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Comment Ben O’Connor (Decathlon AG2R La Mondiale) a pris une autre dimension

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Ses 2èmes places aux Mondiaux et sur la Vuelta, autant que son titre mondial en relais mixte avec son pays, ou l’impact de la docu-série « Tour de France : au cœur du peloton » sur Netflix ont propulsé en 2024 l’Australien, Ben O’Connor de Decathlon AG2R La Mondiale dans une autre dimension. 

« Cher Ben, au-delà des résultats sportifs exceptionnels que nous avons vécus ensemble, tu auras marqué chaque membre de l’équipe, pendant ces quatre années, par ta personnalité. Nous t’avons tous vu évoluer pas à pas pour devenir, aujourd’hui, l’un des 5 meilleurs coureurs du peloton. Sache que nous sommes fiers de ça ! »

Accompagné d’un petit film de deux minutes, sur X, l’hommage de la formation Decathlon AG2R La Mondiale, où O’Connor est passé pro en 2017 et qu’il s’apprêtait à quitter pour rejoindre Jayco AlUla la saison prochaine, témoigne des liens forts qu’a su créer l’Australien au sein de la formation française, bien au-delà de performances sportives en nette hausse en 2024.

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Au creux de la vague en 2022 et 2023, après une 4ème place sur le Tour 2021 qui avait fait naître de légitimes ambitions, Ben a marqué la saison qui s’achève en finissant au pied du podium sur le Giro (4ème), sur les talons de Roglic sur la Vuelta (2ème), sur ceux de Pogacar lors des championnats du monde (2ème), 5ème de Tirreno-Adriatico, n’échouant que pour quelques secondes dans la conquête du Tour des Alpes, et d’un UAE Tour dont il remporta une étape, le premier de ses trois bouquets de l’année avec le Tour de Murcie et la 6ème étape de la Vuelta.

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De quoi lui offrir la 4ème place du classement UCI derrière Pogacar, Evenepoel et Philipsen pour un premier top 5 en carrière et un statut de star du peloton qu’il doit aussi beaucoup au docu-série Netflix, “Tour de France ; au cœur du peloton, où sa sincérité aux moments les plus difficiles de la saison passée ont touché les nombreux téléspectateurs au moins autant que ses exploits dans les Pyrénées espagnoles qui lui valurent de porter le maillot rouge de leader pendant treize jours.

Dans un milieu très conservateur où les coureurs manient la langue de bois comme personne, sur le dernier Giro, sa franchise à reconnaitre ses erreurs (“J’ai été le gars le plus stupide de la course”), à assumer ses valeurs (“On est en 2024 et on a encore des dinosaures qui ne sont pas capables de voir l’aspect humain des choses”), à revendiquer ses ambitions, et sa sensibilité à fleur de peau (“Il faut que je travaille sur mon impulsivité”) l’ont rendu sympathique et terriblement humain.

O’Connor, aussi sec que peu diplomate

Même lorsqu’il remballe son ancien coéquipier, Lilian Calmejane, “coupable” de confondre varicelle et psoriasis au moment de le féliciter pour sa Vuelta, il n’hésite pas à se dévoiler comme personne :

C’est ce qu’on appelle le psoriasis, une maladie génétique de la peau qui touche de nombreuses personnes dans le monde. Penses-tu que je le porte avec une haute estime de moi ou une grande confiance en moi ? Si tu as d’autres jugements sur des choses qui t’échappent totalement, la prochaine fois, tu peux le garder pour toi. »

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Tel est le longiligne kangourou d’un mètre quatre-vingt-huit, pas très diplomate, aussi incisif dans la vie que sur un vélo, prêt à sauter sur la moindre opportunité, au risque parfois de le regretter. Bien qu’impulsif, intraitable, il ne manque pas de cette lucidité qui lui avait fait toucher le fond en 2023, la même lui permet d’apprécier aujourd’hui à sa juste valeur la belle vague sur laquelle il a terminé l’année. 

Vice-champion du monde, six ans après Bardet

Après les Mondiaux de Zurich, où il avait aussi décroché l’or en relais mixte avec l’Australie, il se disait “être un homme très heureux, finir à la 2ème place est vraiment une sensation incroyable. Je suis vraiment fier car je ne m’y attendais pas. J’ai juste eu un très bon timing dans le final” et beaucoup de talent pour devancer Evenepeol et Van der Poel, excusez du peu !

« Ce n’est pas tous les jours que ça arrive, mais parfois, tout fonctionne : tu es à la fois chanceux et intelligent dans ta façon de courir. » En succédant à un autre coureur de la formation française, Romain Bardet, lui aussi vice-champion du monde en 2018 à Innsbruck, Ben O’Connor a en quelque sorte bouclé la boucle et prouvé que malgré les difficultés et les doutes qui l’entouraient, qui le rongeaient, il avait réussi à dompter ses démons pour entrer dans la cour des grands.

Et d’en prendre vraiment conscience une fois sur le podium protocolaire aux côtés de « Pogacar et Van Der Poel qui ont déjà fait énormément de choses dans le cyclisme et en feront encore beaucoup. C’est un honneur d’être entouré de deux coureurs de ce calibre. Je ne pouvais pas en demander beaucoup plus »…

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Avant de rentrer au pays neuf ans après l’avoir quitté, pour s’engager dans la formation sud-africaine disparue depuis, NTT Pro Cycling (devenu Qhubeka). C’est un homme heureux qui a appris à maîtriser ses émotions sans les refouler qui attaquera sa neuvième saison professionnelle sous les couleurs de Jayco AlUla où il s’est engagé jusqu’en 2026, refusant les avances de plusieurs équipes de World Tour et une prolongation chez Decathlon AG2R La Mondiale où son départ sera difficile à combler.

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