faire c’est impressionnant. Surtout que l’année dernière il était à moitié dépressif et sans contrat. L’équipe lui a donné une chance et il a su la saisir. Ce qu’il a fait sur le Tour, c’est impressionnant, je savais qu’il allait gagner, mais pas qu’il allait enchaîner les victoires comme ça. »
Ce maillot vert, il le doit en partie à son équipe et à ce train infernal qui a roulé sur le reste des sprinteurs du peloton.
« Les équipes, ça aide énormément, c’est presque la moitié du travail. Ça reste hyper important. Avoir un train qui s’articule autour de vous et qu’on vous donne 3, 4, 5, 6 équipiers sur 8 c’est de la confiance en plus donc forcément pour l’estime de soi et la confiance en soi c’est énorme.
Pour un sprinteur, on connaît l’importance de cette contrainte dans le sprint, c’est un avantage pour lui. Mais ça ne fait pas tout, ça reste aussi physiologique, au lieu de remonter quinze fois et d’être physiquement entamé quand arrive le sprint avec le meilleur train, vous pouvez vous permettre de partir de plus près et physiologiquement vous êtes moins fatigué » détaille Jean-Patrick Nazon.
Trois ans sans victoires
Bernard Thévenet vainqueur du Tour en 1975 et 1977 salue le come-back du natif de l’Ile de Man tout en replaçant les choses dans leur contexte :
« J’admire Cavendish, mais je pense qu’il peut réussir à battre le record grâce au fait que Caleb Ewan ait abandonné, sur les arrivées vraiment plates, Ewan est au moins aussi bon que Cavendish » avant de rajouter :
« Pour les sprinteurs à l’époque ils avaient un poisson pilote point. Ils n’avaient pas ce train de 5 ou 6 coureurs. Ce qui fait qu’avant pour le meilleur des sprinteurs c’était plus difficile de gagner des étapes à la suite comme maintenant. A l’inverse pour les autres ils avaient quand même une chance un jour ou l’autre de pouvoir l’emporter. Pour Cavendish, c’est plus facile alors que pour Bouhanni par exemple c’est plus compliqué. »
Cavendish rejoint Merckx dans la légende de la Grande boucle
Mark Cavendish a tout de même réussi l’exploit d’égaler le record d’Eddy Merckx sur le nombre de victoires sur le Tour de France (34), même s’il avoue n’avoir jamais pensé battre le record ni de venir cette année sur la Grande Boucle pour battre ce record. De son côté, Eddy Merckx, qui était invité sur la RTBF est fier du « Cav » :
« On ne peut pas comparer. J’ai fait 2800 kilomètres en tête, Cavendish en a fait 6, mais c’est un garçon vraiment très gentil. Il est vraiment épatant. Je ne m’attendais pas à le revoir à pareille fête. Personne ne s’attendait à ce qu’il retrouve ses jambes de 20 ans. Je suis très fier et content pour lui. »
La Deceuninck peut se frotter les mains d’avoir tenté le pari Cavendish. Un pari plus que gagnant ! L’intéressé, lui, ne cachait pas sa joie sur les Champs-Elysées.
« Après 10 ans, remporter à nouveau le maillot vert, c’est génial. J’ai l’impression de rajeunir. Je suis de retour et c’est un rêve. L’accueil du public a été incroyable sur tout ce Tour de France, et revenir ici à Paris sur cette avenue, c’est un honneur. Ces trois semaines resteront gravées dans ma mémoire.
Je n’avais pas imaginé encore pouvoir porter le maillot vert sur les Champs-Elysées. Mais j’y suis parvenu grâce au travail incroyable de mon équipe et de mes coéquipiers. Ils ont une part prépondérante de mes succès. Nous avons partagé tant d’émotions. » Géant ce géant Vert !
Nathan Rayaume