vendredi 24 janvier 2025

Christophe Laporte (Jumbo-Visma) : « Dans une équipe qui gagne, on progresse »

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Frédéric Denat
Frédéric Denat
Journaliste

Huit ans chez Cofidis lui ont offert un ticket pour Jumbo-Visma, une des formations les plus puissantes du peloton qui devrait permettre au Varois Christophe Laporte de franchir le palier qu’il lui manque pour aller chercher une grande victoire. A 29 ans, il nous explique pourquoi c’était le bon moment de quitter la France.

Vous vous inscrivez dans une tendance qui pousse de plus en plus de coureurs français à partir à l’étranger. Comment analysez-vous ce phénomène ?

Je ne suis pas le seul à vouloir changer et découvrir de nouvelles méthodes d’entraînement, de nouveaux schémas de courses peut-être. Même si j’aurais pu choisir une équipe française, ma priorité était quand même de partir à l’étranger pour vivre ma passion d’une manière différente, j’espère enrichissante.

En France, c’est vrai, nous avons beaucoup d’équipes et moins la nécessité d’aller voir ailleurs. Donc petit à petit, nous avons pris nos habitudes dans un environnement qui nous convient, un pays qui nous offre la possibilité de nous entraîner toute l’année. Mais il faut aussi parfois se remettre en cause, sortir de sa zone de confort si on veut progresser.

Christophe Laporte pense à sa fin de carrière

Pourquoi maintenant ?

Parce que je voulais attendre d’avoir assez de maturité pour avoir les armes suffisantes. A 29 ans, après huit années chez Cofidis, c’est le bon moment.

N’est-ce pas aussi le fait du regard, en pleine évolution, que portent les directeurs sportifs étrangers sur les coureurs français ?

Nous avons longtemps eu la réputation de rester entre nous, de ne pas sortir de notre bulle, ou de le faire moins naturellement que les autres, sans cette culture du stage qui caractérise la plupart des équipes étrangères.

Nous sommes un grand pays, avec une grosse tradition vélo, beaucoup de courses prestigieuses et les plus grandes au niveau amateurs. Tout est à portée de mains… mais c’est en train de changer. Entre ceux qui n’ont connu que l’étranger, comme Alaphilippe et Cavagna, et ceux qui y vont comme Bardet ou Gallopin, et qui y réussissent, les mentalités changent et ça fait moins peur de partir.

Jumbo-Visma, une nouvelle étape pour Laporte

Qu’attendez-vous de votre expérience chez Jumbo-Visma ?

Une nouvelle approche de l’entraînement et de la compétition pour optimiser mon potentiel à travers une multitude de petits détails qui peuvent faire la différence. La performance, ça englobe le matériel, la nutrition, la recherche, l’entraînement, etc.

Des choses que vous n’aviez pas chez Cofidis ?

J’ai grandi chez Cofidis, j’ai été pro grâce à eux. Huit ans, c’est beaucoup dans une carrière et même dans une vie au point de considérer que c’était ma deuxième famille.

Je n’en retire vraiment que du positif à travers le bon relationnel que j’avais avec tout le monde, encadrement et coureurs. Mais je pense que je n’y ai pas maximalisé mon potentiel, sinon j’y serais resté. J’ai été très proche de gagner de belles courses et c’est bien pour passer ce dernier palier là que j’ai effectué ce choix. Je ne veux pas avoir de regrets une fois la carrière terminée.

Pensez-vous avoir encore une grosse marge de progression ?

Etre dans une équipe qui gagne, qui se présente au départ de toutes les courses pour gagner, qui excelle dans tous les domaines de la performance, ça ne peut que me faire progresser. Jusqu’à présent, j’étais loin de tout faire à 100%, notamment dans la préparation, l’alimentation… Dans tout ce qui est recherche et matériel, Jumbo-Visma est vraiment un cran au-dessus.

Pour vous permettre d’être plus performant dans quel secteur ?

Lorsque vous vous entraînez mieux, vous devenez plus performant sur tous les terrains. Mais, c’est vrai, avec leurs vélos chronos, j’ai envie de voir jusqu’où je peux aller sur les contre-la-montre.

« Je n’ai pas maximalisé mon potentiel chez Cofidis, sinon j’y serais resté »

Le fait d’arriver dans une équipe truffée de stars, après avoir porté Cofidis sur vos épaules avec Guillaume Martin pendant longtemps, ne va-t-il pas vous enlever de la pression ?

La pression, je l’avais effectivement chez Cofidis, mais parce que j’ai un caractère à me la mettre tout seul. Avec des leaders tels que Roglic ou Van Aert je m’attends quand même à être moins exposé dans les grandes classiques, forcément. J’espère que ce sera libérateur et que ça me permettra de m’exprimer davantage.

A l’inverse, pourquoi pensez-vous que Jumbo-Visma a misé sur vous ?
Pour se renforcer, notamment dans les grandes Classiques. Je sais que je vais beaucoup courir avec Van Aert dans les Flandriennes et autres, le but sera de ne pas le laisser seul, l’accompagner le plus longtemps possible. Les Deceuninck n’ont pas qu’un leader capable de gagner ce genre de courses, capable de suivre tous les mouvements.

Sur des épreuves aussi ouvertes où il y a beaucoup de coureurs capables de gagner, Jumbo-Visma a aussi voulu offrir d’autres armes à Van Aert. Je sais que je vais beaucoup courir pour l’équipe, mais ça ne me gène pas, d’abord parce que je rêve d’être dans une équipe qui gagne un Tour des Flandres, un Paris-Roubaix ou un grand Tour, mais aussi parce que je sais que si je suis performant j’aurai des opportunités de me montrer.

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