Plus que sa victoire dans la 20ème étape de la Vuelta, c’est la manière avec laquelle Champoussin est allé la chercher, à peine un an après avoir signé son premier contrat pro, qui fait du grimpeur d’AG2R un des principaux espoirs du cyclisme français. Un vrai talent né en 2021 et forcément attendu en 2022.
Clément Champoussin est-il le futur du cyclisme français, celui que tout le monde attend pour relayer les espoirs souvent déçus d’une possibilité de succéder enfin à Hinault ou Fignon au palmarès d’un grand Tour ?
« Je le connaissais assez peu avant cette saison, avoue Romain Bardet qui l’a vraiment découvert, comme beaucoup, lors de la dernière Vuelta. Il se présente comme le futur grand talent français. Pour le moment, il a déjà gagné avec beaucoup de classe une étape dans la Vuelta au sommet de Castro de Herville.
Il a les moyens physiques de réaliser de grandes choses. Dans un cyclisme où les jeunes réussissent de plus en plus tôt à avoir des résultats, les prochaines années seront importantes pour lui. Il a les cartes en main pour être le futur grand grimpeur que la France attend. » Dans un cyclisme où il n’est plus forcément nécessaire d’attendre sagement son tour que les plus expérimentés laissent la place, son profil le positionne déjà comme un acteur essentiel du futur… et du présent.
Champoussin a la fougue de la jeunesse
A l’instar de Pogacar ou de Bernal, ses 23 ans ne sont surtout pas un handicap pour avoir de l’ambition.
Egalement proche de Van der Poel ou Van Aert, avec qui il partage la même formation de vététiste, son profil est bien dans l’air du temps, celui d’un coureur complet, puissant et agile, capable de faire de grosses différences et de prendre l’initiative sans complexes, en montagne évidemment son terrain favori et naturel, mais aussi en puncheur comme il l’a démontré à plusieurs reprises, et lors des chronos où sa marge de progression parait immense au regard de son premier contre-la montre de haut niveau terminé dans le Top 20 sur la Vuelta cette année.
Lancé dans le grand bain par Vincent Lavenu dans la Vuelta 2020, sa 31ème place au général (8ème du classement des jeunes), était forcément prometteuse.
Son abandon dans le Giro (après la 9ème étape en raison de soucis de santé) ne remettait pas en cause sa progression, ni sa capacité à sortir du lot même face aux meilleurs. Témoin de son ascension glorieuse vers Castro de Herville, au nez et à la barbe de Roglic, Yates ou Mas, son expérimenté coéquipier Lilian Calmejane était aussi sous le charme d’un « gamin très attachant, très discret et très intelligent, qui a de la malice et d’excellentes jambes ! »
« Il a les cartes en main ! » (Bardet)
Sa 16ème place dans sa deuxième Vuelta, son troisième grand Tour, l’a placé sur orbite d’un potentiel top 10 à aller chercher en 2022, peut-être sur le Tour au sein d’une équipe AG2R Citroën très compacte autour de ses (jeunes) leaders potentiels, Cosnefroy, Paret-Peintre, Jungels, Peters, Godon ou Van Avermaet, où le départ de Gallopin lui laisse un espace d’expression supplémentaire.
Après avoir découvert les Classiques (Flèche wallonne, Liège-Bastogne-Liège et Tour de Lombardie en 2020), distingué à la Vuelta en 2021, être passé tout proche d’une première victoire à la Classic de l’Ardèche (2ème derrière Gaudu), avoir surtout démontré qu’il a la caisse pour assumer les longues courses à étapes, le Niçois, pur produit d’AG2R, sera particulièrement observé en 2022.
« Il fait partie des jeunes qui montent et qui ont un vrai talent, se félicite Bernard Hinault. Mais lui comme les autres, nombreux dans le peloton, va devoir confirmer. Et c’est ce qui est toujours le plus difficile surtout quand on attend beaucoup comme c’est son cas en France. »
Originaire de PACA, comme un certain Richard Virenque, Clément Champoussin s’inscrit dans la lignée de l’ancien septuple meilleur grimpeur du Tour qui avait 25 ans lorsqu’il a revêtu le maillot à pois pour la première fois en 1994. Clément n’était pas encore né (1998)…
Désormais mis en lumière par autant de promesses, la suite de sa carrière va dépendre de sa capacité à gérer ce nouveau statut, également du management d’une équipe qui va devoir intégrer sa pépite sans lui mettre trop de pression, sans lui enlever cette forme de naïveté rafraichissante qui lui a permis de faire une entrée remarquée parmi les grands.
Tom Boissy
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