jeudi 7 novembre 2024

Cyclisme : ces grands grimpeurs qui ont marqué leur époque

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Jean-Marc Azzola
Jean-Marc Azzola
Journaliste

Beaucoup de grimpeurs ont marqué l’histoire. A leur époque, avec leur style respectif et bien souvent sur fond de rivalité.

Nous ne pouvons les citer tous, mais certains grimpeurs ont marqué l’histoire de manière éternelle. Comme Vicente Trueba. Si ce nom ne vous dit pas grand-chose, cet Espagnol, surnommé la « puce de Torrelavega », demeure le premier vainqueur du Grand Prix de la montagne du Tour de France en 1933. René Vietto lui a succédé un an plus tard.

Le « roi René », comme on l’appelait, était un grimpeur d’exception. Vainqueur de Paris-Nice en 1935, de huit étapes sur le Tour et de deux autres sur la Vuelta, cet ancien groom issu d’un milieu très modeste a joui d’une immense popularité au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Le natif du Cannet était un styliste magnifique.

Dans les années 50/60, la France a pu continuer à s’émerveiller devant des grimpeurs d’exception et de classe mondiale. Louison Bobet rentre dans cette catégorie. Professionnel de 1947 à 1961, le natif d’Ille-et-Vilaine possède un des palmarès les plus riches. Il a été en particulier le premier à remporter trois fois de rang le Tour de France (entre 1953 et 1955).

Meilleur grimpeur du Tour de France en 1950 et du Tour d’Italie en 1951, il se distinguait par son intelligence de course, son côté consciencieux et son panache notamment en montagne. Premier coureur de l’histoire à remporter cinq fois le Tour (1957, 1961, 1962, 1963 et 1964 et 16 étapes), Jacques Anquetil était un perfectionniste à outrance. « Maître Jacques » était doté de qualités de rouleur exceptionnelles.

Poulidor, Coppi, Bartali, les italiens dans le cœur des Tifosi

Mais c’est aussi en montagne qu’il excellait. Ces aptitudes lui ont permis d’enlever aussi deux Giro en 1960 et 1964 (et 6 étapes) et un Tour d’Espagne en 1963 (1 étape). Sa rivalité avec un autre monument du cyclisme français, Raymond Poulidor (« l’éternel second », mais vainqueur du Tour d’Espagne en 1964, et de sept étapes sur le Tour et quatre autres sur la Vuelta), a divisé les Français. Raphaël Géminiani était également un merveilleux compétiteur, très solide en montagne.

Il a été porteur du maillot jaune pendant quatre jours sur le Tour 1958 qu’il aurait pu gagner (il finira 3ème). Il a accompagné magnifiquement Jacques Anquetil dans trois de ses cinq victoires. De l’autre côté des Alpes, une autre rivalité féroce a divisé l’Italie entre Fausto Coppi et Gino Bartali.

« Il Vecchio » Gino Bartali face à « il Airone » Coppi. Cela n’est jamais arrivé dans l’histoire que deux coureurs transalpins partagent autant le cœur des tifosi. Bartali et Coppi, c’étaient deux visions de l’Italie. Le Toscan (Bartali) contre le Piémontais (Coppi). Mais, avant tout, ils étaient deux grimpeurs hors-pair.

Gimondi, le grand coureur Italien des années 60

Dans les années 60 jusqu’à la fin des années 70, l’Italie se passionnera pour un autre grand champion ; Felice Gimondi. Coureur complet, son palmarès sera riche et varié avec d’immenses aptitudes en montagne. Le Bergamasque remportera les trois grands tours avec de nombreuses étapes sur chacun d’eux.

Un peu plus en arrière, dans les années 50, le cyclisme helvète aura également son âge d’or avec l’opposition entre Kübler et Koblet. Là encore, deux visions du cyclisme, à l’image de leur façon d’être. Mais aussi de sacrés clients en montagne avec un coup de pédale dévastateur.

En Espagne, à une dizaine d’années d’écart, Luis Ocana et Federico Bahamontes se sont suivis. Si le premier était aussi à l’aise en contre-la-montre qu’en montagne, le second reste considéré comme l’un des plus grands grimpeurs de l’histoire. Aérien, le vainqueur du Tour 1959 a également multiplié les victoires au classement de la montagne sur les trois grands tours. Il n’a pas volé son surnom « d’Aigle de Tolède ».

Charly Gaul, le grimpeur chouchou du Grand Duché

Véritable icône du Grand-Duché du Luxembourg, Charly Gaul reste une figure incontournable. Ses capacités de grimpeur naturelles lui ont valu le surnom de « Grimpeur ailé ou ange de la montagne ».

Il a été désigné pour avoir été un des plus grands grimpeurs du siècle dernier. En France, si personne n’a remporté autant de maillots à pois sur le Tour que Richard Virenque (sept ainsi que sept étapes), d’autres noms ont également marqué la mémoire collective.

Bernard Thévenet, Bernard Hinault et Laurent Fignon notamment. « Nanard », excellent grimpeur, reste le « tombeur » de Merckx dans l’étape de PraLoup dans le Tour 1975. Hinault et Fignon se sont aussi distingués par leur force de caractère et leur franc-parler. S’ils ont été au sommet pendant de nombreuses années sur beaucoup de terrains, c’est en montagne que leurs rivaux ont le plus souffert.

Personne n’a autant gagné que Eddy Merckx (525 victoires entre 1965 et 1978). Le « Cannibale » était LE coureur complet par excellence. Vainqueur de cinq Tours de France (1969, 1970, 1971, 1972, 1974), de cinq Tours d’Italie (1968, 1970, 1972, 1973, 1974) et d’une Vuelta (1973), « l’Athlète belge du XXème siècle » a été le seul à remporter le maillot jaune, le maillot vert et le classement de la montagne en 1969. Il inspirera beaucoup Lucien Van Impe, professionnel jusqu’à 41 ans, et dernier vainqueur belge sur la Grande Boucle (en 1976), et six fois vainqueur du maillot à pois sur l’épreuve !

Herrera, Bernal, Martin, dans la grande ombre de Merckx

Si Merckx n’a pas d’égal en termes de palmarès, chaque grimpeur a son style. Il y a les grimpeurs « purs », taillés pour la montagne et aptes à l’affronter. On pense en particulier à Luis Herrera.

Pionnier du cyclisme colombien en Europe, le vainqueur du Tour d’Espagne 1987 a étoffé son palmarès en accumulant les titres au classement de la montagne. Sur le Tour de France (en 1985 et 1987), sur le Tour d’Espagne (1987 et 1991) et sur le Tour d’Italie en 1989, personne n’a pu résister en montagne à l’homme venu des hauts plateaux.

Egan Bernal marche désormais sur ses traces. Le coureur d’INEOS a remporté le Tour de France en 2019 par le biais de changements de rythme en montagne dévastateurs associés à une grande résistance. Si Guillaume Martin a déjà démontré de belles dispositions en montagne en remportant ce classement sur le dernier Tour d’Espagne, on peut sans hésiter classer Thibaut Pinot parmi les grimpeurs naturels.

Anquetil/ Poulidor, Coppi/Bartali, Kübler/Koblet, Hinault/Fignon, des duels de légende

Très vite, le 3ème du Tour de France 2014 se révèle dès que la pente s’élève. Souvent décrié et jugé comme un coureur à la santé fragile sur les courses de trois semaines, son style de grimpeur racé porté vers l’attaque ne se discute pas.

Autre aspect qui résonne comme une évidence, il ne faut pas être un poids lourd pour exceller dans les cols. Parmi ceux qui ont marqué l’histoire ou continuent de la marquer citons Marco Pantani (57 kg), José Rujano (48 kg), Leonardo Piepoli (52 kg), Roberto Heras (60 kg), Alberto Contador (61 kg), Nairo Quintana (58 kg), Jean Robic (60 kg).

Mais d’autres se sont distingués ou se distinguent encore en montagne en demeurant des rouleurs très rapides. Certains ont même remporté quatre Tours de France (2013, 2015, 2016, 2017), deux Tours d’Espagne (2011, 2017) et un Tour d’Italie (2018) comme Chris Froome. Miguel Indurain, Cadel Evans, Denis Menchov, Bradley Wiggins, Geraint Thomas, Tom Dumoulin et Tadej Pogacar vainqueur du dernier Tour de France, ont toujours su rouler à la fois vite tout en tenant très bien la cadence dès que les cols s’élevaient.

Alaphilippe, Valverde, Mollema, les grimpeurs modernes

Puis il y a ceux qui sont bons en montagne en mettant le coup de punch quand il faut et où il faut. Bienvenue dans la sphère des grimpeurs-puncheurs.

Julian Alaphilippe a fait d’énormes progrès en montagne même s’il peut lui arriver encore de coincer en très haute montagne. Joaquim Rodriguez, Alejandro Valverde, Bauke Mollema et avant eux Laurent Jalabert rentrent dans cette caste. Enfin savoir très bien grimper un col n’est pas incompatible avec le fait de savoir en descendre un autre à la perfection.

Bienvenue cette fois dans la sphère des grands grimpeurs-descendeurs. Pendant longtemps, Vincenzo Nibali a été LA référence. Mais un Samuel Sanchez ou un Romain Bardet ont été reconnus pour très bien négocier ces reliefs élevés. Hisse et haut !

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